Les sujets étaient très classiques, mais invitaient à déverser des lieux communs comme on le voit trop souvent...
Les sujets de ES... "Toute vérité est-elle définitive" ? ça finit sur des "bah non pas si elle est fausse".
Sinon on peut tout citer en philo, mais faire une copie qui se contente d'exemples sans les analyser ne donnera jamais une bonne note.
Personnellement je commençais à désespérer de la philosophie à la fac car en effet pour moi on se contentait de faire de l'histoire de la philosophie quitte à oublier la réflexion, mais en enseignant au lycée je me rends compte que le programme laisse énormément de liberté aux élèves.
Concernant donc l'idiotie de faire réfléchir librement dans un cadre fermé, je ne trouve pas ça absurde, on a toute liberté concernant la thèse que l'on va défendre, concernant également les exemples et les références. Par exemple le coup du "de toute façon il faut penser comme le correcteur" est on ne peut plus faux, j'adore lire des copies surprenantes qui défendent des positions différentes des miennes.
Donc pourquoi une méthode aussi "stricte" ?
On attend un raisonnement progressif, la dissertation en plusieurs parties s'y prête particulièrement bien. Il faut être capable de réfléchir aux limites des différentes réponses. J'aime bien me dire qu'une dissertation de philosophie c'est une sorte de discussion avec soi-même, on se dit est ce qu'une vérité est définitive ? Hé bien non puisque l'on a remis en question plusieurs vérités, non parce que la réalité change, etc. Mais si ça change, si c'est remis en question, était-ce bien une vérité ? Peut-on prétendre accéder à la vérité ? Ou est ce que l'on tente de s'en approcher ? Etc.
De même, un candidat ayant compris le sujet doit avoir saisi le problème posé par celui-ci. Par problème on entend contradiction, paradoxe. Sinon le sujet n'aurait aucun intérêt, on pourrait y répondre immédiatement.
Et pourquoi avoir recours aux philosophes ? Alors ça c'est le point qui me laisse la plus perplexe. Mais finalement je me contente de dire que pour penser par soi-même, il faut aussi apprendre à penser à partir des autres. En maths on s'appuie sur les découvertes des maitres. Exactement pareil en philosophie, je ne prétends pas penser avec la même précision, la même complexité qu'un grand philosophe qui a passé sa vie sur un problème précis, donc je m'aide de ses découvertes. Finalement le raisonnement reste le mien, et je ne fais qu'emprunter un bagage conceptuel. Bon après j'avoue que bien souvent je me détache des philosophes.
Les références littéraires, les exemples originaux, les analyses cinématographiques sont toujours valorisées. Je les utilise beaucoup dans mes cours d'ailleurs, ça plait bien aux élèves.
Bref je défends ma matière que j'ai appris de nouveau à aimer cette année :)
Et sur ce je retourne corriger les copies du bac