INTRODUCTION
La fourbure est une inflammation aseptique aiguë (c’est à dire n’étant pas due à un micro organisme) de la membrane kératogène dans la partie antérieure et latérale de la paroi, ainsi que de la sole. Touchant la plus part du temps les membres antérieurs du cheval, mais pouvant atteindre les quatre lors de cas extrêmes. Lors de cette pododermite se produit un effondrement, ou bascule de la phalange distale (3ème). Ces actions aggravés ont pour conséquences, une déformation de la boite corné et de la sole, empêchant l’animal de déplacer. L’évolution des symptômes peut entraîner la mort.
SYMPTOMES
Cette pododermite aseptique diffuse aiguë à pour symptôme extérieur, dans les cas les plus graves pour l’équin:
* Fièvre
* Disparition de l’appétit
* constipation
* Boiterie d’appuie
- Lors de déplacement (certes réduit) la pince du pied n’est pas à l’appuie. Seuls les talons ont un contact avec le sol.
· L’animal se tient en position antalgique, de manière à se soulager. Le cheval est dans l’ensemble «campé », c’est à dire que les antérieurs sont le plus avancé possible, les postérieurs, quant à eux, sont situés sous le corps de l’animal, cherchant ainsi à s’appuyer plus souvent possible sur les abreuvoirs ou les murs.
· L’animal est couché, dans les cas les plus grave.
Animal couché, les quatre membres sont atteints de fourbure
* Pouls digité accentué
* Grande sensibilité aux pressions et chocs
* Sole du pied bombé
* Déformation de la boite corné, voire déchaussement du sabot
Sabot déchaussé au 2/3
Tous ces symptômes extérieurs sont flagrants d’une fourbure à un stade plus ou moins avancé
CAUSES
Les causes de la pododermite aseptique diffuse aiguë, peuvent être diverses. Toutes ne sont pas totalement éclaircies. En tous cas, la cause première est avant tout d’ordre alimentaire, soit par consommation excessive de grains divers comme le blé, le maïs, l’orge, l’avoine qu’il aurait malencontreusement découvert en abondance, ou encore une pâture trop riche et trop spacieuse couvrant largement leurs besoins vitaux.
L’endométrie peut elle aussi provoquer une fourbure. En effet, la rétention de placenta à la suite d’une mise bas, ou une infection utérine, sont déclencheurs de pododermite aseptique diffuse aiguë.
D’autres causes se sont révélées être déclencheur de fourbure tel que :
- Le dopage au stéroïde
- La fourbure d’appuie (due à un travail accentué sur sole dure)
- L’absorption d’eau froide après l’effort
- La colique
- Les lésions au niveau du sabot, altérant la membrane kératogène
- La compensation, en déchargent tout le poids du corps sur un membre
- Désordre endocrinien : ex syndrome de cushing
Dans tous ces cas, nous pouvons constater une inflammation de la membrane kératogène provoquant la séparation entre le podophylle (lamelles se rattachant à la paroi du sabot) et kératophylle (lamelle se rattachant aux tissus mou de la troisième phalange).
Cette séparation entraîne une nécrose de la membrane de base lamellaire épidermique, la phalange n’étant plus rattachée à la boite corné s’effondre ou bascule.
* QUELS PHENOMENES PROVOQUENT CETTE NECROSE ?
Les phénomènes provoquant cette nécrose sont très difficiles à établir et à expliquer, peut sont connus, mais en ce qui concerne la fourbure alimentaire plusieurs théories ont été avancées.
La première en vigueur aujourd’hui, le syndrome de compartiment, qui empêcherait le flux sanguin d’irriguer la micro-circulation lamellaire, formant une nécrose ischémique des lamelles épidermique.
La deuxième disant que cette séparation lamellaire serait due à la métalloprotéine 2 et 9 (MMP 2/9). L’activateur possible de cette enzyme est le streptocoque bovis présent lors de l’ingestion excessive de grain, qui sont dégradés en glucides dans l’estomac, puis transformés à leur tour dans l’intestin en acide lactique à l’aide du micro organisme « streptocoque bovis ». Il n’est toujours pas démontré que le stéptocoque bovis arriverait à passer les barrières de la muqueuse de l’intestin postérieur.
En tous cas, il est claire que c’est l’enzyme métalloprotéine activé en grande dose qui détruit la membrane de base lamellaire épidermique. Membrane permettant la jonction entre l’épiderme du sabot (podophylle) et le tissus connectif de la phalange distale(kératophylle). Cette séparation entraîne la dégradation de la membrane kératogène et du coût la disparition des capillaires, augmentant la résistance au flux sanguin de 3.5 fois qu’à là normal. Le sang dévié va directement dans les anastomoses artéroveineuse dilatis (liaison entre deux artères ou veines). L’assèchement de cette membrane va former une masse indépendante laissant place peut à peut à une nécrose.
Cet espace se remplira ensuite avec un exsudat hémorragique mélangé au sang des vaisseaux éclatés.
Si cette thèse s’avère exacte, un agent chimique est capable d’inhiber la métalloprotéine, le Batimastat NN-94 British Biotoch Oxford. Cet agent est déjà utilisé chez l’homme, car la métalloprotéine est étroitement liée à l’apparition de tumeurs humaines létales comme le mélanome malin, le cancer du sein, et celui du colon.
Quoi qu’il en soit, nous sommes en présence d’une nécrose par compression. Il en résulte une suppression de production de corne amincissante, la sole qui se bombe en avant de l’extrémité de la fourchette, et en moins de trois jours nous pouvons avoir une bascule de la 3ème phalange et en plus ou moins dix jours la pointe de cette phalange peut percer la sole, par laquelle s’écoule un liquide gris brun sale. La pododermite jusque là aseptique, se trouve compliqué par la pénétration de germes microbiens anaérobies. La pododèrmite suppurée se retrouve gangreneuse, atteignant fréquemment la 3ème phalange et provoque une ostéite nécrosante infecté à issue fatale dans les cas extrêmes.
Dans le cas où il n’y à pas de perforation de la sole et d’infections, nous pouvons constater radographiquement que lors de la bascule ou de l’affaissement, la paroi n’est plus parallèle à la face antérieure de la phalange distale, entraînant l’affaissement de la couronne. La nouvelle pousse, ce fait de manière irrégulière. Une masse arrondie se forme avec la corne cicatricielle ainsi qu’un élargissement de la ligne blanche.
TRAITEMENTS
A partir du moment ou une fourbure est diagnostiquée, par le vétérinaire ou le maréchal ferrant, il important de supprimer la cause.
En cas de fourbure d’origine alimentaire, il faut immédiatement modifier l’alimentation voire la supprimer pendant quelques jours. Ne donner que des fourrages grossiers, placer l’animal dans un box où la litière est molle et composée de sciure, sable fin, tourbe. De même qu’il faut soigner les infections pour les causes dues à des maladies (infection utérine, pneumonie, infection générale). Ces exigences sont difficiles à réaliser lors de fourbure d’origine mécanique et traumatique,( fourbure d’appuie ).
*Marche à suivre une fois que la cause est supprimée
Une fois la cause supprimée, dans l’instant les fers ne sont enlevés que s’ils sont trop étroits ou trop cours. Les clous de pince peuvent être enlevés et les pinçons situés en partie antérieure peuvent être coupés afin de supprimer toute compression. Le sabot doit être refroidit par des douches, des pansements humides ou en plaçant l’animal dans un pédiluve. Le fait de refroidir le pied va permettre de maintenir la vasoconstriction, c’est à dire de diminuer le calibre des vaisseaux sanguin par contraction musculaire, limitant ainsi le flux sanguin.
Le traitement médical est à base de :
- d’anti-histaminique
- corticoïde
- antibiotique
- hépatoprotecteur
- neuroplégique
- duirétique
- ect…
Les clichés radiographique du pied en incidence latérale sont les bien venue afin de contrôler le degré de fourbure. Une fois les clichés en main le maréchal ferrant peut commencer à œuvrer. Il est important d’essayer d’empêcher la bascule de la troisième phalange avant la phase aiguë de la fourbure. Pour se faire :
- Râper le pied afin qu’il retrouve un rapport proportionnel entre la pince et le reste du sabot (si besoin est)
- Effectuer à l’aide de la râpe, rénette, râpe électrique, une fenêtre ou une avulsion en pince commençant à deux doigts de la couronne. Cette action à pour but de décomprimer la troisième phalange.
Avulsion en pince
- Parer le pied (si possible) de façon que la face distale de la phalange soit quasiment parallèle avec le sol (les talons peuvent être réduits raisonnablement, car tout parage abusif entraînera la tension du fléchisseur profond du doigt )
- Appliquer pour le mieux, soit un fer en cœur, ou un fer en M, afin d’obtenir un appuie fur cal lorsque le pied est au posé. Le cœur du fer ne doit pas dépasser les deux tiers de la fourchette soit environ entre 6 et 8 cm selon les pointures (pied de taille 1= 6.5cm pour le cœur)
Fer en M
Si le fer est cloué essayer d’appliquer les clous les plus minces possibles et le plus en arrière du pied avec le plus petit nombre possible (4,5,6) suffisent, moins il y aura de chocs mieux l’animal réagira. L’on peut aussi utiliser des fers plastique coller.
Si malgré la réduction des talons, le cœur n’est pas à l’appuie, nous pouvons utiliser des cales ou appliquer une plaque au tiers postérieur du pied en bouchant les lacunes médiales avec un silicone relativement rigide (MV2). S’il y a perforation de la sole, bien drainer et nettoyer avec des agents antiseptiques, un pansement peut être appliqué en plus du fer. Il sera changé régulièrement.
Les animaux qui ont été soigné pour la pododermite aseptique diffuse aiguë, ne sont pas pour autant quitte. Car la fourbure peut être chronique, c’est à dire qu’elle peut affecter les membres périodiquement, suivant l’alimentation ou l’effort (au printemps à chaque nouvelle pousse d’herbe )
CONCLUSION
Aussi intéressante soit-elle, cette pathologie est grave. Car en effet, si elle n’est pas détectée dans les trois jours, son traitement peut être délicat. Mais malgré tout, même si certaines causes ne sont élucidées, nous en connaissons assez pour réussir à rétablir les animaux atteints par la pododermite aseptique diffuse aiguë. Mais ils ne sont pas pour autant à l’abrie d’une récidive, car la fourbure peut être chronique. Le propriétaire est entièrement responsable d’une rechute, la surveillance alimentaire de leur cheval fera désormais partie leurs obligations envers l’animal.