Bonjour à tous !
Je viens ici aujourd'hui pour vous faire partager ma remise en question de ces 6 dernières années concernant le monde équin et les décisions que j'ai prise suite à cette réflexion.
Après vous avoir fait partager ma vision des choses, je vous invite à me faire part de la vôtre, de vos remises en question, de vos évolutions...
Je serais ravie que l'on puisse tous échanger sur ce sujet, ce n'est que comme cela que les mentalités (parfois très très douteuses) du monde du cheval pourront évoluer...
Voilà ma "petite" histoire :
Je pense que comme tout le monde, j'ai commencé l'équitation dans le centre équestre près de chez moi. Je devais avoir 6/7 ans. Très rapidement, on m'a fait passé mon galop 1, puis le 2, puis le 3...
J'ai commencé à prendre des chevaux du club en demi-pension, durant l'été ou les vacances scolaires, je me faisais plaisir à tourner en rond dans mon manège. C'était quand même cool de pouvoir venir monté, soit en cours soit sur les demi-pensions quand je voulais, j'avais juste à les sortir du box, à me faire plaisir et puis retour au box. Super ! (Pour qui... ?)
J'ai ensuite passé les galops 4 et 5 et mes parents m'ont offert ma première jument à l'âge de 16 ans.
Les choses ont alors commencé à se corser.
Demi sang arabe de 15 ans, débourrée très jeune puis laissé au pré 11 ans... Aïe, aïe, aïe. J'ai pris une bonne claque !
Un matin, je suis aller au club, c'était les premiers jours où je faisais parti du cercle très fermé des propriétaire. Je suis arrivée avec mon super galop 5, droite dans mes bottes et pleines de convictions à la con : "C'est ma jument, elle va faire ce que je veux."
Cours toujours ma grande ! 5 minutes après que je lui ai grimpé sur le dos, elle m'avait déjà fichu par terre ! Sans parler qu'elle avait été infecte au pansage. Bon sang, mais quelle ingrate ! Elle avait tout pour être heureuse cette satanée jument : un super box tout confort bien paillé, à manger (de bons grains et du foin top qualité !), un ballon pour s'occuper, une vue imprenable sur l'écurie, que demander de mieux ?
Les mois ont passés, je n'avançais plus autant que je l'aurais penser. Les progrès n'était plus au rendez-vous, la jument se braquait et moi, j'étais frustrée. Jusque là, on peut se dire que c'est quand même pas une top expérience pour "son premier cheval"...
Etant une battante, je n'ai jamais voulu renoncer et j'ai cherché des réponses. Dans un premier temps, je me suis donc penchée vers une personne de confiance à mes yeux : ma coach.
Avec du recul, ça a été la
pire décision de que j'ai pu prendre. Selon la coach, c'était une jument difficile et caractérielle qui "méritait qu'on la matte un peu". Alors moi, ben j'ai voulu la matter. On l'a changer de box, un peu plus petit, dans une partie sombre de l'écurie avec peu de passage et pas de contact avec les congénères. J'y ai ajouté une jolie teinture de box, parce qu'elle devenait agressive avec les autres chevaux qui passaient. Puis on a changé de mors, parce qu'elle avait la "bouche dure", passant ainsi d'un double brisure à un bon vieux pessoa (avec ou sans alliance, ça dépendait de l'état émotionnelle de la bête). Elle a bouffé je ne sais pas combien de séance de longe, enrênée à chaque fois, parce qu'il "fallait la faire travailler et la mettre aux ordres !" selon la coach. Bon ok....
Après plusieurs semaines, son comportement et notre relation s'étaient terriblement détériorée, à un tel point que je ne voulais même plus aller la voir...
A ce moment là, j'ai commencé à avoir de gros doutes sur cette nouvelle méthode (révolutionnaire !), j'ai donc encore cherché ailleurs, et autres choses.
Je me suis plongée dans des livres, sur internet, dans des articles, sur les forums... La remise en question était en route. Je l'ai d'abord changé d'environnement : elle est passée en extérieur, dans un grand champs 24/24h avec un groupe de copains. Nous avons toutes les 2 fait un break de 2 mois sur la période d'été. Ce n'était pas facile de voir toute mes copines cavalières partir en balade, se baigner, monter, partir sur le cross,..., alors que moi je me contentais de lire mes bookins/articles/revues sous le pommier dans le champs de ma jument.
Durant cette période, j'ai beaucoup appris sur le comportement, le bien être, les besoins de chevaux, et aussi sur ce qu'on appelle de nos jours l'équitation éthologique, notamment avec La Cense et Elisabeth de Corbigny.
Entre temps, j'ai redécouvert ma jument, on a appris à apprécier de passer du temps ensemble. Je venais juste pour la brosser, lire, lui amener des pommes... Ce que certains appellent des visites gratuites. Quant à ma jument (dont je ne vous ai toujours pas dit le nom, nan sans blague, elle s'appelle Fantasque), elle a totalement changé de comportement, elle s'est apaisée et est devenue agréable.
En Septembre, nous avons repris le travail à 0 avec ce que j'avais appris durant l'été, sans coach. Nous avons donc pas mal travaillé au sol, sur la confiance et le respect mutuelle. Ceci s'est développé au fur et à mesure. Finalement fin Octobre, je me suis remise en selle. J'ai de nouveau appliqué ce que j'avais appris. On peut dire que ça a marché en parti, elle restait cependant très braquée sur son mors (simple double brisure) quoique je fasse. La solution s'est alors présenté à moi très simplement : pourquoi ne pas enlever ce mors qui nous bloque tant ? J'ai donc essayé et ça a été une
révélation.... J'ai rapidement acheté un hackamore à branche courte et nos progrès ont enfin été au rendez-vous...
Malheureusement, l'hiver est revenu et dans ma région (grand Est) à 1200m d'altitude, c'est compliqué de garder les chevaux dehors en hiver. Elle est donc retournée dans son premier box, avec foin et granulé 2 fois par jour. Très rapidement, elle est redevenue très chaude, voir même ingérable tant en intérieur qu'en extérieur. Notre relation ne s'est pas dégradée, mais elle m'a plusieurs fois mise en danger et j'avais peur que perdre ce que j'avais eu tant de mal à construire. Je passais donc le matin avant d'aller au lycée la mettre au paddock avec son voisin de box, et je la rentrais le soir (ou la proprio de l'autre cheval). Ceci a en parti réglé mon soucis, mais c'est quand le vétérinaire est passé faire le vaccin annuel, que j'ai pris conscience d'une chose : l'alimentation est hyper importante chez le cheval. Ma jument avait 2 fois 4L de grains par jour, avec de l'avoine. Mais bon qu'est ce qu'on connait des besoins alimentaire du cheval à 16 ans ? Rien. J'ai supprimé l'aliment granulé et l'ai remplacé par des fruits et légumes frais en hiver, histoire qu'elle ne soit pas frustrée de rien avoir et de diversifié son alimentation en plein hiver quand ils ne mangent que du foin sec. Son comportement est redevenu normal et nous avons continué à avancer.
Ca n'a pas été facile tout les jours, surtout quand je me rendais compte de ces limites : peu de moyens en saut (on enchaînait à peine sur 80cm), peu de qualité en dressage, pas de patience, elle prenait peur rapidement de tout malgré notre travail... Bref. Beaucoup m'ont dit de la revendre et d'acheter un autre cheval comme pas mal de mes amies l'avaient fait, histoire de me faire enfin plaisir. Chose que je n'ai évidement pas faite, je tenais trop à elle. Le temps a continuer à passer et nous avons approfondis notre relation. Durant l'année qui a suivi, j'ai abandonné le CSO qui ne lui plaisait pas du tout et nous avons commencé le horse ball (pour s'amuser entre amis hein, pas de gros match...). Elle se faisait plaisir à courir vite partout en tout cas
Le printemps revenu, j'ai pris la décision de la faire pouliner. J'avais entendu dire que c'était un grand moment dans la vie d'une jument et elle n'avait jamais eu de poulain avant. L'expérience était risqué vu son âge (16 ans) mais j'ai eu le feu vert du véto si suivi régulier. Elle a donc passé une année à ne rien faire du tout mise à part apprécier les papouilles

Moi je montais d'autres chevaux, j'ai donc progresser encore un peu.
Fantasque à quelques jours du terme, dehors...
En Mai 2011, elle a donné naissance à un superbe petit poulain, qui est aujourd'hui mon compagnon de vie, mais j'y reviendrais. Après le sevrage (Janvier 2012), nous avons repris le travail et nous nous sommes lancé dans le spectacle, en créant un carrousel à 10. Nous devions le présenter en Aoùt 2012 à un festival équestre régional, le soir, sous chapiteau lors du grand cabaret. Tout le monde pensait que j'étais folle de le faire avec elle, mais elle a été exemplaire du début à la fin... Contrairement à certains autres chevaux "de valeurs" présents ce soir là.
Nous sommes en violet
Naissance de By Night
Après cette expérience plus que positive, j'ai pris la décision de la mettre en pré retraire, elle avait 17 ans. Je commençais d'ailleurs mes études à 2h de la maison, il ne me restait que le week end pour l'emmener se promener ou jouer avec elle. En Octobre 2013, après plusieurs mois de boiterie sans raison, il lui a été diagnostiqué un calcification sur l'articulation du pied de l'antérieur droit, elle sera boiteuse à vie. Je l'ai alors sorti du centre équestre de façon définitive et l'ai mise dans une pension retraite à 5min de chez mes parents avec une immense champs (accès 24/24h toute l'année !!!!), stabulation libre, foin à volonté et une quinzaine de copains, la vie de rêve quoi... Enfin ! Depuis je vais la voir dès que je rentre chez mes parents, sinon c'est ma mère qui s'occupe d'elle et qui me donne des nouvelles quotidiennement
Fantasque en Novembre 2015, à 22 ans ! Et toutes ces dents !
Mais j'en oublie le principal ! Petit poulinou ! Mon magnifique By Night ! J'avais fais des recherches au moment du sevrage, et de ces 9 mois à ses 2 ans et demi, il s'est retrouvé au champs avec un groupe d'autres poulains (du même âge ou avec 1 voir 2 ans de plus) et 2 juments matures (12 et 18 ans). Il a ainsi vécu sa vie de poulain sans trop que j'intervienne, je voulais qu'il profit pleinement de sa vie de bébé avec les copains et qu'il se sociabilise avec les siens. J'allais le voir à raison d'une fois par moi, sachant qu'il se trouvait à 2h de route (champs plus bas en altitude pour le laisser dehors tout le temps).
Je l'ai emmené avec moi lorsque je suis parti pour mes études en Septembre 2012 et avec lui ça a été le rêve de A à Z. J'ai encore appris plein de choses avec lui et la remise en question a été constante depuis son arrivée.
En parallèle, j'ai trouvé mon futur fiancé au centre équestre (quand j'avais Fanfan en fait) et il a lui aussi trouvé une jeune jument du même âge que le mien. Nous avons donc avancé ensemble.
Il faut savoir qu'en une année, nous avons changé de pension 3 fois. Malheureusement rien ne nous convenait. Soit les chevaux n'étaient pas en groupe dehors, soit trop en box, soit la nourriture n'était pas top, où alors l'état des box, bref l'horreur pour nous... Tout ça pour dire qu'en Mai 2015, nous avons pris la décision de nous trouver un chez nous, et de ramener les chevaux chez nous, toujours dans une optique de bien être. Je ne supportais plus de voir les chevaux enfermés en box dans des écuries, s'énervant contre les parois des box...Un cheval n'a rien à faire la dedans ! Bref
Nous avons donc récupéré une super ferme avec du terrain. Les chevaux sont vers nous en hiver et en plein été (quand ça tape bien), dans un hectare de prairie (avec 6 pommiers s'il vous plait !) avec accès a une stabulation de 12*6m pour 2. Ils ont accès dehors comme il le souhaite. En hiver idem, avec foin à volonté ! Le top pour leurs petits estomac si fragile. Pas de grains car un bon foin suffit ! Nos chevaux ne sont pas des granivores mais des herbivores, pensons à leurs systèmes digestifs. Au printemps et en automne ils sont dans d'autres champs proches de la maison pour laisser reposer la pâtures attenante à la stabulation.
En Mai 2014 est arrivé le moment du débourrage pour mon petit poulinou. On avait déjà pas mal travailler au sol car j'adore ça et lui aussi ! J'ai fait pas mal de recherche la dessus parce que c'est une étape importante et je ne voulais ni la confier à quelqu'un, ni me faire aider. Je n'ai plus repris de cours depuis que ma coach m'avait conseillé des trucs nazes avec ma jument, j'ai tout réappris en autodidacte depuis ce jour. Je n'ai aucune confiance en les professionnels du monde du cheval actuels, vu les horreurs que je vois parfois sur les terrains de concours ou dans les clubs...
Finalement, je ne l'ai jamais débourré. Si, si. Un jour, après avoir pas mal jouer, je me suis mise à cru sur lui dans le champs et voilà : il acceptait le cavalier. Le lendemain je partais en balade montée, tenue par une amie et le surlendemain nous partions sans être tenus mais avec un cheval d'école. Du coup, j'me dis que j'ai loupé un wagon vu que j'ai pas eu de rodéo, non ?
On peut me dire que j'ai un cheval facile, mais je le prends comme un compliment, c'est le travail qui nous a mener ici pas son caractère...
2 jours après son "débourrage"
Mon By Night, n'a jamais vu un mors dans la bouche. Il a toujours été travailler en licol en corde ou même en cordelette et ça marche ! J'ai refusé le mors car je trouve ça barbare et j'ai la preuve qu'on arrive au même résultat sans. Les personnes qui ont osé me dire qu'on a pas de direction/frein/précision sans mors ont fait un petit tour sur Night et on vite changé d'avis... Comme quoi ! Alors ok, à 5 ans il n'enchaîne pas 1m, il n'est pas prêt pour les cycles libres, il ne se tient pas avec la nuque comme point le plus haut, mais on avance ensemble, selon SES besoins. C'est l'une de mes plus grandes remises en question : arrêter de toujours vouloir faire comme on a toujours fais sans se poser de questions.
Quand on sait qu'un cheval finit sa croissance vers 7/8 ans, on comprends facilement que quand on travaille trop tôt, trop vite et trop dur, ça ne va pas les aider à aller plus loin que 15 ans en compétitions, 20 ans en retraite.. Bref. J'ai donc bannis les enrênements et les séances en longe, les grands amis des centres équestres (en général hein...) que je trouve anti-pédagogique et contre productif... Mon cheval apprends à se tenir seul, il trouve son équilibre par lui même et si j'ai besoin de le muscler, on va marché dans l'eau ou on fait des sorties en extérieur. C'est quand même plus intéressant que tourner en rond saucissonné, non ? Enfin c'est mon point de vue...
Août 2015
Cet hiver, nous n'avions pas d'infrastructures étant donné que les chevaux sont à la maison. Ils ont donc passé l'hiver à ne faire qu'une balade par semaine, sans autre travail. Beaucoup m'ont encore prise pour une folle, car mon cheval serait ingérable au printemps sans avoir travailler de l'hiver. Je n'ai eu aucun soucis lors de la reprise, mise à part un petit manque de souffle et d'endurance, rapidement corrigé.
By Night, le 12 Mai 2016. Oui il y a 2 jours.
Je ne crois pas au crise d'adolescence des chevaux, mon jeune a actuellement 5 ans. Soit c'est un problème physique (douleurs, selle pas adaptée, croissances, dents qui poussent, mauvais entrainement...) soit un problème psychologique (pas de satisfaction des besoins fondamentaux : bouger, avoir des contacts sociaux avec leurs congénères, manger en continu...) ou alors c'est de l'éducation. Je pense ne pas avoir raté son éducation. Il est à jour dentiste, ostéo, saddle fitter, drainage, podologue...
Oui oui, podologue. Ma dernière remise en question avant de terminer mon roman et de vous laisser la parole ! Mon cheval n'a jamais été férré et ne le sera jamais. Mes recherches m'ont mené à la conclusion suivante : le non vivant ne convient pas au vivant. Je n'ai jamais eu de soucis de pied, il est parfois un peu sensible, mais je n'en fais pas tout un plat et il marche ou il le souhaite, sinon je lui met ses hipposandales. Je ne graisse/huile jamais ses pieds, ça les fragilise. Je fais moi même le parage suite aux conseils de mon podologue, qui passe vérifier de temps en temps (tout les 3 mois).
Voilà pour ma petite histoire, je pense ne rien avoir oublier. Enfin si, mon message pour vous.
Surtout pensez à vos compagnons avant de penser à vous, la club élite de CSO de dimanche n'a que peu de valeur si votre cheval va mal...
Remettez vous en question, sans cesse, sur tout. Pour moi ça a été sur le mode de vie, mode d'alimentation, sur le mors, sur le travail, sur le sans fer... Chercher des réponses, ne vous contentez pas de "On a toujours fais comme ça". Si quelques choses vous perturbe, posez-vous des questions !
By Night est avant tout mon compagnon, mon coéquipier, on travaille en équipe, quand il ne veut pas, il a le droit... Quand ça ne va pas, je cherche pourquoi.
Pour moi notre relation et son bien être passent avant le travail... Je suis peut être utopiste mais je tiens à mon ami équin !
Bonne lecture et j'attends vos témoignages !
