Toujours sur la route, nous sommes passés par un tout petit village avec des maisons en bois, qui ressemblaient aux maisons qu'on voit dans les westerns.
Ce village, Ross, a connu son heure de gloire au 19e siècle, lors de la ruée vers l'or. C'est là que la plus grosse pépite (ils appellent ça un "nugget"
) a été découverte.
Sur place, on trouve un petit musée sur l'or et son exploitation, l'expansion de la ville et son déclin suite à la fin des filons.
Mais c'est aussi à Ross que nous avons fait une rencontre qui à mes yeux a valu tout l'or du monde.
Dans un petit atelier, tout simple, se trouvait un homme d'environ 70 ans. Il était assis à son bureau, entouré de morceaux de pierre verte: cet homme est l'un des derniers sculpteurs de jade.
En Nouvelle-Zélande, le jade est une pierre sacrée, elle est appelée Pounamou en maori. Le terme Pounamou désigne la création de la vie, et l'émergeance de la Nouvelle-Zélande elle-même d'après la légende. Les gens donnent donc à la pierre une valeur très forte, elle représente leurs racines.
Revenons à Ross. Cet artisan, Steve Maitland a longuement discuté avec nous, ravi de trouver des gens pas trop pressés passionnés par sa méthode de travail et l'histoire de ses créations. Ce monsieur utilise des pierres trouvées dans le lit des rivières de l'Ile du Sud, il a même des "chasseurs" de Pounamou qui l'approvisionnent, même si la précieuse pierre se raréfie, et que le marché est actuellement inondé de jade de moindre valeur à ses yeux car évidemment non locale (issue d'Australie, du Canada, de Russie), quand on ne trouve pas carrément des bijoux en... résine !
M Maitland était là devant nous, en train de sculpter et polir la pierre avec des bouts de bois, quand j'ai craqué sur un petit pendentif pas trop cher comparé à de superbes pièces très travaillées. Il s'est levé, et j'ai pu constater qu'il avait une jambe artificielle, ce brave homme.
Je choisis un collier, il me fait un certificat indiquant même le lieu de "récolte" de ma pierre, mon mari prend un collier pour sa petite soeur, et moi pour la mienne, et là, on se sent bêtes: pas de cash sur nous pour payer ! La ville la plus grande est à 40 minutes de route, mais M Maitland nous a offert un bel exemple de l'état d'esprit des locaux: il nous a proposé de prendre nos colliers et de lui déposer l'argent sur son compte directement à Queenstown, quand nous y serions... 3 jours plus tard !!
Les néo-zélandais sont comme ça: ils font confiance, et ils respectent eux-mêmes énormément autrui.
Exemple: vous trouvez au bord des routes des stands de fruits et légumes, et une caisse. Chaque jour les gens se servent, et chaque soir le vendeur passe et ramasse sa caisse, où chacun a mis ce qu'il doit, et tout reste ainsi sans risque !
Voici une photo d'une des oeuvres de M Maitland, dont le plus grand regret est de ne pas laisser de disciple après lui. Son art s'éteindra avec lui.
Je ne l'oublierai pas, on avait les larmes aux yeux, autant lui que moi, chacun représentant un côté de la planète.