Mon cheval en pleine crise d'adolescence

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Irischoux

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 09/06/2016 à 09h10

Salut à tous !
J'ai mon PRE de 7 ans assez Tardif qui rentre en pleine crise d'adolescence.
Je m'explique
On a déménagé d'écurie début avril, il était sage il s'adapte plutôt bien aux changements en general.
Mais depuis quelques temps il commence à sans cesse le tirer pour aller brouter quand je le tient en longe, chose qu'il ne faisait pas avant, je le recadre mais ça l'énerve et l'autre jours il s'est carrément mis debout Pck il etait pas content.
Il veut toujours me passer devant mais sans tirer par contre, en faisant le "kéké" avec ses allures d'espagnol.

Niveau monte, il est toujours énervé, difficile de l'avoir calme, même si il reste gerable vu qu'il ne tire jamais il a tendance à chauffer, chose qu'il ne faisait JAMAIS avant.
Je pense surtout qu'il commence à prendre conscience de sa force.

En balade avant j'avais un cheval calme, je sortais toujours rênes longues, aujourd'hui impossible, il trottine sur place et veut toujours accélérer.

Voila si quelq'un veut bien m'aider à trouver une solution ou tout simplement des conseils à donner je suis preneuse, je veux pas faire durer ça et j'aimerais vite reprendre la main sur lui.

Tidesigual

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 10/06/2016 à 13h22

il n'est pas normal ni même sécuritaire d'avoir un cheval qui a peur de la cravache ou du stick.
Là encore, je parle en connaissance de cause ... le mien était ultra flippé du stick ( suite à des mauvais traitement je pense)
j'ai mis du temps ( 1 an) mais en y travaillant 2/3 fois la semaine, aujourd'hui je peux agiter le stick, le toucher partout, et surtout m'en servir dans le travail à pied pour obtenir ce fameux duo respect/confiance primordial.
Il y a plusieurs méthodes de désensibilisation. Je me suis faite encadrer par une personne ayant fait la formation de la Cense pour ma part.
Tu agites le stick d'abord un peu loin puis tu te le rapproches, tant que ça bouge tu maintiens dans l'inconfort, dès que le cheval se calme tu enlèves le stimuli négatif ...
le mieux c'est de travailler avec quelqu'un qui a déjà désensibilisé un cheval puisqu'avec quelque soit le stimuli le principe confort/inconfort est le même
je ne monte jamais avec une cravache parce que ma cocotte minute n'en n'a nulle utilité mais je pourrais désormais me le permettre ce qui était impensable il y a 1 an

Wintershine

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 10/06/2016 à 13h27


tidesigual a écrit le 10/06/2016 à 13h22:
il n'est pas normal ni même sécuritaire d'avoir un cheval qui a peur de la cravache ou du stick.
Là encore, je parle en connaissance de cause ... le mien était ultra flippé du stick ( suite à des mauvais traitement je pense)
j'ai mis du temps ( 1 an) mais en y travaillant 2/3 fois la semaine, aujourd'hui je peux agiter le stick, le toucher partout, et surtout m'en servir dans le travail à pied pour obtenir ce fameux duo respect/confiance primordial.
Il y a plusieurs méthodes de désensibilisation. Je me suis faite encadrer par une personne ayant fait la formation de la Cense pour ma part.
Tu agites le stick d'abord un peu loin puis tu te le rapproches, tant que ça bouge tu maintiens dans l'inconfort, dès que le cheval se calme tu enlèves le stimuli négatif ...


Ca s'apelle du flooding et mene a l'impuissance acquise. Desensibiliser sur une base de confiance est autre chose.

Tidesigual

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 10/06/2016 à 14h18

... mais l'un n'empêche pas l'autre ...

j'ai exposé une méthode, méthode qui par ailleurs, a fait certaines preuves.
Je n'ai pas dit que c'était parole d'évangile.
J'ai bien précisé la nécessité de se faire encadrer.
Maintenant on en pense ce qu'on en veut, le fait est que cette méthode a le mérite d'exister et d'avoir donné de très bon résultats sur mon cheval qui a acquis une confiance en moi très satisfaisante ....
la personne auteur du post choisira parmi les réponses les plus appropriées à son cas ...

Tidesigual

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Posté le 10/06/2016 à 14h52

pour aller plus loin ...

tu peux travailler soit principe confort/inconfort sans dépasser le seuil de tolérance du cheval donc en renforcement négatif ( tu supprimes le stimuli désagréable lors d'une réponse qui te convient)

ou en renforcement positif ( tu ajoutes une récompense gustative ou tactile) quand la réponse du cheval est acceptable.

perso j'utilise les deux, en alternance et/ou sur des exercices précis et surtout en fonction des réactions de mon cheval, réactions différentes de celles du cheval du voisin

Patooo

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Posté le 11/06/2016 à 12h58


wintershine a écrit le 10/06/2016 à 13h27:


Ca s'apelle du flooding et mene a l'impuissance acquise. Desensibiliser sur une base de confiance est autre chose.


Bonjour,
tu pourrais développer ce terme d'impuissance acquise et de flooding je ne connais point ces termes et cela m'intéresse d'avoir une autre approche sur la question

Tidesigual

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Posté le 13/06/2016 à 09h43

l'impuissance acquise pour résumer c'est la "résignation".
"Je ne peux rien faire pour empêcher une action de se produire donc je me résigne à la supporter" ... c'est une posture qui peut conduire à la "dépression" puisque tu finis par te sentir totalement incapable d'agir sur les contraintes qui s'imposent à toi.

Là où je ne suis pas du tout d'accord sur l'évocation de l'impuissance acquise vis à vis du stick agité devant le cheval c'est que le cheval peut tout à fait agir et en l'occurrence fuir puisqu'il n'est tenu que par une longe et par un humain au bout ...

j'ai peut être mal expliqué.

Quand j'agite le stick ou peu importe le stimuli désagréable, le cheval fuit, je le suis avec le stimuli désagréable jusqu'à ce qu'il se calme ... et quand il se calme et se remet en position sereine alors je retire le stimuli négatif donc ... on peut en déduire que le cheval a tout à fait la capacité d'agir, il faut juste qu'il effectue un choix entre 2 comportements. Le mauvais : Fuir qui ne le lui apporte qu'inconfort
le bon : se calmer qui lui apporte immédiatement un confort puisque arrêt de l'inconfort.
C'est tout sauf de l'impuissance.

Je veux bien qu'on me dise que c'est une acquisition d'un comportement non naturel, car en limitant la fuite d'une proie devant ce qu'elle considère comme un danger, on intervient dans un comportement naturel et totalement acceptable d'un point de vue " cheval" mais ce n'est pas du tout de l'impuissance acquise puisque le cheval doit choisir entre 2 comportements et ne se résigne pas si cela est bien fait, dans la confiance et dans le calme.

non ?

Narce

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 13/06/2016 à 10h23

Débat très intéressant auquel je vais apporter ma contribution.

Je travaillais beaucoup avec cette notion de "j'agite l'objet qui fait peur jusqu'à ce que le cheval arrête de bouger". Au final après beaucoup de réflexion, je n'aime pas du tout cette manière de faire car je trouve que ça stresse énormément le cheval. Or, je cherche à obtenir tout l'inverse : un cheval qui reste calme et accepte de me suivre vers l'objets de sa peur.

Du coup je travaille un peu différemment. On s'approche (et non j'approche l'objet) de l'objet tranquillement et au rythme du cheval. Une fois que ça c'est acquis, on peut commencer à lever l'objet en l'air et ainsi de suite jusqu'à mettre l'objet sur le cheval (si c'est une bâche par exemple). Mais toujours rester dans l'optique que le cheval ne doit pas être stressé par nos gestes et qu'on doit aller à son rythme, quitte à faire plusieurs séances. Il est important de faire en sorte que le cheval ne cherche pas à fuir, sinon ça veut dire qu'on est allé trop loin dans nos gestes.

Cette manière de faire a considérablement fait évoluer la relation que j'ai avec ma jument. A partir du moment où je suis partie sur cette base de travail, ma jument a complètement évolué et pris confiance en elle (et en moi accessoirement).

Tidesigual

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Posté le 13/06/2016 à 10h41

je suis totalement d'accord avec le principe de " si le cheval cherche à fuir c'est que mon immersion à été trop forte". Je pratique de la même manière en amenant très progressivement le stimuli négatif et non pas en étant une folle furieuse agitant son stick d'un air menaçant. Avec un animal traumatisé cela ne ferait effectivement que renforcer son traumatisme et surtout l'amener à considérer que son " humain" est parfaitement dérangé mentalement et donc indigne de confiance.

En revanche comment on amène doucement un cheval vers une tondeuse en marche ? si ce n'est en le désensibilisant progressivement à l'objet ?
un cheval en parfaite santé mentale n'ira pas sciemment à la rencontre d'une tondeuse.

j'ai procédé avec la tondeuse comme avec le stick, par immersion progressive et non invasive ... à savoir que j'ai essayé de monter au cheval qu'il n'y avait pas de crainte excessive à avoir de l'objet. Qu'il ne lui arriverait rien de douloureux à " supporter cet objet". J'ai aussi utilisé le renforcement positif c'est à dire j'agite le stick/je donne une friandise. J'allume la tondeuse/je donne une friandise. Histoire d'obtenir un conditionnement positif.
J'ai réussi à tondre le cheval sans le tranquilliser ce qui était impensable au début mais je n'ai encore jamais réussi à atteindre les oreilles, je ne fais pas non plus les membres c'est trop pour lui..

Si d'autres membres sont parvenus à obtenir des "désensibilisations", de quelques manières que ce soit, il serait intéressant d'en échanger ensemble. Personne n'a raison ni tort ( à moins d'être violent ou cruel évidemment) ... l

Bysoutchoup

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 13/06/2016 à 10h54

narce

Narce, j'aime beaucoup le fruit de ta réflexion!
Je procède dans l'autre sens, mais avec la même idée "d'adapter au cheval".

C'est à dire que c'est moi qui amène l'objet qui dessensibilise, mais en adaptant l'intensité et l'approche à "la tolérance" du cheval.

Il est clair que lorsqu'on dessensibilise un grand émotif, on ne commence pas par lui imposer de grands moulinets au dessus de sa tête avec cet objet qui le terrorise (j'exagère exprès les choses! ), on va peut être juste commencer par l'approcher doucement de lui et peut-être simplement se contenter de poser la pointe au sol sans l'agiter...
Ce n'est que lorsque cette première approche le laissera de marbre, que j'augmenterais très graduellement la difficulté, quitte à revenir "en zone de confort" si je sens que ça va trop vite pour lui...



Bref, comme toi, je vais être très attentive à ne pas générer de stress (du moins de stress important, car quand on dessensibilise, ça génère forcément un minimum d'inquiétude, sinon, c'est que la dessensibilisation est déjà faite!) .

Les chevaux, n'apprennent pas quand ils stressent , donc c'est vraiment primordial, de s'adapter à la sensibilité individuelle de chaque cheval, pour précisément lui proposer les "exercices" dans l'ordre et l'intensité qui leur conviennent...
Par exemple, quand on dessensibilise au stick, on s'aperçoit que pour certains, ce qui est difficile (et effrayant), c'est de remuer le stick au sol, à côté de leur pieds, alors que pour d'autres, cette étape ne sera pas forcément la plus dure, mais ils auront la trouille du stick qui "arrive" du haut et se pose (ou reste au dessus de leur dos)...

C'est vraiment très individuel, c'est pour ça que sur un forum, on ne peut pas expliquer comment dessensibiliser, sans connaître le cheval, il faut vraiment faire au rythme de chacun!

Édité par bysoutchoup le 13-06-2016 à 11h01



Couagga

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 13/06/2016 à 11h10


Citation :
Quand j'agite le stick ou peu importe le stimuli désagréable, le cheval fuit, je le suis avec le stimuli désagréable jusqu'à ce qu'il se calme ... et quand il se calme et se remet en position sereine alors je retire le stimuli négatif donc ... on peut en déduire que le cheval a tout à fait la capacité d'agir, il faut juste qu'il effectue un choix entre 2 comportements. Le mauvais : Fuir qui ne le lui apporte qu'inconfort
le bon : se calmer qui lui apporte immédiatement un confort puisque arrêt de l'inconfort.
C'est tout sauf de l'impuissance.


« Fuir qui ne le lui apporte qu'inconfort » au contraire, la fuite est une réponse comportementale naturelle qui permet de se soustraire à un stress et donc de retrouver du bien-être. Empêcher la fuite du cheval lorsqu’il le souhaite c’est le maintenir dans une situation de stress.

Le cheval n’est pas un animal vindicatif par nature, il est facilement impressionnable. C’est juste pour cela qu’il se soumet facilement dès lors qu’on s’affirme face à lui. Il ne mesure pas qu’il a la capacité de se soustraire aisément à la longe tant qu’il n’a pas osé le faire. C’est tout le problème pour lui : oser. D’autant plus qu’accepter d’être retenu par longe et licol est un des premiers apprentissages du poulain, il est conditionné à ça avant tout le reste. Il est donc bien dans une sorte d’impuissance mentale lorsqu’il cesse de réagir à quelque chose qui lui est pourtant désagréable.

Donc, sous la contrainte, si on l’empêche de fuir il n’a qu’un seul choix : se soumettre puisqu’on lui fait croire par la longe et l’autorité, que la fuite n’est pas possible. Le choix est faussé par la longe, les barrières du rond de longe, celles de la carrière…

Il suffit de faire l’exercice en plein champ et sans tenir le cheval en longe, je doute qu’il choisisse le contact du stick plutôt que d’aller brouter plus loin ! Là son choix est véritablement possible : accepter le truc désagréable ou s’y soustraire.

Pour comprendre objectivement la situation du cheval, il faut sortir de sa représentation humaine et tenter de prendre celle du cheval sans y projeter nos intérêts. Un exercice difficile.

Pourquoi ne pas aborder les choses sous un angle agréable pour lui, tout de suite, à chaque fois que cela est possible ? Surtout que cela est possible bien plus souvent qu’on ne le croit

Il faut sortir au maximum des processus de conditionnements avec des renforcements négatifs et des punitions. Il faut intéresser, démontrer, motiver, proposer, récompenser plutôt qu’imposer. Sortir de ce schéma binaire et tellement réducteur « confort »/inconfort qui use et abuse de stimuli désagréables jusqu’à ce qu’il cède. Surtout que dans ce type de processus le « confort » est trop souvent une interprétation très subjective de l’humain puisqu’il intervient sur la base du renoncement.

Il faut présenter les objets, les faire sentir, les abandonner, encourager les approches, les regards, les prises de contact dont l’initiative doit seule revenir au cheval au début. Puis il faut le familiariser aux gestes, aux bruits, progressivement, en laissant toujours voir, sentir, toucher. C’est sûr que laisser le cheval tester, réfléchir et choisir par lui-même ça demande 20 fois plus de temps que de conditionner avec un désagrément/renoncement. 20 fois plus de temps pour des progrès millimètre par millimètre. 20 fois plus de temps car il faut trouver le moyen de le séduire plutôt que de l’obliger . Quel est donc l’avantage ?

L’avantage c’est de développer le dialogue et la confiance en permanence. Je ne suis pas à l’origine de ce qui est désagréable, au contraire. Je ne suis pas à l’origine de ce qui fait peur, au contraire. Je nourris la curiosité naturelle, j’apporte des motivations, de la sécurité, du réconfort. Bien sûr je me fais respecter, c’est une question de sécurité mais je n’abuse pas de la contrainte dans les apprentissages tant que je peux passer par des processus collaboratifs.

Cela change considérablement la nature de la relation que l'on peut avoir avec son cheval. Il faut de fait savoir aussi prendre en compte les limites de sa tolérance.

Tidesigual

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 13/06/2016 à 11h42

couagga

comme bien souvent je partage ton avis.

Ceci dit ... comme dit précédemment il est des expériences vécues par un cheval en particulier, qui sont ancrées en lui comme une sorte de réponse systématique ... j'essaie de faire en sorte, peut être à tort, à ce que le mien comprenne que la fuite n'est pas la seule réponse possible. Evidemment l'instinct naturel d'une proie est de fuir le danger donc il faut parvenir à faire comprendre au cheval que cet instinct naturel n'est pas "nécessaire" devant un stick tout en lui indiquant qu'il faut tout de même le respecter.
Je peux difficilement expliquer point par point comment je procède sur un forum mais ce que je constate c'est que travaillant souvent en liberté, mon cheval n'est pas dans une attitude de résignation, sinon, il ne reviendrait pas spontanément à moi, le stick en main. J'en conclus que j'ai partiellement réussi à lui faire passer sa peur du stick et surtout à lui faire comprendre qu'entre mes mains cet objet n'est pas un danger pour lui. J'avoue en revanche que si je commence à agiter le stick comme une cinglée, le cheval va certainement devenir totalement hystérique....
Je suis toujours prête à apprendre et à me remettre en question mais j'aimerais sincèrement voir comment on procède en pratique sans aucun moyen contraignant à faire accepter l'inacceptable à un cheval ...
je comprends ta démarche avec un poulain parce qu'il n'est pas encore traumatisé par les mauvaises actions des hommes qui l'entourent
mais s'agissant de rééducation, comment procéder autrement ?

Je veux bien sortir du système binaire confort/inconfort mais il est quand même à la base de l'équitation classique. Qu'Est-ce qui provoque le mouvement en avant chez le cheval ? une pression de jambe. S'il répond par le mouvement en avant, la pression s'arrête. Cette pression est non violente, non invasive, mais elle est quand même un principe coercitif. La seule solution pour le cheval c'est d'aller en avant. Qui utilise d'autres moyens pour faire avancer le cheval que ce système de confort/inconfort ?

Édité par tidesigual le 13-06-2016 à 11h43



Couagga

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Posté le 18/06/2016 à 22h59


tidesigual a écrit le 13/06/2016 à 11h42:
@couagga

comme bien souvent je partage ton avis.

Ceci dit ... comme dit précédemment il est des expériences vécues par un cheval en particulier, qui sont ancrées en lui comme une sorte de réponse systématique ... j'essaie de faire en sorte, peut être à tort, à ce que le mien comprenne que la fuite n'est pas la seule réponse possible. Evidemment l'instinct naturel d'une proie est de fuir le danger donc il faut parvenir à faire comprendre au cheval que cet instinct naturel n'est pas "nécessaire" devant un stick tout en lui indiquant qu'il faut tout de même le respecter.
Je peux difficilement expliquer point par point comment je procède sur un forum mais ce que je constate c'est que travaillant souvent en liberté, mon cheval n'est pas dans une attitude de résignation, sinon, il ne reviendrait pas spontanément à moi, le stick en main. J'en conclus que j'ai partiellement réussi à lui faire passer sa peur du stick et surtout à lui faire comprendre qu'entre mes mains cet objet n'est pas un danger pour lui. J'avoue en revanche que si je commence à agiter le stick comme une cinglée, le cheval va certainement devenir totalement hystérique....
Je suis toujours prête à apprendre et à me remettre en question mais j'aimerais sincèrement voir comment on procède en pratique sans aucun moyen contraignant à faire accepter l'inacceptable à un cheval ...
je comprends ta démarche avec un poulain parce qu'il n'est pas encore traumatisé par les mauvaises actions des hommes qui l'entourent
mais s'agissant de rééducation, comment procéder autrement ?

Je veux bien sortir du système binaire confort/inconfort mais il est quand même à la base de l'équitation classique. Qu'est-ce qui provoque le mouvement en avant chez le cheval ? une pression de jambe. S'il répond par le mouvement en avant, la pression s'arrête. Cette pression est non violente, non invasive, mais elle est quand même un principe coercitif. La seule solution pour le cheval c'est d'aller en avant. Qui utilise d'autres moyens pour faire avancer le cheval que ce système de confort/inconfort ?


Une de mes jument est loin d'être un poulain et je peux te dire, que les crises de panique, les hyper réactions et la rétivité dûes à un tempérament émotif doublé de l'expérience de la brutalité humaine, je connais.
Je comprends qu'il est très dur d'exposer tous ça par écrit. Moi-même en te répondant, j'aurais tant de choses à dire, je ne sais pas par où commencer...Il faudrait écrire un livre !

oui nous usons de pression, parfois mais on peut souvent s'en passer et en tout cas ne pas être désagréable, ne pas faire ressentir la contrainte comme une coercition. Pour moi, l'équitation et l'éducation sont surtout une affaire de séduction du cheval. ce mot "pression" véhicule déjà du "trop" dans l'action du cavalier ON doit chuchoter avec nos aides. Tout doit être un murmure, pour juste capter l'attention, puis guetter un sens de réponse adéquate qu'il faut immédiatement valider. on encourage la recherche du cheval et on joue à "chaud/froid".

Je suis issue d'un enseignement classique un peu ancien, j'ai eu la chance d'être encadré par des cavaliers, hommes de chevaux, remarquables par leur qualité, leur rigueur et leur amour infini du cheval, leur humilité. Du coup, j'ai du mal avec ces "nouvelles" méthodes, cette équitation "éthologique" qui me semble à moi réinventer l'eau tiède en moins bien. C'est un peu un ersatz de l'enseignement que j'ai reçu il y a plus de 30 ans... Confort/inconfort, c'est tellement réducteur, ça manque tellement de sentiments équestres... Les chevaux ont tellement plus de ressources, de finesses, de perméabilité...Mêmes les plus traumatisés d'entre eux... Seulement avec ces derniers, c'est encore plus délicat, en patience, en finesse, en humilité, en justesse...

En même temps, pour avoir connu la dégringolade du niveau d'enseignement, je mesure aussi combien ces méthodes ont pu aussi sauver les meubles et réïntroduire des notions essentielles. Donc pourquoi pas.

Non l'équitation classique n'est pas un conditionnement primaire usant de coercition.

J'ai participé à quelques débourrage dans ma vie. Pas besoin de presser les jambes. Un léger mouvement de l'assiette suffit si on n'a pas matraqué le poulain dans les apprentissages qui ont précédés.

Jean-Claude BARREY a pas mal travaillé sur la notion d'isopraxie (mise en cohérence des mouvements cavalier/cheval). Il a formalisé des notions intuitivement pratiquées par pas mal d'écuyer anciens. Cette façon de faire est plus naturelle, mieux reçu, moins inquiétante. ET même si on doit serrer les jambes, encore une fois est-il vraiment besoin d'enserrer le poulain excessivement

Les anciens parlaient d'un juste dosage des aides. Le seul nécessaire. Si le seul nécessaire est un touché de la valeur du poids d'un mouche pourquoi faire plus ? Et alors, où est la pression ?

Pour les chevaux qui ont subit des outrages, de ce que j'ai appris, de ce que j'ai expérimenté, il convient d'abord de les apaiser, de les calmer, de les flatter, de les rassurer, de ne pas se laisser berner par leur excès qui ne sont que l'expression de la peur et non de l'agressivité ou du vice. Même si parfois ils font peur

"Etre juste" est aussi un ordre donné par les anciens. Ne pas se laisser brutaliser, se faire respecter mais ne pas aller au delà que le stricte nécessaire pour obtenir la sécurité. Le respect se gagnera plus tard, avec la confiance. Avant il faut apporter la preuve qu'on est différent de ceux qui ont précédés, qu'on usera jamais des mêmes voies de communication ou de domination.

Oliveira disait : "faites en un ami". Et bien c'est le premier travail à faire avec ces chevaux là. Les convaincre que nous sommes un ami, un vrai. Il faut apprivoiser ces chevaux en tout premier lieu. Et puis ensuite, pour ce qui est de l'équitation, qui doit intervenir bien après ce travail relationnel de longue haleine, alors on procède comme avec un poulain avec en plus, le souci de ne jamais passer par les voies empruntés par ses bourreaux.
Il faut réinventer les procédures d'apprentissage pour chaque cas. Et toujours guetter dans les attitudes, postures, expressions, regards, respirations du cheval si les propositions que nous lui faisons lui convienne pour nous assurer qu'aucun fantôme ne se manifeste.


Ma jument la première fois où j'ai essayé le passer les rênes par dessus sa tête, un peu naturellement, elle a été prise de panique, ses yeux lui sortaient de la tête. La chambrière, le stick...pfff. Elle avait 10 ans. Et je ne te parle pas du reste... Sa pauvre bouche par exemple. Aujourd'hui, elle répond à ces outils, elle les comprend, ne les craint pas et en écoute les informations. Que je montre, touche, fasse siffler dans les airs, elle n'a plus peur. Et je peux te dire qu'elle a gardé toute sa sensibilité, son émotivité, sa personnalité expressive.

On ne leur fais pas assez confiance. Pourtant ils sont capables d'une résilience étonnante.

Connais-tu le travail de Danièle GOSSIN ? Sur l'usage de la voix ? C'est un outil merveilleux Surtout avec les âmes blessées.

Édité par couagga le 18-06-2016 à 23h01



Tidesigual

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Posté le 20/06/2016 à 09h53

couagga
je partage totalement ton avis, et je prends ton expérience comme le prolongement et comme l'ancrage des constations que j'ai effectivement pu faire moi même avec mon trauma de la vie.
Tu synthétises avec précision ce que je vis chaque jour et que je tente d'expliquer aux personnes qui m'entourent et qui ont les règles classiques en tête, règles qui ne fonctionnent pas avec Desi du moins ... comme tu le dis ce langage de contrainte et de coercition, il n'en n'a été que trop la victime et il est inutile de l'essayer sur lui.
Effectivement si j'ai exposé l'outil " confort/inconfort" il n'est qu'un outils réducteur de toute une relation à instaurer en amont avec son cheval. Je ne l'ai pas précisé et c'est un tort en effet.
Ceci dit, si j'ai évoqué quelques notions de ce qu'on appelle aujourd'hui l'approche Etho, c'est qu'elle m'a quand même apporté, en sélectionnant uniquement et attentivement les outils et les approches qui me parlent, des billes pour mieux communiquer avec mon cheval et mieux le "désensibiliser". Même si ce terme est mal choisi car là n'est pas mon but. Je veux lui garder toute sa sensibilité, mais je souhaite lui diminuer sa crainte et son anxiété.
Et je suis parfaitement d'accord, il est très difficile d'évoquer ce sentiment et ce lien qui existe et doit exister entre l'humain et le cheval, en usant de mots comme désensibiliser, comme pression, ....
Mais par écrit et sur un forum ... les raccourcis sont vite faits et malheureusement ces notions si émotionnelles sont difficiles à traduire littéralement.
Je t'assure que je partage totalement les sentiments que tu évoques dans ton message.

Je ne connais pas le travail de Danièle Gossin mais j'aime fouiller donc je vais me renseigner :-)
S'il y est question du travail à la voix, je peux déjà dire qu'en grande partie c'est effectivement l'usage des intonations et le choix de certains mots qui ont contribués à redonner à mon cheval la confiance envers l'être humain. Cela fait toujours sourire les gens qui montent avec moi car j'use énormément de la récompense vocale tant dans le travail à la longe, que dans la liberté, que monté, ce qui l'apaise énormément.
Tu as un ouvrage de référence sur le sujet ?

Couagga

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Posté le 20/06/2016 à 11h51

tidesigual

je pense que nous avons beaucoup de points communs

Pour moi, « parler au cheval et être compris » de Gossin est le livre qui a en grande partie validé mon ressenti et ma pratique empirique d’une part et qui m’a donné des clés de méthodologie et ouvert des perspectives insoupçonnées.

Que ce soit avec la voix ou avec les autres aides, les outils… en équitation, en éducation et dans la relation quotidienne, pour moi, il faut avoir un niveau d’intensité toujours bas, le plus bas possible. Ceci apaise les chevaux, les rends plus sensibles, plus concentrés, plus zen et ensuite, le seul fait de hausser le ton suffit à les contenir. Et de fait, ils sont toujours plus intéressés à participer si on s’adresse à eux avec douceur plutôt qu’avec autorité. Ceci ne signifie pas qu’il faut être laxiste, juste avoir un usage à propos et très raisonné des marques d’autorité, sans rapport physique. Seul l’urgence et les questions de sécurité peuvent justifier d’être désagréable physiquement et ça doit être bref et sans excès.

Je crois qu'on dérive un peu du sujet du post mais c'est tellement intéressant

Tidesigual

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Mon cheval en pleine crise d'adolescence
Posté le 20/06/2016 à 13h07

oui j'aime beaucoup ton approche tant technique que comportementale. C'est un plaisir de converser avec des personnes ouvertes.

On ne dévie pas tant que ça, car la désensibilisation a cet effet pervers de rendre le cheval un peu éteint si on la pousse trop loin, trop vite, trop fort ...
Par exemple j'ai mis un point d'honneur à lui faire accepter le stick parce qu'il est, pour moi, un outil de travail indispensable au sol, pour orienter mes demandes et pour assurer ma sécurité en cas de débordement car comme tu l'as justement dit précédemment les chevaux traumatisés ont d'avantage besoin de travailler en confiance que dans le respect pur ce qui les amène parfois à être un peu trop envahissant et présents dans notre espace...en tout cas le mien est comme ça.
Il était dans la fuite la plus totale, il est maintenant un peu collant voir un peu véhément quand il revient à moi au galop par exemple. Le stick m'aide alors à contenir sa fougue.

En revanche on m'a conseillé ( je l'ai fait monter à 3 cavaliers avec des compétences différentes, une compétitrice et juge de dressage, une monitrice ayant suivi la formation la Cense et une cavalière indépendante, je voulais avoir plusieurs avis, plusieurs sons de cloche ) de le désensibiliser à la jambe, en effet actuellement si tu effleures de façon trop appuyé il devient très savonnette, les hanches partent dans tous les sens, ou alors c'est l'avant qui part en sucette, bref d'après les cavalières c'est un cheval trop sensible aux aides ....
mais j'ai pris le parti de travailler sur mes jambes ( la force donnée mais surtout la place des jambes et la partie de la jambe utilisée) plutôt que sur lui .... ai-je tort ou raison ? l'avenir me le dira. Mais je respecte sa sensibilité, son anxiété et je conjugue avec.... je mets très très peu de jambe, j'essaie d'apprendre ses codes plutôt que de lui appliquer les miens.
Je ne te raconte pas quand je monte un cheval normal lol ... j'ai l'impression de perdre mes jambes au bout de 10 minutes mdr
mais ce que j'aime chez lui c'est cette sensibilité justement dans les aides, sensibilité qui malheureusement dans son cas a été amenée clairement par de la dureté extrême dans le dressage...malgré tout je refuse d'en faire un patachon insensible à ma jambe.
J'admets cependant que ça le rend pratiquement immontable par une personne qui n'est pas au courant, ou de type bourrin ( ce qui ne me dérange pas outre mesure d'ailleurs)

... concernant l'intensité je suis encore une fois d'accord.
Si tu montes tout de suite dans des vocalises et des gesticulations à la moindre erreur du cheval alors tu désensibilises et tu te condamnes à monter en pression et en force à chaque remise en place.
Si tu baisses nettement de ton, alors le cheval devient sensible à la moindre petite remise en place.
J'ai mis 3 mois a obtenir un montoir immobile et surtout relaché.
Aujourd'hui en fonction de son humeur il arrive à Desi de se remettre un peu en mouvement quand je mets le pied à l'étrier, parce qu'il a vu un copain dans le pré, parce qu'il y a une mouche qui vole, parce que le vent lui caresse trop la crinière, bref, aujourd'hui s'il se met à bouger, je dis juste " NON", fermement mais calmement et à chaque fois il se campe sur 4 pieds et il s'immobilise. Aussitôt fait, je fais des cessions de mâchoire à pied ce qui suffit en général à descendre l'anxiété d'un cran.

patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ....
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