Pour ce qui est de la mise en présence des reproducteurs, effectivement le début de la saison commence en mars, ce qui fait une naissance en février où il peut encore faire assez froid. A l'inverse les juments sont encore parfaitement cyclées en septembre octobre, ce qui correspond à une naissance en août - septembre.
Contrairement à ce qu'on pense la période de naissance ne pose pas de gros problèmes aux poulains. C'est plutôt pour les juments que la question se pose : en effet pendant la période de début de lactation, les besoins alimentaires de la jument allaitante flambent pour atteindre à plus de deux fois la ration moyenne. Au meilleur du printemps, on peut compter sur l'herbe pour aider la poulinière à soutenir cette production de lait très importante. En février, ou en août, l'herbe est rare et peu nutritive, soit par froid soit par sécheresse. Il faudra donc lourdement complémenter la poulinière en nourriture sèche pour qu'elle se tienne en état.
De même, la saison de naissance se retrouve lorsqu'il est question de sevrer : un poulain de septembre ne peut pas être sevré avant l'entrée dans l'hiver il est trop jeune, ce qui revient à faire passer l'hiver à la jument en lactation. De même, ça impliquera une alimentation poussée.
C'est pour ces raisons qu'idéalement on aime bien faire naître entre le 15 mars et le 15 avril, pour que les juments démarrent leur lactation avec la pousse d'herbe de printemps, et que le poulain puisse être sevré avant l'hiver.
Côté période mini à rester avec l'étalon, le mini c'est une semaine de chaleurs le temps de saillir, mais comme en général on ne sait pas quand elles sont en chaleurs si on n'a pas d'étalon sous la main, et si on ne souhaite pas forcément échographier, le plus simple est de partir sur un mois mini, 1,5 ou 2 maxi.
Le cycle de la jument étant de 21 jours, 3 semaines, on partant sur un mois de mise en présence les reproducteurs seront en présence pendant au moins une, idéalement 2 chaleurs. Si 3 semaines après les saillies, la jument ne revient pas en chaleurs, elle est réputée pleine et peut rentrer chez elle.
Pour ce qui est de la naissance, il y a deux questions :
- le lieu : il est exact que la naissance en pré est plutôt, sur le plan sanitaire, plus "propre" que la naissance en box. Enfin sous réserve que le pré soit herbeux, et pas plein de boue bien sûr. Cependant, pour que la naissance se passe en sûreté, il faut prévoir un certain nombre de choses. Le pré doit être impeccablement clos et de préférence pas en électrique, idéalement, une clôture physique (haie, lices, grillages) est mieux : un poulain nouveau né est une vraie savonnette et peut parcourir des mètres et des mètres en galipettes alors qu'il essaie de se lever. On ne peut pas laisser l'électricité parce qu'il risque de se prendre dedans et ce serait une très mauvaise idée. S'il passe dessous... la mère traversera tout pour le suivre, et au mieux on peut dire adieu à ses clôtures, au pire on est bon pour soigner tout le monde. Donc bonnes clôtures, résistantes à un poulain nouveau né, impératives. Le pré doit également être plutôt plat (c'est déjà bien assez compliqué pour un nouveau né de comprendre qu'il faut mettre une patte à chaque coin, si en plus les coins sont en pente, je vous dis pas), et évidemment, sans trous, point d'eau, et autre piège où tomber.
Dernier détail : le poulinage va sûrement très bien se passer, mais quand même, par sécurité, on prévoit les ennuis : donc un pré accessible en voiture par un vétérinaire pressé à 3h du matin, pas trop loin d'un endroit adapté pour des soins, de l'électricité, de l'eau, ça peut faire la différence en cas de pépin.
- pouliner seul ou en troupeau : je serai moins enthousiaste sur "la nature" sur ce plan. Dans la pratique, le poulinage d'une jument en troupeau peut ne pas poser trop de problème si la jument est dominante : le reste du troupeau se tiendra à distance de la jument si elle les repousse, le temps que le poulain se lève. Si la jument n'exerce pas une autorité réelle sur le reste du groupe, c'est ennuis assurés au contraire : alors que le poulain essaie de se lever les autres vont venir voir, pas forcément avec agressivité mais au moins curiosité, la jument aura du mal à les repousser, elle va s'énerver alors que le poulain n'aura pas têté, ça va partir tout droit en bazar. J'ai eu ça, deux fois (une dominée poulinant avec une dominante non suitée). Les deux fois, le machin est parti totalement en live. La première fois j'ai retrouvé la pouliche toute seule dans le pré d'à côté, seule, sèche, née depuis je sais pas combien de temps, séparée de sa mère et de la copine de pré qui avait mis le bronx par une clôture de 1m de ronces et de vieux barbelés. ça s'est bien fini mais sur le coup, j'étais pas fière. La deuxième fois, le troupeau s'est mis à courir partout en couinant, avec un poulain branlant au milieu, qui n'avait pas têté, à minuit, jusqu'à ce que j'arrive à isoler la mère et le poulain dans un coin. Conclusion, les poulinages de juments dominées, maintenant, c'est seule. Le troupeau juste à côté, dans le paddock d'à côté, mais seule. La seule que j'admets avec la future mère c'est mon ânesse naine qui fait 90 cm et qui de toute façon, méprise les clôtures et va où elle veut... mais de toute façon les juments ne se sentent pas agressées par elle donc elles peuvent pouliner tranquille.
Voila ce que je peux en dire, désolée pour le pavé, à ma décharge il y avait plusieurs questions !