Quand votre 1er amour équin est en vente...

Bon ben voilà, gros sur la patate depuis hier soir...

Je suis pourtant une propriétaire comblée avec Valefore qui illumine ma vie tous les jours et qui est ma plus grande fierté...

Mais hier, en me connectant sur FB après quelques jours d'absence... j'ai appris par une amie (présente ici d'ailleurs) que Fiji de Kermouraud, mon amour, ma ponette de coeur... est mise en vente.




Les photos accompagnant l'annonce :
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19 ans, victime d'un coup de sang l'année dernière à cause d'une monitrice incompétente (une de plus), récidive possible vu son âge, ponette qui a tourné en club presque toute sa vie...

900€. Ahurissant...


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Notre histoire était vraiment quelque chose de fort... ceux qui la connaissent pourront en témoigner...

C'est en septembre 2005 que j'ai commencé l'équitation, à 21 ans. Née dans une famille aux revenus relativement modestes, j'ai attendu ma parfaite autonomie financière pour commencer l'équitation afin que cette passion ne coûte pas un centime à mes parents ; licence FFE, cotisation club, carte 10 leçons et matériel de base (équipement du cavalier et boite de pansage). Tant d'éléments qui font que l'équitation reste un sport assez coûteux.

J'ai donc atterri dans un petit club à l'ambiance familiale et dont la monitrice était une femme douce, aux cheveux gris et aux yeux d'un bleu polaire, dotée d'une incroyable finesse avec les chevaux ; Joëlle. Dès le premier cours, alors que je montais un gentil hongre connemara, elle m'a dit que je la surprenais de savoir faire du trot enlevé sur le bon diagonal et de demander le départ au galop avec la jambe extérieure isolée et la jambe intérieure agissant près de la sangle.

Je lui ai expliqué que pendant des années, j'avais visionné des cassettes vidéo sur l'hippologie, l'anatomie du cheval, son comportement, et surtout l'art équestre. J'avais aussi passé énormément de temps dans les clubs hippiques pour observer les cours de tous niveaux et apprendre des erreurs des autres en écoutant les conseils des moniteurs.

Et c'est ainsi qu'à mon deuxième cours, elle m'a donné Fiji en monture. D'emblée, j'ai eu un coup de foudre pour cette petite ponette pie noire d'1m38 au garrot. Mais cet amour n'était pas réciproque : Fiji était à l'époque réputée pour son caractère de grincheuse acariâtre. Et dès le pansage, elle m'a fait comprendre pourquoi on la surnommait "La Baronne".

Oreilles en arrière, mâchoires crispées et entrouvertes pour mordre... Mais je ne me suis pas laissée impressionner et j'ai passé pas loin de 35 minutes à la panser délicatement, en agissant toujours avec des gestes lents et en parlant avec une voix basse. J'ai glissé le tapis sur dos, posé la selle dans la plus grande douceur et j'ai sanglé large au début pour ne pas la brusquer. J'ai procédé avec tout autant de précaution pour le filet, prenant garde à ne pas cogner le mors contre ses dents.

Puis on est descendu vers la carrière, et à l'instant où on a commencé à travailler la séance, Joëlle a vu un changement chez Fiji. Oreilles pointées, volontaire, pas de queue qui fouaille... Et à la fin de la séance, cette monitrice a dit au gérant du club : "Il s'est passé quelque chose entre elles."

J'avais 21 ans, donc pas un âge où on vous raconte des histoires pour vous faire plaisir ou pour vous faire miroiter des fantaisies. J'ai donc continué à la monter, et au fur et à mesure, à force de prendre du temps en dehors des cours pour lui offrir un pansage complet, une pause à brouter l'herbe, elle s'est ouverte à moi.

Et cette ponette, je l'ai montée pendant 1 an et demi.

Notre monitrice était partie depuis 1 an, mais je continuais de monter Fiji. Je la connaissais parfaitement. Même si on lui prêtait toujours cette réputation difficile, elle n'en demeurait pas moins ma ponette préférée et une véritable histoire de confiance s'est tissée entre nous.

Quand j'allais la chercher au pré, elle dressait les oreilles vers moi au lieu de fuir comme elle le faisait pour les autres. Si je l'appelais au loin, elle reconnaissait ma voix et me regardait.

À l'attache ou en liberté, je lui grattais le poitrail et l'encolure, elle se dandinait de plaisir puisque c'était son point faible... Quand je lui présentais le mors à 10 centimètres de son nez, elle ouvrait la bouche et attendait que je le lui mette. Sous la selle, c'est presque de la télépathie... Si je pensais à l'arrêt, elle s'arrêtait et restait immobile. Si je décidais de repartir au pas, elle prenait le pas. Si je décidais de repartir plutôt du galop, alors elle partait au galop.

Le pansage était toujours fait à la va-vite par ses autres cavalières. Donc certaines zones n'étaient jamais brossées ni nettoyées (zone anus/vulve, creux entre les mamelles, les plis de peau à la pointe du coude, les yeux, les naseaux, etc...). Et lorsque je me suis occupée de ces zones pour la première fois, elle n'était pas désensibilisée et faisait sa mauvaise tête. Mais j'ai réussi à lui rendre ce moment agréable...

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On se connaissait par coeur. elle me donnait les sabots sans que j'ai à lui toucher les membres, et après notre cours (le dernier de la journée), quand on restait sous les arbres après un bon pansage, je me mettais face à elle, je lui massais la bouche (tension du mors, car même si je faisais tout pour avoir une main douce, on n'est pas toujours maître de soi), je lui grattais les joues... Et elle posait son menton sur mon sternum en fermant les yeux :)

Un jour, alors qu'elle somnolait, couchée sur le flanc, je me suis approchée et elle m'a laissée me coucher contre son ventre... Si ÇA, ce n'était pas de la confiance, je me demande bien ce que ça pouvait être.

Bref, une ponette fantastique, que j'aimais et qui me le rendait bien... À tel point que lorsque je m'accoudais à la barrière d'un terrain de concours pour la voir évoluer avec d'autres jeunes cavalières, Fiji se déportait des obstacles pour revenir vers moi.


Aujourd'hui, elle est à vendre sur Leboncoin...

Je suis vraiment abattue et démoralisée.