Bon, j'avoue, je n'ai pas lu les autres interventions.
Mon étalon est au pré à l'année avec ses (au moins) 2 poulinières, sauf quand je leur laisse une année de repos, auquel cas il n'est qu'avec une seule jument.
Il a quelques règles simples à respecter, qui ne sont pas forcément les mêmes que pour ses femmes. J'adapte les exigences et les règles en fonction de chaque individu. Les siennes sont, en vrac :
- licol sur la tête, interdiction de plus rien regarder, on se fiche que ce soit la saison des chaleurs, que l'une de ses juments soit en train de lui pisser sous le nez raide en chaleur, il a le licol, il est au travail, il sait bien qu'il y retournera avant la fin de la journée. Quand bien même il serait au milieu de son pré que cela ne change rien, on ne fait rien sans autorisation si on est au boulot.
- licol absent, mais présence de l'homme à ses côtés : on est prié d'éviter (et on évite fort bien) les jetés d'antérieurs, les mouvements brusques etc, mais on a le droit d'aller faire la cour à la demoiselle émoustillée par notre présence, et on a même le droit de la saillir si bon nous chante, tant que l'on respecte une distance raisonnable par rapport au bipède.
- les moments des repas, distribués en groupe : on sait qu'on sera servi en dernier, donc quand maman nous appelle par notre nom, suivi de "ta place", ben on va à sa place plutôt que de trépigner à côté d'elle, sans oser toucher aux seaux des autres, que de toute façon, ni les filles ni maman ne nous laisseront gouter...
- les sorties en extérieurs avec des taaaaas de chevaux inconnus : bien qu'hyper méga intéressé et super curieux de voir tant de nouvelles têtes d'un coup, on est au travail (eh oui, on a minimum un licol sur la tête...), donc on reste à sa place, on écoute maman ou tout autre bipède, même si on s'autorise un petit appel provocateur récoltant de suite une mise en garde (oui, parce qu'en plus, on est averti avant de pouvoir fauter... maman a beau nous adorer, elle ne tolère pas les débordements), et bien que la concentration soit encore à travailler, on reste à l'écoute et attentif/respectueux à/de ses demandes.
Pour le reste, le quotidien... un étalon au pré avec ses juments est de mon avis bien plus facile à gérer que certaines juments elles même... Il voit tous ses besoins assouvis, ce qui lui donne un équilibre certain, et aide complètement à vraiment bien le poser dans sa tête. Donc à l'avoir disponible, volontaire et participatif au travail.
Mais sans cadre stricte, et sans une certaine forme d'habitudes routinières, il est difficile d'avoir un étalon réellement respectueux. Par habitude, je n'entends pas des heures de repas identiques d'un jour sur l'autre à la minute près, mais plutôt de rituel entre lui et nous. Notamment sur le moment du repas : tant qu'il fait montre d'une certaine impatience, je l'oblige à patienter, dès qu'il fait semblant de ne plus rien avoir à en faire, il est autorisé à manger (il est très drôle d'ailleurs, car pour me dire qu'il va être sage et ne se jettera pas sur son seau, il plie l'encolure faiblement du côté opposé au mien, et s'immobilise complètement, limite à retenir son souffle). Ca dure 2 seconde, et il est autorisé à manger. Au début, je devais attendre entre 5 et 8mn qu'il veuille bien se montrer calme et patient à mes côtés, limite si les juments n'avaient pas fini leur ration quand il avait enfin le droit de manger la sienne... maintenant, c'est juste une formalité, mais une formalité importante pour notre relation, et comme petite piqure de rappel quotidienne des règles de base.
A côté, je me suis autorisée à lâcher du lest sur d'autres choses, en échange de quoi je n'ai plus besoin d'intervenir physiquement lorsqu'il fait un truc "pas bien" (comme mettre sa tête dans la porte de la graineterie pour tenter de chopper un truc à bouffer) : dire son nom avec l'ordre "recule" accolé derrière suffit, il recule direct de 3 pas en me regardant d'un air complètement blasé...^^ Mais je suis convaincue que si je ne gardais pas quelques rituels entre lui et moi, je perdrais son écoute, et une partie de son respect. (mais le respect n'est pas de la peur, que l'on soit bien d'accord
)
Pour les saillies extérieures, je ne fais plus, trop de risques d'accident, avec des propriétaires qui bien souvent ne connaissent pas vraiment leur jument, ou vont carrément te mentir sur elle, en t'affirmant qu'elle est correctement sociabilisée alors qu'elle vit avec une chèvre depuis toujours... Mon étalon n'abimera jamais, et n'a jamais abimé, une jument. Je ne peux hélas pas dire la même chose pour l'inverse...
Et pas envie de me mettre à la saillie en main, c'est tout simplement contre mes principes.