je me souvenais avoir lu des cas ou justement est bien pris en compte le caractère imprévisible des accidents que peuvent subir les chevaux du fait de leur comportement "animal".
COUR D’APPEL DE CAEN – 1 ÈRE CHAMBRE SECTION CIVILE – 4/7/2006
Monsieur G. met sa pouliche en pension au Haras X, en application d’un contrat écrit qui décharge le haras de toute responsabilité, mais précise qu’il prend à sa charge, l’assurance des risques responsabilité civile découlant de la garde des chevaux confiés.
Le contrat liant deux professionnels, les clauses sont « en principe, valables à la condition, toutefois, de ne pas dispenser le dépositaire de toute surveillance de la chose, car la garde est l’essence même du dépôt ».
La Cour considère que les clauses énoncées ne visent qu’à renverser la charge de la preuve et d’imposer au propriétaire de rapporter la preuve d’une faute du haras.
La pouliche avait sauté un portail de 1,50 m, non doublé de fils électriques, contrairement au reste du paddock, mais des attestations contraires disaient que le fil existait le jour de l’accident.
La Cour considère que Monsieur G. connaissait les lieux et n’aurait pas « laissé en dépôt une pouliche à laquelle il attachait un grand prix », si les clôtures avaient été insuffisantes et les barrières sautables.
La Cour ne trouvant pas de faute du haras, réforme la décision de première Instance et déboute Monsieur G. de ses demandes.
COUR D’APPEL D’ANGERS – 1 ERE CHAMBRE A – 24/1/2005
Madame G. confie sa jument de 4 ans à Monsieur C. entraîneur public, pour débourrage puis entraînement.
Attelée à un sulky, la jument va se cabrer, se retourner et se tuer sur le coup.
L’assureur de C. refusant sa garantie, Madame G. assigne. Le tribunal condamne la compagnie d’assurance.
Sur appel de cette partie, la Cour relève l’absence de tout témoin et les déclarations à géométrie variable de C. qui indique que la pouliche a « peut-être eu peur de son chien ».
La Cour constate que la cause du cabrage reste indéterminée, que la faute de l’entraîneur n’est pas rapportée, pas plus que le rôle causal de son chien.
La Cour infirme donc la décision et déboute Madame G.
Par contre là par exemple il y a bien faute :
(sans rire un cheval en gogue lâché en liberté !)
COUR D’APPEL DE LIMOGES – CHAMBRE CIVILE 1 ÈRE SECTION – 3/5/2005
Madame T. confie ses poulains de 3 ans à la société B. pour débourrage. Un de ses chevaux mis en liberté dans le manège avec un gogue, se débat et se renverse. Compte tenu de ses blessures, l’animal doit être euthanasié.
La compagnie d’assurance couvrant la société B refuse d’indemniser en « l’absence d’une faute lourde de son assuré ».
Le tribunal voyant, dans la relation l’usuel « contrat de dépôt salarié générateur d’une obligation de moyens dite renforcée » avait condamné la société à payer la valeur du cheval, outre 2200 € pour la perte de chance d’avoir des primes à l’éleveur.
La Cour, saisie par la compagnie d’assurance, relève que l’obligation principale était le dressage et non pas la pension et qu’il s’agissait, en l’espèce, d’un « contrat d’entreprise », dont l’obligation n’est que de moyens, ce qui implique pour le déposant, de rapporter la preuve d’une faute pendant la phase de travail.
Les magistrats notent que même une faute légère suffit à entraîner la responsabilité. S’appuyant sur des attestations techniques, précisant que l’enrênement ne doit pas être utilisé en liberté, la Cour considère que le préposé a commis une faute en laissant le cheval ainsi, dans le manège.
La Cour confirme donc le principe de la faute et augmente quelque peu les chiffres de l’indemnisation.
c'est jamais gagné d'avance et heureusement les tribunaux font aussi preuve d'analyse ...
edit : j'ai enfin retrouvé cet étonnant article, cas justement où on pouvait estimer une faute du gardien, et pourtant il en a été jugé autrement :
http://degranvilliers.com/ca-grenoble-1er-octobre-2012-cheval-blesse-en-pension-prebox/