J'ai testé le coup de la cravache, mais rien n'a marché avec Mirabelle. Et le coup du borgne, ça n'a pas dû se voir souvent comme situation, j'ai même du mal à imaginer le scénario en fait... Mais bref. Voici la fin. Après promis, je ne vous embête plus.
Suite :
J’arrive donc aux écuries et vois au loin mon cheval couché de tout son long dans la boue. J’attrape un licol et, avec ma maman, cours paniquée jusqu’à mon gros. Nous sommes trempées, dans un état lamentable mais à force de tirer sur la longe de mon Teddy, de l’encourager et ma maman de le pousser, il finit enfin par se relever ! Et là... catastrophe, il est complètement amorphe, sur 3 jambes, le pied enflé ne se pose plus du tout sur le sol et pour cause tout le membre est engorgé, lymphangite. Nous mettons 15 mn à faire 200 mètres, mon gros est obligé de sautiller sur son unique antérieur pour avancer. Sans demander la permission au gérant, j’utilise un box juste devant sa propriété qui d’ordinaire nous est interdit pour mettre mon malade au chaud. Je paille, sèche mon cheval et appelle la plus grosse clinique vétérinaire équine du coin. La véto parcourt plus de 50 kms avec du gros matériel et me prévient « avec une telle description, préparez vous au pire, je prends également le nécessaire pour mettre fin à ses souffrances... ».
Radios, échos... Elle ne trouve, comme les autres, absolument rien ! Cheval fiévreux, c’est une infection... Chose sur laquelle, étant donné la forme du cheval, personne ne s’était encore penché. Le verdict tombe : petite erreur de maréchalerie qui, en soins, médicaments, radios et déplacements, me coûta plus cher que mon cheval. Soins à l’eau de javel deux fois par jour avec bandes de repos, traitements antibiotiques, mon trotteur enfermé jusqu’à amélioration... Et il ne guérit jamais complètement. Il a failli y passer, nous l’avons sauvé, mais les séquelles étaient trop grandes et, du haut de ses 4 ans et demi, l’heure de la retraite avait déjà sonné.
Deux chevaux, deux inmontables. J’étais blasée, triste, en colère...
Début de l’hiver, mon ami qui m’avait prévenu de la situation critique de Teddy me voit toute tristounette aux écuries et me propose de monter son cheval pour une balade. Avec le sourire, je l’accompagne lui et son autre monture. Il m’annonce qu’il serait prêt à me le vendre avec une ristourne. Je refuse, physiquement je le trouve faible de dos, sans allure, je n’accroche pas. Puis, 3 chevaux, ça commence à coûter...
Fin de la balade, je descends plus heureuse que jamais. Ce cheval est merveilleux ! Je veux prendre le temps de réfléchir mais ne réfléchis finalement pas bien longtemps, j’ai eu, pour la première fois, un vrai coup de foudre !
Novembre 2011, je deviens la propriétaire d’Ozro, dsa de 9 ans, ancien cheval de club vendu pour une bouchée de pain parce qu’il donnait des coups de cul au galop et faisait peur aux débutants. LE cheval de mes rêves, celui que je recherchais, celui que je désirais, idéalisais. Me voilà donc avec un trio.
Peu de temps après, Mirabelle trouve enfin preneur et part en Gironde, me reste mon trotteur qui tient compagnie à ma nouvelle monture.
Et avec le loulou, je récupère sa jeune demi pensionnaire. Commence une longue période de pure perfection. Cheval tout terrain, indépendant, une assurance vie ! Et polyvalent : obstacles et concours, obstacles en licol et cordelette, à cru, travail en liberté, sur le plat, horse ball... Endurant, réactif, mais hyper facile il revient tout de suite. Montable par tous, maître d’école... Un peu lunatique, mais là est son seul défaut. Je l’ai enfin trouvée ma perle rare ! Voici plusieurs clichés avec sa demi pensionnaire.
Mars 2012, ce bonheur retrouvé s’écroule. Un décès survient dans ma famille et celle ci se décime. Je me retrouve sans logement et sans travail. J’ai trois mois pour redresser la barre et continue de payer les pensions de mes deux gros avec mes économies. La situation devient difficile et, grâce à une amie, je rentre en contact avec une association qui accepte d’adopter Teddy. Je dis donc au revoir à mon trotteur adoré...
Je trouve un emploi à temps partiel, un autre logement et me réfugie chaque mercredi, samedi et dimanche dans la crinière d’Ozro qui me mènerait jusqu’au bout du monde. Il est devenu mon oxygène.
Septembre 2012, je me sépare de mon compagnon et suis seule à payer toutes les factures qui, avec mon petit cdi, sont difficiles à honorer. Je mets Ozro en vente, j’ai le coeur déchiré. Une dame vient l’essayer mais lui trouve un défaut d’équilibre au galop à droite qui ne lui convient pas malgré un coup de coeur évident. Je me sens soulagée. Des potentiels clients m’appellent chaque jour et je me surprends à leur répondre à tous qu’il est très certainement déjà vendu, que je suis en attente de confirmation mais qu’il reste peu d’espoir qu’il soit encore sur le marché. Je n’y arrive pas, c’est trop dur pour moi. C’est dur aussi pour sa dp... Je le garde. Les fins de mois sont compliquées mais tant pis.
Décembre 2012. Mon compagnon a laissé des dettes de loyers qui me retombent dessus, je n’ai plus le choix, je ne peux plus payer la pension de mon cheval... Je suis effondrée. Il est vendu en janvier 2013 à un randonneur. C’est un homme génial, mon cheval est très bien tombé et j’ai souvent de ses nouvelles... Mais c'est un autre que moi qui profite de tout le bonheur qu'est capable de donner mon cheval...
Août 2014, après un changement de vie radical et une grossesse, après plus d’un an et demi sans approcher un cheval, je craque, je ne tiens plus et j’achète Bobo, un TF de 3 ans et demi. Il débarque en Bretagne pour mon plus grand bonheur.
Mais la pension est un peu loin de chez moi, je n’ai pas le temps d’y aller, ne le vois qu’une fois tous les 15 jours et mon cheval perd de l’état. L’herbe est rase, trop de chevaux sur une trop petite parcelle...
Je contacte mon ancienne pension qui m’accueille moi et mon cheval. Ma dp revient vers moi et flashe pour ce petit TF dont elle s’occupe depuis début septembre. Lorsque mon poulain a été retiré de son ancienne pension, il était dans cet état...
Aujourd’hui, il est un peu plus joli.
Petit cheval très calme mais un minimum réactif, avec un débourrage réussi, des bases solides, qui a les trois allures et qui est hyper facile et réceptif. Nous commençons à travailler tout en douceur, il est encore tout jeune, et espérons pouvoir sortir pour de folles balades dans les bois d’ici l’été prochain... Je croise les doigts pour que cette nouvelle histoire ait enfin une fin heureuse.
Le voici avec sa dp.