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Pieds nus et autres
Posté le 21/07/2018 à 12h37
Je parle très rarement de mes enfants , mon conjoint ou ma famille sur ce post.
c'était une bout en train comme l'a dit son petit frère, enfant et adolescente elle peignait, jouait du piano (aussi avec les pieds), sculptait, photographait et faisait rire tout le monde !!!.
parce que descendre l'escalier de l'école en glissant allongée sur la rampe la tête vers le bas, 0 de co.duite car la mère supérieure t'attendais en bas....
aimait les enfants, avait commencé des études dans ce sens avant de nous faire. et elle a tout arrêté pour se consacrer à nous tous.
Je vous partage le texte de mon frère aîné lors de ses obsèques mardi dernier.
"Bonjour Maman.
Et félicitations.
Parce que pour un 14 juillet tu as fait fort.
Un boulet de canon, un coup de tonnerre.
Quel bouquet final !
Il faut dire qu'en tant que Maman, tu t'y connais en matière de feu d'artifices?
Après tes débuts en 1957 tu as enchainé à Manchester, 1959, 1960.
Traversée de la Manche, et tu reprends. 1961, 1963, 1964, 1966, 1968, 1970 et 1972 !
A côté de toi, l'équipe de France fait pâle figure :
Marguerite, Bernadette, Marc, Annick, Thierry, Dominique, Jeanne, Luc, Vincent, Emmanuelle.
Comme on le dit toujours, quand on aime, on ne compte pas. Mais bon, 10, ça commence quand même à compter.
Et puis c'est bien joli de faire 10 enfants en 15 ans. Mais après, il faut les élever !
Surtout que lorsque la dernière découvre le lait maternel, la première décapsule presque sa première bouteille.
Et avec un mari qui travaille avec des horaires genre 3 huit, donc pas toujours là quand les enfants eux sont toujours tous là, il faut assurer.
Et en même temps, s'il n'avait pas bossé et qu'il était resté boire des bières avec son ainée ça ne le faisait pas.
Bref tu as assumé, tout le temps.
Tu n'as jamais ménagé ta peine, tes efforts et ton temps pour donner à tes enfants le meilleur de toi-même. Et il t'a fallu enchainer les petits boulots parce que dix enfants ça en mange du pain beurre !
Je n'oublierai jamais tes départs à 6h du matin sur ton vélomoteur pour aller faire le ménage dans les boites de nuit.
T'avais un look d'enfer avec ton casque.
Tout ça pour nettoyer les salles de danse encrassées par les jeunes.
Les " Djeuns ".
Tu les as aimés et respectés jusqu'au bout.
Enfants, puis petits enfants, tu leur as consacré ta vie.
Tu les as aimés, chéris, choyés, tous, indifféremment.
Trop peut-être pourrait-on dire.
Non, pas trop évidemment, mais si exclusivement que tu en as oublié que tu avais le droit à Ta vie indépendamment d'eux.
Tu leur as tout donné, tu n'as rien gardé pour toi.
Tu t'es dépensée, fatiguée, épuisée, exténuée pour nous et nos enfants.
Nous aurions sans doute pu, dû, te dire STOP !
Mais tu le n'aurais même pas compris, obnubilée que tu étais par le besoin de nous être utile.
Nous étions tout pour toi, tu nous as consacré toutes tes forces, toute ton énergie, toute ta vie.
Celle-là même qui vient de s'arrêter.
Et jusqu'au bout tu as été forte. Si forte.
Jamais tu ne t'es plainte.
Quand tu souffrais, tu le faisais en silence.
En 1970, tu as assumé la douleur, la honte à l'époque, de mettre au monde un garçon handicapé.
Mais comme nous autres, tu l'as aimé, chéri, chouchouté même.
Parce que plus faible, il avait encore plus besoin de toi.
Tu as maintenu la vie, coûte que coûte, et c'est peu dire, dans ce petit être mal-formé mais qui se sentait tant aimé.
Et quand il est parti, c'est une tranche de ta vie qui s'en est allée.
Mais comme toujours, tu as surmonté pour continuer à donner.
Et puis il y a eu Mai 1979, le chaos dans ta vie de maman.
L'horreur, l'impossible, l'impensable, ta petite Bernadette, si jeune, si belle, si pleine de vie, est partie à 20 ans. Je n'oublierai jamais tes cris de douleur que j'ai entendus de ma chambre.
Comme tu souffrais. Une fois de plus, le destin venait de t'arracher le fruit de ton amour.
Et pourtant, à nouveau, tu es repartie de l'avant, te donnant à corps perdu, au sens propre du terme, à tes enfants et petits-enfants.
De décès en décès, de dépression en opération, de divorce en veuvage, de solitude en cancer, tu as traversé plus de souffrances que nous en avons vécus tous réunis.
Tout cela a laissé des traces, des blessures jamais vraiment guéries. Avec le temps tu as pu sembler un peu loin, dans un autre monde, et cela a suscité des interrogations, des incompréhensions.
Fatiguée, tu ne pouvais plus donner à tous, en même temps.
Pour autant, tu as su continuer à profiter de tous les petits plaisirs simples de la vie : une fleur, un oiseau, un gâteau, une galette et une glace, bien sûr, étaient autant de cadeaux pour toi.
Tu t'émerveillais de tout et de rien.
Bonne humeur, simplicité, sourires malicieux et perpétuel besoin de plaisanter et de dire des bêtises, de faire le clown même.
Tu nous l'as offert, comme tu l'offrais au personnel et aux résidents de Brocéliande. Que de témoignages nous y avons reçus hier !
Madame Cauwet : on l'adorait !
Alors tu resteras à jamais un modèle de mère, de grand-mère, " Manère " comme disait Benoit quand il était petit.
Une maman est toujours là,
Une maman est intemporelle,
et une maman part toujours trop tôt.
Et toi maman, notre maman, ma maman, je veux te dire à quel point je t'admire, te respecte, et combien tu me manques, combien tu NOUS manques déjà à tous.
Alors, j'espère que tu ne m'en voudras pas, mais je vais dévoiler notre petit secret.
Celui d'une Maman qui redevenait un enfant.
Le coup de trompette, comme tu disais avec pudeur, ce petit truc du soir qui te faisait dire :
" Je dois être la seule maman au monde qui a le droit à ça dans son lit avant de s'endormir ".
Mais je crois que ça serait trop difficile de te le siffler aujourd'hui comme on le faisait tous les soirs,
Sans doute parce qu'on n'est pas le soir.
Alors on va te passer l'original.
T'auras beau dire, ce sera nettement mieux pour les oreilles de tous.
Bonne nuit Maman.
Marc"