Changement de cap ?
Nous sommes à la sortie de confinement#1, on reprend donc petit à petit.
Il fait beau.
Avec mon copain on profite du beau temps et de notre limite des 100km (sisii, souvenez-vous) et on se fait quelques balades en forêt à pied.
On se retente aussi des trottings/jogging (il court, nous trottons :p ) inaugurés à l'automne précédent.
Quatrain est toujours aussi cool et se cale sur son rythme, juste derrière.
Mon copain est un moldu en poney mais il commence à être plus à l'aise avec, c'est chouette.

Parfois, même, ils s'apprivoisent.
Je ne sais pas si vous vous souvenez du point 2 de mon #racontagedevieperso du chapitre précédent, mais il se trouve que ma formation en arts martiaux m'a amené la nécessité d'un travail thérapeutique sur ma peur de certains mouvements. J'ai donc fait plusieurs séances en EMDR pour faire sauter ces blocages et c'était aussi surprenant qu'enrichissant.
J'ai eu un bénéfice secondaire que je n'avais pas prévu : la sensation de me sentir beaucoup plus à l'aise à cheval qu'avant.
La sensation d'avoir "ôté une peur de tomber" dont je n'avais pas conscience mais qui pesait l'air de rien.
Un très chouette bonus parce qu'il s'accompagne de la sensation que j'arrive plus à écouter mon "corpo" à cheval.
La dentiste passe, RAS en dehors d'un peu de tartre, rdv dans 6 mois.
Ma petite sœur vient faire un tour et devant mon enthousiasme sans borne remet ses fesses sur mon cheval (la dernière fois c’était quand je l’ai acheté ^^). Quatrain est un peu tendu au début. La séance devient plus zen quand elle se détend et décroche ses jambes. Lui qui est d'habitude assez zen en mode "vacances" quand je lui cale un débutant sur le dos (elle n’a pas monté depuis très longtemps) est finalement plutôt réactif.
Une fois tout le monde détendu c'est beaucoup plus chouette ... et puis, c'est peut-être bête mais je le trouve vraiment "bien" vu d'en bas, avec une cavalière sur le dos qui ne lui en demande pas trop, il a une attitude plutôt sympa à mes yeux (mais bon, je ne suis pas très objective

).
Petit couac en descendant, elle coince le fil de l'airbag qui se déclenche. Absence totale de réaction de Quatrain au bruit (léger) + gonflage. Je vais devoir me réhabituer à monter sans... finalement ce n’est pas si mal.
Mi-juin je réussis à caler un cours avec ma coach.
On avait dû réussir à en faire un juste avant ou après (mémoire en gruyère, désolée) le confinement qui avait été un peu tendu dans un premier temps parce que j'étais stressée de ne pas être dans la carrière habituelle + un cheval travaillé juste à côté au rond de longe et Quatrain avait très fortement réagi à mon stress (ce qui m'avait mise encore plus en orbite, donc il réagissait encore plus... le cercle bien vicieux). J'avais fini par l'exprimer à ma coach qui m'avait remise dans la petite carrière (l'habituelle) ce qui m'avait fait redescendre très vite et mon cheval aussi par la même occasion.
Bref. J'arrive ric rac à l'écurie, prépare Quatrain en vitesse et file sur le chemin de l'écurie de coach, à pied. On a 45 minutes maximum de route mais là j'ai plus 35 à 40 minutes si je veux être à l'heure. Quatrain traînasse des pieds.
Il est rarement méga-motivé pour ce genre de balade à pied mais là c'était vraiment pire.
Il baisse beaucoup la tête, la met un peu ras-du-sol.
Je l'active un peu et met son attitude dans un coin de ma tête en me disant que je demanderai avant de monter si c'est normal (spoiler: j'aurai mieux fait de l'écouter, non ça ne l'était pas) et que je le ramènerai sans monter si ma coach voit un soucis.
On traverse donc les champs, passe en bordure de forêt, descend la côte. Il semble un peu mieux et je suis presque arrivée et dans les temps. Je me relâche.
On arrive sous le pont (big pont avec passage de voitures & camion).
Quatrain regarde le poulailler qui est à côté.
Je m'arrête pour regarder aussi.
Il s'arrête. Un pas trop tard.
Je retire mon pied au moment ou je sens l'antérieur dessus mais j'ai la sensation de me faire arracher la peau au passage.
J'ai mal, je le lui indique avec un langage châtié de circonstance.
Nous reprenons notre route, clopin-clopant et je boitille quelques minutes jusqu'à l'écurie de coach.
En arrivant je l'attache et je retire ma boots. Oh le joli pied bleu qui est en train de doubler de volume....
Direction les urgences grâce à une gentille cavalière des écuries pendant que Quatrain est ramené par l'amie qui l'avait monté régulièrement l'an dernier accompagnée de coach.
Les radios sont rassurantes : rien de cassé. L'urgentiste me conseille d'acheter des chaussures de sécu pour mes prochaines balades à pied, intérieurement je me dis qu'on va surtout se manger des séances de "respecte ma bulle"

. Au final j'ai de la chance, il fait beau et je peux me balader en chaussures ouvertes (impossible d'entrer mon double-pied dans une chaussure fermée), je parviens à clopiner, je ne suis pas arrêtée et je peux même conduire quelques jours plus tard.... je m'en sors très bien pour le coup.
Fondamentalement je n'en veux même pas à mon cheval, j'ai été inattentive, lui aussi... mais il va falloir que je fasse nettement plus attention au respect des distances sur les arrêts et qu'on y travaille: ça tombe bien j'ai quelques semaines pendant lesquelles je vais être trèèèèès sensibilisée à la perspective de voir un de ses sabots trop proche de mes pieds.
J'apprend qu'il est rentré aux écuries mais pas totalement sans encombre: il est arrivé trempé et aurait chauffé très fort sur le retour.
Je ne peux pas m'empêcher de repenser à son attitude sur le chemin à l’aller et je profite du passage de la pareuse la semaine suivante pour doubler avec une séance ostéo. Verdict: cervicales bien vrillées, peut-être suite à une chute au pré (?), il devait clairement avoir mal.
Je m'en veux d'avoir continué mon chemin malgré ses signes et je me dis que j'aurai dû l'écouter (en plus ça m'aurait évité un pied de schtroumpf).
Bref, mon pied dégonfle gentiment, il travaille à pied entre temps.
Je lui fais une reprise en douceur au bout de 2 semaines et demi, quand j'arrive à nouveau à enfiler des boots.
Et là, au bout de trois semaines, appel de coach qui m'explique qu'elle n'a pas voulu m'inquiéter sur le moment mais que lors du retour après mon écrasage de pied Quatrain n'a pas "juste chauffé", mais qu'il est devenu si stressé qu'il en était dangereux et que la cavalière a du "sauter en route". S'en suit une longue discussion où il est question de la dangerosité de mon cheval et de la potentialité que je me tue avec (longue parce que ces point ont été beaucoup répétés).
Je suis un peu abasourdie. D'une part parce qu'on passe de "il a chauffé et été c**" à "il était incontrôlable et ultra dangereux". D'autre part parce que cette information m'arrive après que je l'ai remonté. Et enfin parce que c'est à plusieurs milliers de kilomètres de mon ressenti du moment avec mon cheval.
Je sais qu'il peut parfois vite monter dans les tours et que dans ces moments-là "les fils se touchent", ce n'est pas nouveau.
J'ai déjà eu l'occasion de tester ce que ça pouvait donner (cf chap3 et sa tentative de grimper au mur, chap13, chap 18) et j'ai toujours eu conscience qu'en extérieur je n'avais pas une assurance -vie.
J'ai fait des choix en conséquence aussi (goodbye mes envies de balades montées en solitaire dans la forêt, welcome airbag), consciente que je n'ai pas un niveau de folie et que je tiens à la vie. Tout comme je "gère" son stress en évitant d’arriver à saturation, en repartant sur des exos connus quand il se braque trop sur une demande et que je sens que ça monte (avant de la lui présenter à nouveau une fois qu'il est redescendu).
Mais là on me décrivait un cheval qui allait "me tuer". Qui s'était mis "dans les fils électriques en reculant" et dont il avait fallu sauter en marche...
Et c'était très loin de ce que je ressentais ou vivais objectivement avec lui.
Je n'étais pas tombée depuis près de 3 ans, n'avais pas eu de grosse inquiétude en ce sens depuis longtemps.
Je prenais aussi en compte sa cervicalgie qui correspondait au moment de son "coup de folie".
Qui n'avait même pas eu lieu en ma présence.
Bref, c'était violent et trop décalé de mon ressenti.
J'ai passé pas mal de temps à y réfléchir.
Un certain temps aussi à me rassurer auprès de mon cheval qui n'a pas changé d'un iota avec moi et n'a clairement pas eu de comportement dangereux par la suite.
Je l'ai monté avec le souffleur en route juste à côté de la carrière, suis partie le balader à pied dans un camp de scout pour voir un peu ses réactions... ras de particulier.
Ok, il lui arrive de sursauter, de faire un écart, 2/3 foulées... et ça s'arrête là. Rien de nouveau, c’est un cheval.
J'étais perplexe. Jusqu'à présent j'ai toujours suivi ses conseils qui me semblaient logiques... mais là je n'étais juste pas d'accord avec sa lecture de la situation, trop éloignée de la mienne.
Je suis un peu perdue.
Quelques semaines plus tard, vacances pour nous deux (lui fait du gras en pâture et moi je me balade ^^).
Un petit road trip en Normandie et ... je me décide à contacter une professeure d'équitation dont l'approche me plait depuis longtemps.
Parce que fondamentalement, ce qui me manque depuis longtemps c'est un travail sur moi, ma position, mes demandes. Il y a une réelle focale sur le résultat donné par mon cheval et j'en avais peut-être besoin mais je sens bien depuis quelques temps, que de nous deux, c'est moi qui freine le duo. Et que je n’avance pas de ce côté-là.
Je tente donc ma chance et c’est génial, il y a un créneau où je peux venir prendre un cours sur ma posture à cheval qui se cale très bien avec notre chemin de retour.
Le cours est passionnant. J’en ressors avec beaucoup de sensations et d’informations. Beaucoup de remises en question. Le sentiment d’avoir trouvé un chemin qui me convient et qu’il va y avoir pas mal de travail pour pouvoir y avancer, mais ça me motive.
Au retour il y a eu une « alerte colique » qui s’est heureusement calmée avec un peu de calmant et beaucoup de marche. Il n’y en avait déjà quasiment plus de trace quand Estelle est passée pour un shiatsu. L’occasion de découvrir un nouveau point G chez mon loulou, je l’avais rarement vu faire d’aussi belles grimaces de contentement :p
Quelques jours après être rentrée, en selle.
Je ne sais qui de Quatrain ou de moi a été le plus surpris de ma nouvelle posture et des sensations qui en découlaient.
Je cherchais tout doucement ma nouvelle place et lui cherchait ce qui pouvait bien se passer là-haut. Il était plus qu’à l’écoute pour le coup, c’était assez surprenant.
Les premières séances ont été très courtes, au pas, le temps qu’on s’habitue, lui plus vite que moi .
Depuis j’ai tout un tas de petits progrès qui peuvent sembler insignifiants mais qui me font terriblement plaisir : je tiens nettement mieux à cheval et je ne me sens pas inquiète après un écart (merci au chat pour sa contribution à cette prise de conscience en déclenchant un écart magistral après avoir sauté sous le nez de mon loulou).
J’ai des arrêts. Nets. Sans toucher aux rênes ou presque.
Des transitions de plus en plus propres, même en intra-allures.
Plus de stabilité dans mes demandes.
Des pieds qui sont nettement plus sous moi (ça change des fois où ils étaient des km devant).
Le contact devant me semble infiniment plus stable et moelleux.
Sans compter que j’ai arrêté de me prendre le chou et que les séances sont toutes beaucoup plus agréables. A vrai dire je n’ai plus la sensation de batailler pendant la moitié de la séance.
Je n’obtiens surement pas les mêmes choses qu’avant, j’ai toujours un grand doute sur l’engagement et j’ai bien conscience qu’il nous manque un regard extérieur… mais je suis heureuse à cheval, Quatrain n’a jamais été aussi coopératif… on profite
Sans le confinement je serai volontiers repartie prendre des cours, mais ça devra attendre un peu.
Voilà, je crois que je suis à peu près à jour ^^. Gros pavé, peu de photos, bonne lecture
