Dans un tout premier temps je vais vous faire une brève présentation du cheval qui a fait de moi une propriétaire comblée mais pas parfaite pendant pratiquement 3 ans. Ce cheval m’a tellement marqué que c’est de lui que vient le mot « Aqurilin » qui n’est autre qu’un anagramme de son nom Quirinal, une façon pour moi de toujours l’avoir près de moi. Quand il est décédé je m’étais dit que si un jour je faisais naître ou quoi mes poulains auraient comme affixe « d’Aqurilin ».
En 2011 ma mère a accepté que je me mette à la recherche premier cheval je m’étais mise à la recherche d’une jument âgée de 4 à 6 ans de préférence baie et de race Selle Français. Après deux essais sur un hongre SF bai de 6 ans et une jument baie de 5 ans je n’ai pas eu le coup de cœur et j’ai donc remis mes recherches à plus tard. C’était sans compter sur le fait que le club avait acheté deux nouveau chevaux en cavalerie. Un petit bai de 9 ans et un grand alezan de 7 ans. Premier cours j’avais envie de monter le petit car le grand était maigre et salement amoché au niveau du chanfrein – se cabrer dans le box n’est pas une bonne idée ! Enfin soit, le moniteur décide que c’est l’alezan que je monte. Kiri quoi ? Quirinane ? Quiral ? C’est quoi ce nom ? Personne n’arrive à le prononcer. Mais bon, je suis tout de même contente de poser mes fesses dessus et là, révélation. Je tombe totalement amoureuse de ce cheval et pire encore lorsque l’on se met à sauter. Il était affreux. Dans le petit manège le voilà qu’il se met à charger l’obstacle comme un taré et n’hésite pas à partir de loin. Qu’importe, il est top à mes yeux.
J’en parle beaucoup autour de moi, je demande à le monter souvent et je l’ai puis un jour mon moniteur me glisse qu’il est à vendre vers novembre. Le gros est hors budget pour moi mais j’en parle à ma mère qui me dit de dire qu’il n’est pas dans mes frais et puis on pense à une jument du club dont la propriétaire l’a acheté à 51% et le club les 49 autres alors pourquoi pas… !? A nouveau mon moniteur me fait la remarque et même que le prix pourrait être négociable pour moi. Je réponds qu’il n’est pas dans mon budget puis il me répond qu’il est prêt à faire 50/50 car il adore ce cheval qui lui rappelle son ancien cheval décédé l’année d’avant. Je suis aux anges, j’en parle à ma mère et voilà qu’en décembre il est à moi. Cette fois je suis 100% propriétaire, il m’a juste avancé l’argent. Un bonheur !
Les mois passent et nous continuons à travailler ensemble, nous progressons un moment puis nous stagnons. Nous ne savons pas comment travailler avec lui, surtout sur les barres. Il continue à charger et ce peu importe la méthode utilisée. Je commence à me dire qu’il a été barré, sa réaction sur une simple barre au sol ne me plaît pas. C’est simple il refuse carrément de la passer au pas si celle-ci se trouve entre des chandeliers ! Nous faisons des concours. Si je ne me fais pas éliminé parce que j’ai fait plus de trois refus c’est parce que j’ai fini le cul par terre… Il a commencé à s’arrêter après qu’on l’ai travaillé à s’arrêter devant l’obstacle pour lui couper l’élan prit qui devenait dangereux pour lui et pour moi. Nous progressons à nouveau et puis premier coup dur. Alors qu’on partait plutôt bien sur un tour, tour que j’étais certaine enfin de finir le terrain est merdique. Je passe en début d’après-midi alors qu’il y a eu des passages depuis 8 heures du matin sans passage de tracteur ou quoi pour aplatir les abords et réception. Ca ne loupe pas. Mon cheval qui avait tendance à frapper fort à l’abord se trouve dans un trou et n’arrive pas à couvrir l’oxer. Il tape le deuxième plan et panache. Je suis envoyé quelques mètres plus loin. Bouche ouverte et nez dévié mais rien de grave ni pour moi ni pour lui.
Je n’ai pas abandonné mais pour nous les CSO c’était fini. Nous avons encore sauté un peu mais je commence à voir en lui un cheval de dressage. Changement de pied au galop, petit trot, trop allongé, légèreté dans le mors puis premiers piaffés… Je prévois la rentrée 2014 pour du dressage, je travail tout l’été avec lui sur des protocoles, nous sommes prêts.
Puis en septembre il se blesse. Je laisse le club gérer même si je ne suis pas toujours d’accord (il était au pair). On me dit d’attendre un mois et de voir comment ça évolue. Ils s’y connaissent mieux que moi, c’est d’accord. Ça évolue certes mais pas comme on le pensait. Son jarret est énorme, il ne se déplace que sur trois pattes et maigrit à vue d’œil. J’insiste, il faut faire venir un vétérinaire compétent et vite. Octobre le verdict tombe. Infection qui lui a touché l’articulation. De plus il a des os de jarret soudés. A cause de l’infection ? On ne sait pas, je n’ai pas demandé de visite vétérinaire à l’achat, grave erreur. La vétérinaire me dit que son avenir de compétition est terminé. Soit c’est un coup dur, je m’éloigne, je pleurs puis je reviens. Elle a un peu plus poussé les radios. Quirinal est devenu immontable et il lui faut une opération si on veut qu’il cesse de souffrir. 5000€, 10% de chance de réussite et encore si ça réussi il faudra des soins à vie, il serait boiteux à vie et devrait être dans un pré plat, chose pratiquement impossible de trouver dans la région aveyronnaise. La réflexion est dure et j’en ai encore les larmes aux yeux. Je n’ai peut-être pas fait le bon choix mais c’est celui qui me semblait le bon à ce moment.
Mon homme et ma mère ont passé les dernières heures avec lui à le gaver de carottes et de pommes, à lui faire des câlins… Il a été aimé jusqu’au bout.
C’était un combattant. C’était mon cheval. C’était Quirinal.