Il ya deux ans, je vends avec regret mon premier amour équin pour me trouver un cheval qui m'emmènerait en CSO amateur. 4 mois et quelque essais infructueux plus tard, je rencontre ce petit cheval bai. Il est plus que classique, aucune tache blanche, toise 1m60 ce qui est parfait pour moi qui ne suis guère plus grande, et me regarde avec des yeux malicieux et sa bouille de poney.
Je le regarde évoluer sous la selle de la personne qui me le présente, son pas est aérien, il jette les antérieurs à chaque foulée, son trot tonique, les postérieurs viennent chercher loin sous la masse, il a une grande qualité de galop. Il a l'air gentil. L'essai est concluant. Pour m'impressionner le mec monte les barres jusqu'à 1m40. Jamais sauté ça de ma vie. Je prend le galop avant la ligne entrée au trot, met le cheval dans le pied, il saute quand même, emmenant la barre avec lui. Je hurle, accrochée à la crinière. Je reviens, il saute sans se poser de question. Il est vraiment gentil. Et vaut le double de mon budget.
Je reviendrai 3fois l'essayer, et finis par repartir avec. Depuis août 2010 je suis propriétaire de Rouge du Meslier, SF par Vert et Rouge, 5ans.
Sauf que ce n'étais pas ce que je voulais à la base. Pour démarrer les amateus, il me fallait un maitre d'école, un cheval d'expérience Mais à qualité égale on est encore plus hors budget. Et puis je suis tellement bien sur celui-là! Il a le gabarit parfait pour moi, je me sens en confiance. Il est franc.
Par contre il est totalement irrespectueux en main, et en selle je met un tour de carrière entier à passer du trot au pas. Les concours ce ne sera pas pour tout de suite.
Je décroche le BPJEPS, et mon premier poste. Je fais quelque séances avec Rouge et un de mes patrons, E. E réussit la prouesse de nous planter tous les deux sur 50cm. Il me dit de désapprendre tout ce qu'on m'a appris, mais ne me donne pas les clefs pour aboutir à sa façon de faire. Je suis perdue et le cheval aussi. Il se met à s'arrêter, moi à perdre totalement confiance en moi. Le fait d'être maintenant du côté des pros ne m'aide pas, je me dis que je n'ai pas le droit à l'erreur, ça me tétanise.
J'ai des sueurs froides dés que je regarde un croisillon...
Tout cela a été très vite. Sur le plat, j'ai un souci capital, celui de l'impulsion. Rouge se traine, cheval monovitesse, et semble complètement blasé par ce que je lui demande.
Sauf certains jours où il a le feu aux fesses. Je dois l'arrêter rênes-longues pour qu'il redescende en pression, sinon c'est debout, sauts de moutons, galop pleine balle ou je dois foncer dans le talus pour l'arrêter. Et malgré ses 1m60, monsieur est bien trapu et costaud, au jeu de la force je pars perdante.
En extérieur idem, certains jours je peux emmener les enfants en toute sécurité sans toucher à mes rênes, d'autres je dois foncer dans un arbre pour ne pas me faire trainer sur une route ou dans une grande descente.
Bon gré mal gré nous essayons d'avancer, beaucoup de travail à pied, beaucoup de travail sur le plat. L'associé de mon patron est parti entre temps mais je ne veut plus sauter. Je me trouve nulle, remet tout en question, en permanence, et Rouge le sent. Pour un pas en avant on en fait trois en arrière.
1an et demi passe. je quitte mon emploi, déprimée par l'ambiance. Je trouve pour Rouge une pension idyllique. Du box de 3m2 sur copeaux il passe à un grand pré avec de l'herbe, du foin à volonté et 3 super copains.
Moi plus détendue, plus apaisée, reprend le goût de juste passer du temps ensemble, passer des heures au pansage, faire des balades en main, le regarder brouter.
En quelque semaines Rouge est métamorphosé: il est super tonique au travail, chauffe même parfois. Nous reprenons des cours avec un enseignant indépendant, qui nous redonne le gôut des barres. Rouge adore, et moi j'y reprends goût. Je me régale à chaque séance: enfin on peut commencer à bosser!
3 fois par semaines, nous alternons donc (en plus des longs pansages et des séances câlins) travail monté sur le plat en carrière, travail de mise en avant dans un pré avec dénivelé, longues rênes, travail monté à l'obstacle, balade, longe...
J'effleure l'idée de retourner sur les terrains de concours, de vaincre ma peur du regard des autres née depuis l'obtention de mon diplôme.
Rouge semble bien mieux dans sa tête, même si désociabilisé depuis petit il ne sait pas toujours parler cheval avec ses congénères. Il est toujours content de voir arriver la voiture. Il a 7ans dans un mois, et moi qui croyais qu'on y arriverait pas commence à changer d'avis. En espérant que la suite me conforte dans cette voie...
Et une vidéo de la fin de séance d'aujourd'hui, quart d'heure neuneu à cause du vent! (objectif de l'exercice de la vidéo: incurver au pas sur le cercle

). Je précise qu'après la vidéo j'ai mis pied à terre 10min et quand je suis remonté on a pu finir la séance dans le calme sur une note positive.
http://youtu.be/mrEZgcPcH4E
Si quelqu'un sait au passage comme afficher directement la vidéo