Anthropomorphisme : les chevaux face au froid
Posté le 28/10/2015 à 09h18
Bonjour à tous
Suite à une dicussion sur les affreux et ignobles propriétaires d'écurie n'en faisant qu'à leur bon vouloir, ne tenant jamais leurs engagements, et ayant abouti (la discussion, pas les proprios^^) sur l'épineux sujet des couvertures, entre autre, je me permet de vous faire partager ici mon expérience, autant de propriétaires de chevaux depuis plus de 13 ans, que de professionnelle du milieu depuis quelques années.
Les cavaliers propriétaires aiment leurs chevaux. Cela, je ne le remettrais jamais en cause.
Mais cet amour peut parfois s'avérer contre productif, et parfois même dangereux pour les chevaux. Par manque d'expérience. Par manque de conaissance. Parce qu'ils sont mal conseillés. Parce qu'ils font l'erreur classique de mettre le cheval à une place qui n'est pas la sienne, à lui attribuer des sentiments qui ne sont pas les siens, à lui acorder des ressentis qu'il ne ressent pas.
Basiquement, dans la nature, de quoi un cheval a t'il besoin ?
D'espace. De congénères. De nourriture en quantité suffisante pour tous. D'eau.
Et c'est tout.
Le reste est venu avec l'homme. Le box est venu avec l'homme. Le travail sous la selle est venue avec l'homme. La couverture, le ferrage, les granulés, les paddocks... sont venus avec l'homme.
bien loin de moi l'idée qu'il faut tout arrêter, remettre les chevaux en liberté, et les laisser se démerder sans nous, qu'ils seront plus heureux. C'est totalement faux. Les croisement, les sélections, les elevages que nous menons depuis des générations ont pervertis les caractéristiques sauvages de nos chevaux, et aujourd'hui, bon nombre seraient voués à la mort si on les relachait en milieu naturel.
Mais un cheval reste un cheval. Et garde des caractéristiques équine, et non humaine.
A commencer par son système de thermorégulation, et son ressenti face aux températures externes. Et là, je me permettrais de vous copier coller un très bon article qui expliquera les choses mieux que je ne saurais le faire
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La thermorégulation
La thermorégulation est la capacité de l’organisme à garder une chaleur constante. C’est un processus comprenant plusieurs facteurs :
la peau : de différentes épaisseurs, elle protège des changements de températures extérieures et conserve la chaleur intérieure ;
la vasoconstriction ou la vasodilatation des artères : elle régule le flux sanguin permettant au cheval d’apporter du sang chaud sur certaines zones ou d’en refroidir d’autres ;
les glandes sudoripares : en suant, le cheval refroidit et adapte sa température corporelle à la température extérieure ;
le poil : il protège du froid et est hydrophobe. Quand il pleut par exemple, des gouttières se forment protégeant la peau de l’eau, et quand il fait froid, le petit muscle associé à chaque follicule pileux permet de maintenir l’horripilation (l’hérissement des poils) offrant ainsi une meilleure isolation grâce au confinement de l’air. Le photopériodisme (variation de la durée du jour et de la nuit) est le principal facteur de la pousse du poil, et dans une moindre mesure, la température de la peau. La boue et la neige servent de protections supplémentaires ;
la graisse : trois fois plus isolante que les autres tissus, elle est une arme indispensable contre le froid. C’est pourquoi, à l’approche de l’automne, les chevaux ont emmagasiné 20% de poids supplémentaire. A ce stade, soulignons qu’un poil trop long n’est pas signe de bonne santé puisqu’il est généralement produit par des chevaux malades ou âgés qui dont du mal à garder de l’état. A contrario, on peut voir des chevaux sujets à l’embonpoint limiter l’épaisseur de leur toison ;
la taille : pour ce qui est d’affronter le froid, les grands chevaux sont mieux protégés que les petits chevaux ou les poneys d’où la production d’une épaisse couche de poils ;
l’alimentation continue : le processus de digestion sert de chauffage interne durant l’hiver ;
la réduction de l’activité physique permet de ne pas élever la température corporelle durant l’été, alors qu’en hiver, de brefs moments d’activités permet de l’élever ;
les stratégies de la vie en groupe : en hiver, les chevaux se regroupent pour réduire la perte de chaleur, ils prennent des bains de soleil, et adoptent des postures de protection (se tenir contre les intempéries dans une posture basse).
Affronter la chaleur
Très sensible à la chaleur, un cheval se réchauffe 10 fois plus vite qu’un humain. Et en un peu plus de 15 minutes de travail, sa température corporelle peut déjà atteindre un niveau élevé et dangereux risquant de provoquer colique et insuffisance rénale.
En une heure, un cheval peut transpirer l’équivalent de 15 à 20 litres d’eau dans des conditions fraîches et sèches, et 30 litres lorsque le temps est chaud et humide. Seulement 25 à 30% de la sueur s’évapore, le reste coule le long de la peau. Il y a quatre fois plus de sel dans la sueur du cheval que la sueur humaine, il est donc particulièrement recommandé de laisser une pierre à sel en libre service.
Pour refroidir efficacement un cheval, il ne faut surtout pas le couvrir (même d’une couverture spéciale), et répéter plusieurs fois : douche et essorage au couteau de chaleur. Il est important d’essorer le cheval pour ne pas que l’eau se réchauffe et réchauffe à nouveau l’organisme. En suivant cela, la température peut baisser de deux degrés en dix minutes. Bien sûr, laissez de l’eau propre à disposition du cheval afin qu’il puisse s’hydrater.
Il est également très important d’acclimater son cheval, et ce bien avant la saison des concours. Les chevaux habitués à s’entraîner sous la chaleur ont de meilleures temps de récupération, s’entraîner « à la fraîche » et concourir durant la pleine chaleur de l’après-midi ne met donc pas le cheval dans les meilleures conditions.
Face au froid
Grâce à la thermorégulation, le cheval est capable d’affronter les températures basses de l’hiver, si plusieurs conditions sont réunies :
une vie sociale ;
du mouvement 24h/24 ;
du foin accessible 24h/24 ;
l’accès à un abri construit ou naturel ;
un suivi régulier des pieds, des dents et du niveau de parasitisme.
Lorsqu’on constate qu’un cheval a froid, c’est principalement pour deux raisons : l’absence d’abri et le manque de nourriture. Bien souvent, le cheval a froid lorsque le temps est humide et froid plutôt qu’humide et sec, il lui est plus difficile de supporter une température proche de 0°C sous une pluie battante qu’un froid sec, les pieds dans la neige. Un cheval qui a froid contracte les abdominaux, se tient voussé, et plaque sa queue, cherchant ainsi à économiser de la chaleur. Si le froid est plus difficile à supporter, le cheval grelotte ce qui lui permet d’activer les muscles et de se chauffer. Les chevaux qui manquent d’état devront être couverts (suivant le temps) afin de ne pas les épuiser énergétiquement."
Voici essentiellement les raisons qui font que je ne couvre pas la plupart de mes chevaux, car j'ai la chance de pouvoir les garder au pré, en troupeau, avec foin à volonté.
Mais pourtant, bien que tout opposée que je sois à la couverture systématique, je couvre ma poulinière de 16 ans, arthrosée des jarrets, pour qui froid et humidité sont un supplice, avec une petite imperméable lui permettant de rester au sec, et donc de ne pas souffrir de l'humidité plus que de raison. Vous noterez que je ne cherche pas à la protéger du froid, mais bel et bien de la pluie et de l'humidité engendrée... A -10°c par temps sec, elle se contente de son poil. A 0°c par temps humide, elle a sa couverture.
Dans les chevaux à qui j'ai eu mis des couvertures, il y a avait un pensionnaire de 22 ans à son arrivée, qui perdait 100kg dès que l'hiver pointait le bout de son nez... ben là évidemment, au vu de l'âge, de l'incapacité du cheval a garder de l'état, etc, c'était couverture, et vu le poil de merde, c'était même couverture 200G et pas une simple imper.
Il y a eu aussi une jument de 12 ans, poid normal 800kg, arrivée chez moi à 450kg au printemps. Couverture d'emblée la nuit, selon le temps la journée. Elle devait reprendre du poids, pas lutter contre les températures basses de fin d'hiver...
Et mon cheval de selle perso, qui pourtant fait un poil de fou tous les hivers. Mais suite à un accident, il s'est retrouvé avec 2 vertebres cassées, et le mécanisme naturel de réchauffement ne faisait qu'aggraver sa douleur, puisque trembler pour se réchauffer quand on a le dos en vrac... c'est pas cool. Couverture cet hiver là, pour éviter la douleur. L'hiver suivant, et celui d'après, c'était bon, ce fut juste cet hiver ci, et il l'a eu.
Donc raisonner les couvertures, oui, complètement. Les mettre d'emblée, parce que nous avons froid, et qu'eux ont donc forcément froid... non. Smile