J'aime bien raconter cette histoire, certainement pas pour me faire mousser mais surtout parce que je trouve vraiment important d'être capable de voir son patient dans son ensemble et surtout de réfléchir et de mettre en relation toutes les données que nous avons.
Il y a 2 ou 3 ans, je prenais en charge un patient opéré d'un pontage vasculaire au niveau de la jambe. Je l'avais eu en charge toute l'après midi, il allait bien, pas spécialement de douleur, paramètres corrects : RAS.
Le soir, vers 21H...Il sonne, j'y vais, il me dit qu'il s'est levé pour aller aux toilettes et que maintenant il a un peu mal. Je lui apporte un antidouleur.
Arrêt sur image. J'allais quitter la chambre, ma première réflexion a été de me dire qu'il était fraichement opéré, qu'il venait de se mobiliser, d'où la douleur….Mais je ne sais pas, en quittant la chambre, j'ai revisualisé mon patient en me disant quand même qu'il n'avait pas 'bonne mine' et qu'il était un peu transpirant. Par acquis de conscience, j'ai décidé de recontrôler ses paramètres….Verdict : 180 pulsations. Alors que le patient ne s'en plaignait absolument pas. J'ai donc fait un ECG dans la foulée (qu'on me pardonne mais je ne sais pas lire un ECG sauf si le tracé est plat

, je trouve qu'à l'école, on ne concentre pas assez là dessus). Et pendant que je faisais cet ECG, j'ai regardé la jambe de mon patient que je trouvais différente que durant l'après midi, elle était marbrée.
Je vous passe les détails mais j'ai rappelé en urgence le chirurgien, mais en gros il a été repris au bloc opératoire dans l'heure. Il a fait une fibrillation auriculaire qui a envoyé un embole qui a été boucher le pontage.
Voilà pour la petite histoire, j'aurais pu me contenter de lui donner un antidouleur et de me tailler. C'était ma première idée, en plus de ça j'avais terminé mon poste, donc je serai partie, ma collègue de nuit (qui est seule pour 34 lits) serait passée une heure après dans la chambre (et je ne la blâme pas), et là quel aurait été le résultat ? Tout ça pour dire qu'il faut prendre le temps d'écouter son patient, de le regarder et de se dire 'non là il y a quelque chose qui ne va pas', 'ce n'est pas normal'.
bymathilde
Je peux te dire que malgré l'expérience, certaines ou certains ne sont pas de bons infirmiers.
C'est comme partout, il y a des bons et des mauvais, alors après est ce un manque d'envie ou de connaissances je ne sais pas. Mais j'ai déjà vu des choses sincèrement, je me pose des questions.
Mais je suis d'accord avec toi et je pense la même chose, je ne supporte plus de ne pas prendre le temps pour mon patient, de me dépêcher continuellement dans tout ce que je fais. Une fois je faisais la nuit, je rappelle donc que l'on est seule pour 34 lits (avec le passage d'une volante 1/2 heure en début de nuit et 1/2 heure en fin de nuit), une aberration on est d'accord. Et bien, j'avais une patiente avec quelques soucis psychiatriques qui pleurait vers 4H ou 5H du matin quand je suis passée dans sa chambre. Je lui ai demandé une fois, deux fois, trois fois pourquoi elle pleurait, elle ne m'a pas répondu. Qu'ai je fait ? J'ai tracé ma route, je n'avais pas le temps de prendre le temps d'attendre qu'elle me dise ce qu'elle avait….Et ça c'est quelque chose que je ne supporte pas !
Je l'ai dit une fois à mon cadre ; vous savez combien de temps je passe avec mon patient quand je fais le matin ? Je vais vous le dire. Entre 5 et 10 min pour le tour de médicament du matin. Entre 10 et 20 min pour le pansement. Et entre 5 et 10 min pour le tour de médicament du midi. Donc en moyenne, je vois mon patient entre 20 et 40 min seulement sur ma journée. Et je trouve ça trop peu ! Et il était d'accord avec moi.
Heureusement je l'ai la chance que ma famille comprenne les difficultés de mon métier.