Pour les pleurs, rien d'inquiétant: un mélange fatigue, émotion (tension du concours, peut-être un peu d'appréhension, le soulagement que ce soit fini... ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas une part de plaisir et l'envie de se dépasser et de recommencer).
J'ai eu mon premier cheval à 13 ans. Un poulain de 3ans, avec un caractère de fou (encore maintenant, quand je le vois à 26 ans, je me demande comment j'ai pu monter ce cheval aussi jeune et avec si peu d'expérience et m'accrocher quand même).
Mon moniteur n'avait pas enregistré l'âge du cheval dans sa tête et le croyais plus vieux et plus aguerri (alors qu'en plus, il était venu avec pour l'acheter. Mes parents ne m'avaient pas pris un cheval comme ça, au hasard), et puis, il était du genre: si un élève n'y arrive pas, il faut lui faire faire plus dur pour l'obliger à s'accrocher.
Bref, ce fut une catastrophe. Les premiers mois (voire plus) très difficiles. Tu dis qu'elle ne tombe pas à chaque fois, heureusement. Eh bien, moi, je tombais
vraiment à chaque fois. Les première semaines, je suis même tombée plusieurs fois à chaque fois. Au point que j'étais limite fière quand je pouvais dire: "aujourd'hui, je ne suis tombée qu'une fois".
Alors, c'est vrai, avec le recul, il y avait une grosse responsabilité de mon moniteur. Je crois qu'à ce stade, ce n'était pas loin de la faute professionnelle. Peut-être est-ce que ça aurait même pu tourner mal.
Mais j'aimais (et j'aime toujours) mon cheval. Et je n'aurais arrêté pour rien au monde, ni voulu baisser les exigences. Moi aussi, j'ai pleuré parfois, sans savoir pourquoi. L'épuisement sans doute après une séance (je me souviens d'avoir fini des cours dans un tel état que j'étais incapable de tenir un verre pour boire), d'incertitude, mais de joie aussi d'avoir mon cheval. Trop de choses qui se mélangeaient, il fallait que ça sorte, c'est tout. Ce n'était pas de la tristesse, ni une attente de réconfort.
Alors, je n'ai pas la solution pour l'attitude à avoir pour toi. Mais mes parents sont restés "neutres". Ils n'ont jamais montré d'inquiétude, ils ne m'ont pas réconfortée, encouragée ou félicitée non plus (mais en même temps, ils n'ont jamais eu les félicitations faciles pour rien). Les choses étaient "normales". J'avais mon cheval, j'assumais, ils ne jugeaient pas ce que le moniteur nous faisait faire, parce que c'était le moniteur, point.
Trop encourager ou rassurer peut aussi inquiéter, parce qu'implicitement, cela sous-entend qu'il y a des raisons d'être inquiet.
Après coup, mais en fait, il n'y a pas si longtemps, ma mère m'a avouée qu'ils s'étaient vraiment posé des questions, s'ils n'avaient pas fait une grosse bêtise en m'achetant ce cheval... sa façon à elle de me dire qu'ils étaient vraiment inquiets (et qu'ils le sont sans doute encore, parce que, si j'ai des chevaux plus faciles, j'ai continué parallèlement à en avoir des particulièrement difficiles)
Enfin, on ne connait pas ta fille, on ne peut pas te donner de recette, chaque enfant réagit différemment selon son caractère, sa combattivité, son émotivité,... Mais je crois que la meilleure chose à faire et de ne rien montrer (même si je conçois que ça ne doit pas être facile), être là pour soutenir ta fille, oui, mais si elle en exprime le besoin. Pas la rassurer à toute force si elle ne veut pas l'être, pas lui proposer de ne pas faire si elle n'a jamais elle même montrer un doute quant à le faire ou pas. En somme, d'abord l'écouter. Fais-lui confiance