lillieblue
Oulala, oui, je me souviens avoir échangé sur ce sujet mais je ne sais plus dans quel post ni quand
Donc à la question : mains hautes ou mains basses pour moi c’est les deux et ni l’un ni l’autre !
Je veux dire par là que ce qui compte avant tout c’est d’avoir un contact constant mains/bouche (dans le sens dialogue, présence, communication et écoute) puis ensuite d’avoir une stabilité de la main (c’est-à-dire le moins de mouvements parasites, une bonne indépendance des aides, la maitrise de la position et des actions de ses mains).
Après chaque cheval, chaque situation, chaque exercice va appeler une hauteur de main adaptée, plus ou moins basse ou élevée, des mains plus ou moins jointes ou écartées.
Selon la morphologie du cheval, ses faiblesses, son niveau il faudra avoir une main plus basse ou plus haute.
Un des premiers apprentissages à donner au cheval ou à vérifier avec un cheval mature que l’on découvre, c’est cette qualité de contact : accepter la présence de la main et le dialogue avec elle. Ensuite le cheval doit être en capacité de suivre la main : si le cavalier baisse les mains, la bouche du cheval suit le contact vers le bas (c’est comme cela qu’on invite le cheval à descendre par consentement et non par opposition). Pareil si on les avance, les ramène, les recule. On fait cela gentiment, avec fluidité et le cheval suit la main. Dans l’éducation du jeune cheval ou la rééducation d’un adulte, c’est la première pierre à poser à mon humble avis, d'où mon acharnement à dire aux jeunes cavaliers (en âge et en exéprience) que le débourrage ou la rééducation ne doit pas leur revenir...
Tant qu’on n’a pas cela, je doute que l’édifice ne soit bien fiable.
Ensuite, je pense que les mains hautes relèvent d’un niveau d’exigence supérieur dans le travail à tout point de vue.
Pour le cheval d’abord. Parce que si on suit la logique de ce que j’ai expliqué précédemment, les mains hautes vont solliciter le cheval pour qu’il suive les mains en élevant son encolure, donc en reportant du poids sur l’arrière main. Or, pour être capable de cela, il faut qu’il ait suffisamment de muscles et de force ou que sa conformation naturelle y soit favorable ; Il doit relever la base de l’encolure et non la renverser, et son dos et son arrière main doivent être en mesure d’assumer ce report de poids sans préjudice.
Un cheval qui va avoir une sortie d’encolure basse avec une attache faible et un rein ou un jarret faible va lutter contre des mains hautes qui l’enverront sur son arrière-main. Si son attache est belle, que son encolure est imposante mais qu’il est faible ou mal fait derrière, il luttera aussi, à raison. Un travail préalable est alors indispensable pour lui donner les ressources physiques nécessaires avant de monter les mains.
Un cheval avec une encolure courte et une belle arrière main, un joli dos, sera bien plus à l’aise même si la sortie d’encolure est discutable... et puis il faut aussi prendre en compte la personnalité et le passif car les chevaux sentent très bien l’effort demandé si la main s’élève et qui peuvent aussi adopter des postures d’évitements (passer au dessus ou derrière la main = encolure musclée à l'envers). Tout comme la main basse qui peut envoyer le cheval sur les épaules ou tuer son rebond naturel si le cavalier se rassure d’une tête en bas en oubliant de mettre au boulot tout ce qu’il y a derrière.
La tête basse ou la tête haute ne doivent pas être des repères de bons ou mauvais travail du cheval, tout comme la hauteur des mains puisque c'est lié. L’enjeu d’une bonne gymnastique et d’un bon fonctionnement est ailleurs et à considérer au cas par cas.
Pour le cavalier ensuite. Car la main haute étant plus sollicitante, il m’apparait important que le cavalier en ait donc une maitrise plus fine, qu’il ait un certain tact, beaucoup d’écoute et soit capable d’ajuster sa demande avec dextérité.
La main basse permet au « jeune » cavalier de se stabiliser plus facilement. C’est plus sécurisant pour lui et moins perturbant pour le cheval.
Oliveira parle d’une zone dans laquelle les mains doivent évoluer « en permanence ». De mémoire cette zone couvre la largeur des épaules du cheval (au-delà de laquelle il ne faut pas aller) du pommeau de la selle comme point en bas et peut-être bien du nombril du cavalier comme point le plus haut… Approximativement quelque chose comme ça. Le « en permanence » ne signifiant pas qu’il faille bouger tout le temps mais juste s’autoriser à le faire si nécessaire.
Et enfin, je me permets de rappeler que le but ultime de l’équitation est d’avoir un cheval qui se prend en charge seul dans son attitude, dans sa locomotion et que cela est récompensé et possible par la descente des aides…. On ne parle pas de piaffer/passage. Etre simplement juste, équilibré et autonome dans son allure (ça peut être le pas), sans que le cavalier n’ait besoin d’intervenir pour rectifier la trajectoire, l’équilibre latéral ou longitudinal, la vitesse, la cadence, l’amplitude, … la descente des aides, c’est le silence de la main et de la jambe qui laisse le cheval autonome s’exprimer. Donc… cette main silencieuse, n’est jamais haute puisque la main haute est une main agissante.
Elle est peut-être au juste milieu de la zone dont parle Oliveira et laisse les rênes à leurs seuls poids.
Pradier a lui préconisé des hauteurs de mains bien plus basses, largement sous le garrot, où le cavalier peut même se lever de son siège pour se pencher pas mal en avant afin d’appeler des descentes d’encolure « extrêmes ». Mais il s’agit là de rechercher plutôt une gymnastique d’étirements pour compenser ou préparer des efforts de rassembler plus ou moins intenses. Ce sont des exercices à part entière et pas des attitudes de travail permanentes dans lesquelles on doit dérouler des EEd, des transitions ou je ne sais quoi d’autre.
Bref (si je puis dire !), comme certains l’on déjà dit, je ne crois pas qu’il y ait une règle applicable à tous et en tout concernant des mains hautes ou basses. Et il me semble dommage d’ailleurs d’en faire des méthodes de travail où l'on doit choisir une "école" plutôt qu'une autre en se privant de tout un pan d'aide technique naturelle (la main).
Chaque hauteur a des effets et un intérêt à un moment donné, pour un exercice donné, avec un certain type de cheval… Il faut savoir tout utiliser et le faire ensuite à propos.