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Livre/romans sur les chevaux
Posté le 09/07/2012 à 10h51
"autobiographie d'un cheval"
par john hawkes
Roman plutôt "adulte". Ci-dessous, une critique littéraire (faite dans l'Express):
Fatigué mais bavard, Guilledou, le héros de John Hawkes, raconte, à la première personne, son existence révoltée. D'avoir vu sa mère agoniser dans un pré, puis sortir de la terre vaseuse sous laquelle on l'avait enterrée parce que le vétérinaire avait mal dosé la drogue mortelle, enfin s'écrouler pour de bon sous ses yeux, et d'être ignoré par son polygame de père, don Juan des écuries, tombeur de juments, a fait de Guilledou un pur-sang récalcitrant. Très tôt, il se méfie des humains et méprise les chevaux obéissants. Son débourrage prend l'allure d'un calvaire, sa castration tourne au martyre. L'étalon aime dominer et se distinguer, le hongre devient imprévisible et violent. Il n'a pas son pareil pour briser une mâchoire ennemie d'un coup de sabot, saccager une stalle, ridiculiser un maître d'équitation prétentieux, menaçer un équarrisseur ou fuguer au triple galop. On suit notre animal, ainsi que dans un roman picaresque, de ranchs en champs de course et de clubs hippiques en fermes. Où qu'il passe, Guilledou fascine par sa puissance et sa beauté, mais il inquiète par son comportement. A la fin de sa vie, édenté, amaigri et sceptique, il est appelé Pétrarque par un Irlandais romantique, qui ne s'y connaît pas en équitation mais pour qui "monter à cheval n'est rien de plus ni de moins qu'écrire de la poésie".
Formidable exercice de style, cette confession équine, grâce à laquelle John Hawkes règle ses comptes avec une humanité couarde, vantarde et bestiale, offre une image très juste, parfois bouleversante, de ce que peut éprouver un cheval dressé. Le pire: le poids d'une selle jetée sur le dos, les coups de poing et de cravache, la saleté. Le meilleur: la chaleur de la paille, un parfum de cuir, de bois, d'huile et de foin mêlés, la légèreté d'une jeune cavalière dont "le corps m'appartenait de la ceinture aux pieds".