Se préparer à la mort de son cheval, témoignage

A ma jument, Nell.
Voilà 2 mois que nous vivons un vrai cauchemar. Cela n'aurait dû être qu'une simple pyro et tout s'est enchaîné. Je suis rentrée de vacances fin août, j'étais si heureuse de te retrouver, tu essayais pourtant déjà de me dire quelque chose chaque soir que je venais te voir, je le voyais dans ton regard, dans ta manière de t'exprimer, cette magnifique communication qui a toujours été la tienne..j'aurais moi aussi cru qu'à une simple pyro début septembre alors que tu en montrais bien les signes. Voilà que ton mal a empiré, il y a d'abord eu ces 8 fichus jours sous cathéter pour éventuellement soigner ces autres maladies de type 'pyro-like', car dans l'incertitude, nous pensions bien faire. Les analyses nous étaient alors revenues négatives. Puis, tu as développé ce soit-disant stress sur la maladie déclenchant des ulcères à l'estomac, que nous avons aussi enrayés grâce au traitement mis en place. Je me rappellerai toujours de ce jour où la gastroscopie revenue elle aussi négative, nous pensions tous, les vétos compris, que tout allait rentrer dans l'ordre jusqu'au moment où j'ai demandé à ce qu'on finisse la consultation par une échographie abdominale, juste pour se rassurer. Et là, l'annonce qui déchire encore mon cœur, tombe: tu as beaucoup d'eau qui envahit tout ton ventre, qui commence à comprimer tes organes. Nous ne trouvons pas de tumeur, pas de masse suspecte. Pourtant l’ascite est bel et bien là et continue à être produit en quantité par quelque chose en toi. Nous entamons alors le seul traitement possible, anti-inflammatoires en injection tous les 4 jours. Nous revenons à la clinique plein d'espoir car tu te montres alors battante, tu manges bien, tu regrossis, tu es vive et si forte, ce qui nous emplit de joie. Pourtant, l'annonce tombe à nouveau: l'eau est encore plus présente qu'il y a 15 jours, elle comprime désormais de plus en plus ton poumon droit. Les vétos me parlent alors en semaines. Je m'effondre, pourtant je crois avoir compris ce qui va arriver et reste forte quand je suis auprès de toi.
Je n'aurais jamais cru que cela arriverait de cette façon, ni si tôt, tu n'as que 12 ans et je ne partage ta vie que depuis 3 ans. Tu es la plus belle chose que j'ai jamais osé m'offrir, pourtant mon rêve auprès de toi s'est bien réalisé. J'ai tellement besoin de partager encore avec toi. Un être aussi magnifique ne devrait pas souffrir d'un mal aussi sournois que celui qui est à l'intérieur de toi. Si je les écoute parler, tu vas bientôt me quitter et l'idée en est insupportable. Je crois malgré tout que je commence à m'y préparer. Je ne sais pas comment ni quand tu partiras, mais puisque je détiens ta vie à laquelle tu te raccroches encore et puisque je reste celle qui devra décider, je ferai ce qu'il faut comme je crois que je l'ai toujours fait. Chapeau la vie! Je t'aime. Marie.