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Je n ai pas le droit d être bien avec mes kg
Posté le 13/12/2017 à 01h35
polynn
Posté le 13/12/2017 à 01h35
Je te rassure (ou pas), quand on est pas du genre à pousser facilement une gueulante, y’a des sujets qui reviendront toujours sur la table, avec beaucoup de gens.
Je suis de nature très souriante et profondément gentille, je ne dis jamais non et c’est pas rare que je me fasse manger. Je ne dis pas quand je suis blessée, je déconne tout le temps et je continue de sourire. Sauf qu’au bout d’un moment, j’en ai eu marre.
J’ai été en obésité morbide, cause santé. Mon poids, c’était un combat national, les discussions de tout le monde tournaient forcément sur le sujet. Moi, j’ai toujours été comme ça avec un bel égo, j’aime les formes et j’aimais mon corps (même si je manquais de poitrine à mon gout, on y reviendra plus tard). Mon père, ma mère, toute ma famille, pas mal de mes amis, mes camarades pendant toutes mes années scolaires, même les gens ds la rue prenaient soin de me balancer en pleine figure que j’étais grosse et que j’allais mourir tôt. Ça partait parfois d’un bon sentiment, surtout venant de mes proches. Mais au bout d’un moment, je me suis renfermée, par peur de me défendre et de blesser... alors que c’est moi qui l’était depuis toujours.
Donc j’ai subit une opération gastrique, toujours cause santé, un anneau à 16 ans. Ça a pas été facile, une anorexie médicalisée. Je vomissais tout le temps, même l’eau, et les médecins me laissaient comme ça parce que je n’avais pas atteint le poids objectif. J’avais les deux sons de cloche « t’es trop mince, ça te va pas, t’était mieux ronde, tu te fais vomir exprès, tu te tue à petit feu (j’avais 16 ans !!) », de l’autre côté « ça fonctionne pas trop t’es toujours bien ronde, t’était pas obligée de faire ça t’était bien avant ». À 18 ans j’ai enfin réussi à le faire retirer, et on a du partir sur une autre opération trois mois après, un by-pass.
Maintenant je suis fine. Très fine. J’ai mis du temps à maigrir, j’ai entendu que j’étais un échec (merci doc), que j’étais un cas désespéré (merci papa), que j’étais sûrement pas faite pour maigrir (merci les copines). Puis presque un an et demi après, j’ai décollé. Je suis passée de rondelette à très mince, au total de 120kg à 48. Et aujourd’hui ? Je suis trop mince, je me fais sûrement vomir en cachette, je dois être tellement carencée que jvais mourir (encore), je suis trop maigre, ça me va pas, je dois manger plus et plus gras... et j’ai craqué. J’ai remis à leur place les bienveillants, envoyé chier les virulents, coupé les ponts avec les plus abrutis de jaloux, et je fais des doigts aux gens dans la rue à partir du moment où ils me sifflent comme un chien (ronde, on m’a déjà lancé une canette de coca à la figure en me disant que j’étais plus à ça près).
Mes seins, c’est le volume deux. J’ai toujours eu une petite poitrine qui me complexe. Et comme je suis du genre à m’aimer, j’ai décidé de l’aimer aussi et de l’assumer. Et depuis la puberté je me mange des commentaires là dessus, et maintenant aussi j’envoie promener plus ou moins gentiment. Sinon c’est mes piercings, mes tatouages, mes cheveux... Moralité ? Les gens n’aiment pas ceux qui s’aiment eux même. Moi je me plait, je plait à mon chéri (qui se garde bien de me faire des commentaires depuis que je l’ai privé de X pendant trois semaines parce qu’il m’a appelé *oeuf au plat*), et c’est le plus important. Ronde, mince, plate, percée tatouée, cheveux rouges bleus roux ou verts, je m’aime. Et crotte les autres, mon corps mes choix. Affirme toi, arrête de sourire le temps de dire ce que tu penses, et je t’assure que ça fonctionne. Quand on est gentille, les gens ne s’attendent pas à ce qu’on réponde et sont bien surpris le jour où ça sort !