Rassure toi, l'idée d'incurvation est loin d'être simple... bien au contraire !
D'abord Qu'est ce que l'INCURVATION ?
= Avoir un cheval incurvé, c'est avoir un cheval droit sur une ligne courbe !
(et voilà tout de suite ça se complique...on va essayer de faire simple !)
L'incurvation est l'un des fondamentaux de l'Equitation, car elle implique la notion de rectitude (L'Hotte - "Calme, en avant et droit"), c'est à dire un cheval en équilibre (tu vois, pas si simple l'incurvation !), qui ne résiste ni sur son côté convexe(extérieur), ni sur son côté concave (intérieur) = poids égal sur ses quatre membres...Tout est là !
(on n'y parvient pas du jour au lendemain en claquant des doigts !)
D'ailleurs certains cavaliers aiment à dire qu'un "cheval incurvé est un cheval dressé"...il faut donc une certaine gymnastique, une musculature appropriée pour parvenir à incurver un cheval sans résistance.
Concrètement sur le cercle, le cheval ne charge pas plus un côté ou l'autre. (il ne dérape pas des épaules ni des hanches, il ne charge pas une épaule plus que l'autre, il ne tombe pas dans le cercle...etc.)
Le latéral externe parcourt plus de chemin que le latéral interne.
Le postérieur externe pousse plus qu'il n'engage, contrairement au postérieur interne qui s'engage plus qu'il ne pousse.
Ainsi le côté convexe est en extension et le côté concave est fléchi...
...oui ! mais attention, c'est là que ça se gatte !
traditionnellement (dans les manuels fédéraux) on peut lire que la bonne incurvation se traduit par un cheval "qui épouse la ligne du cercle", ou "un cheval qui est fléchi dans son ensemble de la tête à la queue", ou encore "un cheval qui s'incurve autour de la jambe intérieure de son cavalier"...etc.
MAIS d'après l'anatomie du cheval, il semblerait que sa colonne vertébrale (pour simplifier) ne permette qu'une flexion infime, voire dérisoire. Aussi l'incurvation au sens classique ( "flexion costale", "incurvation autour de la jambe intérieure") est une UTOPIE...elle est impossible morphologiquement parlant !
Il n'y a QUE l'encolure qui peut se fléchir réellement, le dos, lui, est quasi droit !
Néanmoins il est peut être bon de garder tout de même cette image de "flexion costale" à l'esprit, en tant que illustration. Car dans les faits, lorsque le cheval est convenablement incurver, on a effectivement ce sentiment de flexion d'ensemble...Pourquoi ?
Cette sensation de latero-flexion se traduit en pratique par la rotation du bassin du cheval alternativement au mouvement, c'est à dire par l'abaissement de la hanche gauche, puis de la hanche droite, et vice versa.
Autrement dit plus le cheval engage son postérieur interne, plus il abaisse sa hanche interne, plus l'incurvation est prononcée (le cavalier a l'impression que le cheval épouse la courbe de la tête à la queue...mais ce n'est qu'une impression !)
Donc l'image est fausse, mais peut être utile en pratique pour comprendre le mouvement juste !?
Venons en au faits !
Comment incurver son cheval ?
L'incurvation se rencontre dans le passage d'un coin, sur le cercle, ou dans les deux pistes...
Il faut donc rappeler qu'un jeune cheval ne POURRA PAS s'incurver automatiquement dès ses premières séances de travail...c'est l'une des missions essentielles de son cavalier que de l'y préparer !
Il devra être assoupli, musclé et équilibré...
Forcer un cheval à s'incurver en tirant de la main intérieure et piquant de l'éperon engendre automatiquement des raideurs, des contractions, voire des défenses (sans parler du mental !)
Il s'agit d'une gymnastique contraignante, auquel le cheval sera préparé PROGRESSIVEMENT en fonction de son anatomie...
Il est intéressant tout d'abord de pratiquer les flexions d'encolure, à pieds dans un premier temps et à l'arrêt, en passant par les cessions de mâchoire => cessions de nuque => cessions d'encolure => flexion et extension d'encolure.
Concrètement, la main intérieure qui agit toujours vers le haut sur la commissure des lèvres, demande la cession et la flexion...La main cède aussitôt (voire même une demi seconde avant !) que le cheval cède dans sa mâchoire...c'est primordial ! Les rênes sont alors détendues en majeure partie.
La main extérieure veille éventuellement à ce que le cheval ne fuit pas l'exercice, en tombant sur son épaule interne, et/ou en prenant le mouvement en avant...
Sans quoi elle reste neutre pour ne pas s'opposer à la flexion d'encolure demandée.
Les flexions d'encolure vont assouplir et muscler l'encolure (étirement des muscles externes et contraction des muscles internes).
Il s'agit de gymnastique, l'angle demandé sera alors plus prononcé que celui attendu sur un cercle...on peut aller jusqu'à un angle de 90°.

François BAUCHER
/!\ toujours des séances courtes au début et progressives...il faut s'adapter à l'évolution de son cheval !
Ensuite, toujours à pieds, on peut travailler les flexions d'encolure dans le passage du coin, dans le mouvement en avant cette fois (en décortiquant chaque mouvement), et on introduira alors l'engagement du postérieur interne sous la masse.
Le cheval n'ayant pas le poids du cavalier à gérer, c'est plus facile pour lui de commencer l'incurvation dans un mouvement juste.
Lorsqu'il s'assouplit et se muscle suffisamment pour effectuer des incurvations convenables à pieds, on peut commencer le travail en selle (il s'agit là également des étapes du débourrage...pour ma part !)
En selle, on demandera une flexion d'encolure (cession de mâchoire...etc)
La jambe n'incurve pas proprement dit ! Elle veille à la rectitude, c'est à dire que le cheval ne charge pas une épaule plus que l'autre, qu'il ne dérape des hanches ou des épaules...Et elle sollicite l'engagement du postérieur et la contraction des abdominaux en agissant au moment du levé de celui-ci.
Lorsque ni les mains, ni les jambes du cavalier n'ont besoin d'intervenir pour rectifier = le cheval est incurvé, en équilibre et "fléchi".
Bien entendu, c'est très contraignant pour le cheval, il faut alors se contenter de quelques foulées correctes au début...
Même principe pour l'épaule en dedans entre autre, lorsque tout est en place, que le cheval est prêt...il n'y a plus rien à faire...le cheval est incurvé !
La passage du coin, la cercle, le travail de deux pistes...vont assouplir et muscler le cheval lui permettant d'améliorer son incurvation (engagement des postérieurs, abaissement des hanches, équilibre renforcé...)
Il est aussi intéressant d'effectuer le même travail à la longe (encore une fois le cheval n'est pas gêné par le poids et l'équilibre instable du cavalier)...il convient d'insérer ce travail au cours de la séance de longe habituelle (composée essentiellement de lignes droites !).
Bien évidemment, il n'est pas question de longer son cheval pendant 1 heure sur des cercles incessants, à une main puis à une autre...ça n'a pas de sens ! Et c'est même totalement contre-indiqué...
Le travail sur le cercle en longe, ponctué de transitions fréquentes et de changements de main, améliorera la flexion, l'équilibre, l'engagement du postérieur interne...
/!\ néanmoins, il faut être prudent au cours du travail à la longe, car un dresseur inexpérimenté aura plus de difficulté à se faire entendre par son cheval (moins de moyens d'action qu'en main ou en selle), et pourrait l'installer dans un faux-semblant sans s'en apercevoir. (contractions et résistances, qui peuvent aller jusqu'à la défense si le meneur insiste maladroitement !)
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