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Equitation de travail
Posté le 14/07/2013 à 21h42
Le dressage à la fin du XX siècle :
Depuis les années 1960 les excès dans le dressage dit de compétition sont de plus en plus importants. Ils sont de plus en plus visibles, même aux yeux du profane et un nombre de plus en plus conséquent de cavaliers, mais également de vétérinaires, tirent la sonnette d’alarme concernant ces mauvaises pratiques depuis les années 1990. Une partie de ces mauvaises pratiques tire son origine de la prédominance des critères allemands lors des notations des épreuves de dressage. Cela amène les cavaliers à préférer la précision géométrique des figures à la correction des exercices et les gestes spectaculaires au respect des attitudes naturelles du cheval. Le modèle allemand qui imprègne le dressage de compétition à l’heure actuelle amène également les cavaliers à n’employer qu’un seul modèle de cheval, avec un seul modèle d’allure et présentant toujours les mêmes mouvements. Cela supprime l’un des plus grands intérêts des épreuves de dressage, la diversité. Cela enferme également les cavaliers et la plupart des enseignants qui entraînent des cavaliers pour la compétition dans une attitude de rejet, parfois plus ou moins prononcée, de tout ce qui peut être différent des critères de jugements des épreuves lors de concours.
Cette attitude, qui parfois même confine à la psychorigidité, régnant dans le monde du dressage depuis une cinquantaine d’année, amène de plus en plus de cavaliers, de loisirs surtout, à s’en détourner. Depuis un peu plus de vingt ans beaucoup de cavaliers abandonnent le dressage, parfois même l’obstacle pour se consacrer à des disciplines jusque là sous représentées, telles que l’équitation Western ou la doma vaquera. Ainsi s’explique en partie le succès nouveau de ces disciplines. Beaucoup de cavaliers se tournent également vers ce que certains spécialistes du dressage appellent avec un certain mépris l’équitation artistique. Nuno Oliveira recueillait beaucoup de ceux que le dressage dit de compétition rebutait. Philippe Karl fait de même. Il répond à l’attente d’un nombre croissant de cavaliers en proposant une équitation basée sur la légèreté et le respect du cheval et n’excluant aucun type de cavalier, de monture ou de discipline. L’Ecole de la légèreté n’entend pas réserver la haute école à des chevaux sélectionnés à prix d’or. Cependant de tels écuyers, de tels maîtres, sont rares aujourd’hui.
C’est l’une des raisons qui expliquent le succès des chuchoteurs ces trente dernières années. Ces derniers proposent eux aussi de résoudre des problèmes devant lesquels le dressage de compétition déclare forfait. Ces derniers, comme Pat Parelli ou Buck Brannaman, proposent également une équitation basée sur la légèreté et le respect du cheval. L’équitation éthologique, bien qu’elle ait ses finalités propres, n’en résout pas moins des problèmes qui autrefois étaient dévolus aux écuyers.
L’Ecole de la légèreté :
L’équitation de Philippe Karl a pour fondement, à tous les niveaux, le respect et l’amour du cheval. Cela implique d’entrée de jeu quelques concessions à la difficulté et une certaine ouverture d’esprit. Ainsi cet écuyer refuse tout recours aux enrênnements. Pas question pour lui ou ses élèves d’obtenir une attitude artificielle en contraignant le cheval. Il s’intéresse également à toutes les disciplines et tous les types de chevaux. Pas question de se contenter de répéter les mêmes gestes indéfiniment.
La technique équestre de l’Ecole de la légèreté est basée sur une synthèse entre les procédés de Baucher et de La Guérinnière. Les flexions de la mâchoire et de la nuque, inventée par Baucher, sont l’une des bases fondamentale du dressage des chevaux pour Philippe Karl tout comme l’épaule en dedans, raffinée et codifiée par le brillant écuyer du manège des Tuileries. L’Ecole de la légèreté emploie également beaucoup le reculer, aussi bien pour l’amélioration de l’équilibre des chevaux que pour l’apprentissage du piaffer, et le saut d’obstacle. Ce dernier est utilisé pour assouplir et muscler le dos des chevaux en vue de leur dressage en basse et même haute école. Enfin Philippe Karl donne une place importante au pas espagnol. Pour lui cet air est fondamental pour développer le jeu des épaules du cheval et s’avère très utile dans l’apprentissage du passage. Mais ce qui rend cet air sans doute si spécial aux yeux de l’écuyer c’est que c’est un air qu’on ne peut pas forcer. On ne peut pas arracher à un cheval les premières battues de pas espagnol par la force. L’apprentissage de cet air nécessite la création d’un langage entre le dresseur et le cheval. Cela impose de la patience, de l’amour pour son cheval et de la réflexion de la part du cavalier. Cela fait du pas espagnol un passage sans doute très important dans la formation d’un cavalier.
Enfin Philippe Karl insiste sur l’utilisation de la tenue de bride à la française. Cette manière de tenir la bride se caractérise par le maintient de la rêne de filet entre le pouce et l’index et celui de la rêne de bride entre l’index et le majeur. Cette manière de tenir la bride à l’avantage de maintenir le mord releveur au dessus de l’abaisseur et elle permet d’avoir plus de nuance et de différenciation dans l’emploi des rênes. De plus cette manière de tenir la bride limite un peu le cavalier dans sa possibilité de recourir à la force contre la bouche de son cheval. Ceci l’encourage à chercher plus de finesse dans le dressage de son cheval.
A l’heure ou le dressage international est cadenassé par le modèle allemand, Philippe Karl propose une alternative. Il montre et enseigne une équitation à la portée de tous, cavaliers et chevaux, et qui ne se borne pas à la répétition inlassable des mêmes gestes aux mêmes endroits. Soucieux de permettre au plus grand nombre de partager le plaisir que l’on éprouve à monter un cheval parfaitement mis cet écuyer a fait plus qu’améliorer ses procédés de dressage, il a mené une intense réflexion didactique et pédagogique.