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Quelle filière métier choisir dans le cheval ?
Posté le 27/08/2022 à 15h06
trefla4feuilles hello vu que tu remontes le sujet, je me permet d'y répondre.
Le tableau est très sombre sur ce post sur le fait d'y travailler.
Perso, je suis dans le milieu depuis 2014 soit 8 ans.
Alors oui ça reste un milieu un peu hors norme,pas simple tous les jours et qui demande une certaine condition physique et psychologique.
Bien entendu, si on souhaite faire 35h facile, des horaires normales, ne pas bosser les week-ends ou fériés, s'arrêter au moindre pépin faut faire autre chose.
Oui il y'a des écuries où les employés sont mal considérés, sous payés et sur exploités . J'y avais déjà fait un post sur ce que j'appelle l'esclavage moderne dans le milieu.
Mais en 8 ans, je suis loin d'être tombée sur des tyrans.
J'ai eu une mauvaise expérience dans une écurie de sport en tant que cavalière. J'y ai tenu 6 mois et je ne regrette pas car ça m'a ouvert des portes.
Le reste, j'ai rencontré des personnes qui aussi bien d'un point de vue pro que humain, m'ont apporté beaucoup..
Des personnes dont je me souviendrais longtemps.
Parce que oui, le relationnel d'un point de vue travail dans le milieu n'est pas le même qu'ailleurs et ça peut créer de jolies relations humaines...
Je suis à mon compte depuis le début en tant qu'enseignante et cavalière jeunes chevaux.
Et je n'ai bossé que pour des personnes payant correctement, en temps et en heure, ainsi que les heures supp. Et en plus super d'un point de vue humain, où tu es content d'y aller le matin car on passe des bons moments à leur côté.
Et je vis très correctement depuis le début. Alors, bien sûre j'ai pas un salaire de cadre supérieur. Mais je gagne pas moins que toutes mes copines bac +5 embauchée à 2000€.
J'arrive donc tout à fait à payer mon loyer, ma jument, profiter de la vie avec des loisirs, comme quelqu'un de la classe moyenne.
Niveau boulot, oui faut pas avoir peur de bosser ni s'écouter trop physiquement.
C'est des journées hyper chargées, intenses où on ne s'arrête pas du matin au soir, sauf pour manger le midi.
Deux à trois fois par semaine, en plus de ma journée de 9h en écurie, je me remet des chevaux le soir à monter pour d'autres clients. Donc je peux faire des journées de 13-14h.
Bref ma semaine est vécue à 1000 à l'heure et je ne la vois pas passer.
Et ce rythme n'est pas donné à tout le monde, faut de la condition et du mental. Condition car c'est plusieurs heures de travail d'écurie chaque jour, plusieurs chevaux à monter, la fatigue physique parfois à surpasser. Et mental, car pas facile de s'enquiller des grosses journées alors qu'on a mal un peu partout, qu'on est crevé
D'ailleurs toutes les personnes avec qui j'ai bossé ont un gros caractère, vraiment... Je crois que c'est un point clé pour ne pas fléchir, pour pouvoir faire face aux tâches dures et aux côtés ingrats du milieu .
On ne s'écoute pas beaucoup, tant que les deux jambes marchent on va bosser même si on est malade, blessée de la veille...
Je sais que je fais des choses dans le boulot qu'une majorité de la population ne voudrait pas.
Après, pour moi dans ce milieu, il faut trouver un équilibre de vie. Je m'octroie 2 jours de repos par semaine si possible pleins pour réellement couper. Je me suis toujours interdit de prendre du boulot le dimanche sauf dépannage exceptionnel.
Niveau vacances, je prend seulement 2 semaines par an, mais c'est un rythme qui ne me dérange pas.
C'est vraiment important pour tenir, de savoir souffler.
Beaucoup de personnes ne le font pas dans le milieu dont une majorité de gérants pour qui je bosse.
Ils ne savent pas décrocher et c'est encore un peu ancré que sous prétexte que l'on est dans les chevaux, c'est d'être feignant de vouloir un dimanche ou un peu de vacances...
Mais les mentalités tournent depuis le confinement. Une grande partie des emplois sur le marché proposent de plus en plus des salaires décents, des conditions de travail sympa : horaire correcte, jours de congés, possibilité cheval et concours, logement...
Les gérants commencent à comprendre que désormais les personnes veulent aussi une vie un peu normale à côté.
Mais ce qui reste bizarre, c'est qu'aujourd'hui les écuries ont un mal de chien à recruter, alors qu'avant une place pourrie partait dans la semaine.
Beaucoup ne veulent plus trop bosser depuis les confinement. Et je crois aussi que l'équitation en générale ainsi que les formations pro ce sont démocratisés. On accepte un peu tout le monde et on fait croire à bon nombre de jeunes que ça va être que des soins aux chevaux, de la monte. Et que c'est facile d'y bosser, alors que la réalité est un peu plus complexe.
D'un point de vue indépendant, là, ça commençait à devenir compliqué à cause de la crise eco. Beaucoup ne prennent plus d'indépendant et préfère avoir un peu plus de boulot que de repayer un prestataire. Les matières premières ont tellement augmenté, que ça empute le budget recrutement.
Et moi, de mon côté, il a fallu augmenter les prix à cause de l'inflation du gazole, de la vie courante... Que du coup, difficile de trouver des écuries pouvant payer davantage.
Là je crois que ce sont les deux soucis actuels du milieu.
Je suis contente du coup de me lancer dans un nouveau projet : l'ouverture d'une écurie en association avec des éleveurs pour qui je bosse depuis le début.
Bref, des sacrifices en temps parfois, en énergie mais qui finissent par aboutir sur de beaux projets.
Donc perso je ne regrette pas du tout mon parcours pro, y suis épanouie.
Mais il faut faire sa place, ne pas tout accepter sous prétexte que l'on bosse dans les chevaux, et avoir un mental d'acier et un physique de fer !
