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Les futures mamans de c.a - TOME 2
Posté le 20/03/2020 à 11h23
Coucou les futures mamans,
J'interviens sur le thème "accoucher sans papa" car cela va probablement devenir un parcours du combattant de faire accepter le papa dans les maternités vu la tournure que ça prend. Les mamans qui avaient suivi mon acc le savent, cela m'est arrivé mais je voudrais témoigner auprès des futures mamans qui n'étaient pas encore présentes ( merci justsmad de m'avoir tagguée :))
Mon mari est parti en mission pendant 6 mois, il devait avoir 3 semaines autour de mon terme (sinon il aurait décalé son départ à l'année prochaine, et échangé son tour), qui se sont transformées en 10 jours, puis 6 sur le territoire national. On a parié sur la semaine 40 car j'avais accouché à 40+3 pour le 1er et que j'ai failli accoucher à 35SA (saleté de grippe, merci chronadalate).
Vous le voyez arriver, mon mari a du reprendre l'avion, pendant que j'étais en plein travail. Je vous relaisse le récit sur dessous. A la suite, je vous parlerai un peu de mon état d'esprit et des quelques conseils que je peux vous donner.
***
Il est 5h, Paris, s’éveille et mes contractions aussi. J’ai un peu l’impression de répéter l’histoire de Théophane mais c’est celle d’Isaure qui sera contée. Bref, ce sont des petites douleurs qui me réveillent tranquillement. Pierre dort, ou somnole, je ne sais pas trop. Il doit repartir dès 8h30 pour prendre son avion direction des Etats-Unis. Je ne le dérange pas, et je regarde l’heure : toutes les dix minutes. Encore une histoire de « déjà-vu » 14 mois pile auparavant. Car oui, je suis en train d’accoucher au même terme que le premier.
7h30, l’aîné se réveille. C’est Pierre qui descend s’en occuper juste avant de partir, et moi je reste un peu au lit avec le chrono en main. Les contractions sont désagréables mais, je dirais un petit 2/10 niveau douleur. J’ai une faim de loup et je décide de prendre mon petit-déjeuner vers 8h30. Un dernier aurevoir pour ces trois dernières semaines de séparation. Pierre me demande si je pense que c’est pour aujourd’hui. J’ai envie de lui dire « oui, je ne me trompe pas » mais je sais qu’il est déjà peiné. Je réserve donc mon avis avant de faire un petit tour à la maternité. Je prends mon temps tant que je ne passe pas sous les 10 minutes. Une heure après je varie entre 5 et 8’, la douleur est crescendo, elle m’empêche de marcher ou de parler, c’est bon signe. Brossage de dent, bisous à Théophane, appel détente d’une amie, départ pour la maternité.
A 10h sur place, je suis prise en charge par une sage-femme adorable, « bonjour vous venez pour quoi ? » « Pour accoucher ! ». L’ambiance est décontractée, nous sommes dimanche matin. J’ai du répit entre 2 contractions et je ne suis qu’à 3/10 pour la douleur. On plaisante, on me demande mon projet d’accouchement : sans péri si c’est possible et que j’y arrive. Les sf sont toutes formées à la méthode de Gasquet, c’est rassurant. Premier bilan du col : je suis à 5cm. Ces contractions depuis ce matin ont été efficaces. Parfait, ça rebooste le moral. Heureusement car 1ere mauvaise nouvelle : le monitoring sans fil ne fonctionne pas. Je n’aurai pas le droit à la baignoire. Bon, ce n’est pas ce qui me faisait le plus peur. Je suis donc branchée à mon monito, les fils sont longs, cela me permet de bouger de quelques mètres et de danser sur ma musique en bougeant bien le bassin. Je repense à mon amie sf à Mayotte qui me racontait comment les femmes africaines dansaient au rythme du monitoring. Je tente de faire pareil. Je suis définitivement une piètre danseuse, c’est officiel.
Je suis seule un petit moment le temps que ma sage-femme fasse la paperasse nécessaire. Seule physiquement mais pas psychologiquement. J’ai du soutien précieux : famille qui est à la messe de Pâques, amies proches qui sont au taquet. La sage-femme revient quand je commence à augmenter en intensité dans les contractions, qui sont un peu anarchiques mais qui me laisse le temps de parler et de récupérer. Je perds évidemment la notion du temps jusqu’au prochain examen. Il est 11h30, je suis à 8 déjà mais je commence à jongler et à moins bien gérer la douleur. La sage-femme est très encourageante, elle me soutient à fond, me félicite sur les respirations et les mouvements de bassin. J’ai deux injections de spasfon sur des contractions afin que le col ne se referme pas et que cela permette à bébé de moins forcer. Elle me propose de venir à quatre pattes sur le ballon qui est sur la table d’accouchement. Je grimpe et tout s’accélère. Littéralement. Les poussées et contractions se font plus fortes. Je ne fais plus des râles de son graves… non je commence à décharger tout simplement la douleur en grognant très fort (oui c’est l’étape avant le cri, qui est celle qui précède le hurlement/beuglement). Je vois la sage-femme et l’auxiliaire puéricultrice qui mettent une blouse : attention ceci pressent le carnage. Je repasse sur le dos pour un dernier examen … enfin, je tente entre deux contractions. Je suis passée au stade du cri. Désespérance ? douleur ? expiation ? … heure de décès ? Encore une contraction. Ma peur de m’uriner dessus disparaît. Je me suis vidée. Pudeur du jour bonjour. Je suis à dilatation complète. La poche des eaux se rompt juste avant que la sage-femme ne le fasse. Mes poumons s’arrêtent de fonctionner… ma voix aussi (répit de 30sec pour les oreilles du personnel). Je suis paralysée dans ma respiration tellement la douleur est insupportable. Je sens mes yeux sortir de leurs orbites tel Raspoutine dans Anastasia (bonjour la référence Disney). Combien de temps vais-je tenir. Ah bah non, c’est la poussée. Je ne compte pas vraiment, il faut juste que ça sorte. Je bascule instinctivement sur le côté, la puer me tient la jambe et ça me soulage. Le cercle de feu est là mais au contraire il me fait presque « du bien », je sens une touffe de cheveux (so glam, ça chatouille et me change les idées… un dixième de seconde). La tête passe, j’arrête la poussée, la sage-femme replace l’épaule, une 2ème poussée, les épaules sortent et le bébé avec. C’est fini. Je découvre que c’est une fille. Shoot d’hormones, d’ocytocine, c’est ma fille que j’accueille dans les bras. Ma délivrance est proche, le placenta sort sur une petite contraction. Il est complet. Impeccable. Petite couture, 1 seul point avec une anesthésie locale en spray (lol… ceci est un effet placebo haha). La sage-femme est douce. La puer est toujours là à me donner la main le temps que ce soit finit.
Isaure est sur moi, je déborde de bonheur, de soulagement, de tout. J’ai tous les sentiments qui se mêlent. Je reste 2h30 en peau à peau avec la petite qui dort sur moi. Quelle joie, quel bonheur. L’équipe me félicite encore pour le projet sans péridurale. Je m’excuse de leur avoir percé les tympans.
Pierre n’est pas là, alors je prends autant de photos et de vidéos que possible. Il découvrira tout en sortant de l’avion. Je sais déjà qu’il est triste mais heureux. Seul avantage d’accoucher seule : ne pas s’afficher devant son mari et lui montrer ce qu’est un animal qui beugle (et au passage j'ai du traumatiser la prochaine génération de femme enceinte… il y avait deux déclenchements dont un en salle nature… so sorry). Au moins je ne me serai pas ridiculisée auprès de tout le monde.
***
Voilà. Au fur et à mesure de la mission de mon mari, je me suis vraiment préparée à accoucher seule. Je me le suis martelé en me disant "s'il est là, c'est bonus". Je me suis rendue compte aussi que je n'étais pas triste pour moi, mais pour lui. Il a attendu 3 semaines avant de rencontrer Isaure.
PREPARATION
- Discuter du projet de naissance et inclure son mari dedans (en rédaction, remercier quand même la maternité qui n'y est pour rien et bien préciser que le papa aurait voulu être là)
- Lors de la rédaction du projet de naissance, ne laissez AUCUN doute sur vos envies, le papa ne sera pas là pour faire barrière
- Demander au papa de choisir la tenue de naissance, préparez la valise ensemble.
- VERBALISER ses craintes, ses angoisses, ses peurs (vous avez de la chance, vous êtes en face profitez-en, mes appels "Skype" / "WhatsApp" avec 8hrs de décalage quand il ne volait pas étaient folkloriques)
- Prendre un temps à deux (même si vous avez des enfants plus âgés) pour remettre tout à plat et revoir une dernière fois le projet de naissance
- Prendre un temps en famille pour expliquer aux plus grands ce qu'il se passe. Expliquer la place du papa lors de leur naissance et leur dire que ce bébé n'aura pas cette chance et papa non plus. Sans faire dans le pathos, expliquer aux enfants que ce n'est pas de leur faute si vous êtes tristes ni celle du bébé qui arrive.
- Passer en revue les sujets : péridurale, physio ou non, cas de césarienne, si pépin etc... ce n'est pas pour vous mettre des angoisses mais pour anticiper.
ACCOUCHEMENT
- Si (et seulement si) vous êtes à l'aise, filmer l'accouchement (portable à mettre dans un coin, vidéo tournante, faite de la place avant ^^) ou demander à un personnel de l'équipe médical de le faire pour vous. Il y a une caméra pas mal dans le milieu équestre mais je n'ai plus le nom, c'est celle qui tourne en fonction de là où vous êtes. Il y a un bracelet que l'on met au poignet pour qu'elle capte votre emplacement.
- Si vous n'êtes pas à l'aise, faire une vidéo dans la foulée et l'envoyer au papa avec le bébé sur vous même si vous avez une tête de déterrée !
- Demander à venir pour les soins (on m'a mise sur une chaise roulante bien qu'accouchement physio) et j'ai pu assister en direct live. J'avais demandé pas d'aspiration nasale, pas de bain, pas de pesée etc.. Tout s'est fait plus sereinement le lendemain.
- Ne pas oublier chargeur et téléphone, ce sera votre seul moyen de communication. Prendre des photos (et prendre son appareil photo si vous en avez un), faites un max de vidéos pour vous constituer des souvenirs et les partager avec votre famille.
MON RESSENTI
- Comme je le disais, j'étais bien plus triste pour mon mari que pour moi. Parce que moi, j'étais en 1ere ligne et que j'ai tout (ou presque) vu.
- Mon mari l'a finalement "pas trop mal" vécu car de toute façon, y a pas le choix et faut se le mettre en tête
- J'en ai longtemps voulu à l'armée de m'avoir fait croire que mon mari serait là, qu'ils essayaient de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour m'apercevoir qu'en fait, rien du tout. C'est ce qui a été vraiment difficile à gérer.
- J'ai beaucoup discuté avec des amies femmes de militaire, nous sommes des centaines à le vivre. ET puis il y a aussi les "fails" de certains couples comme un couple d'amis dont la femme a appelé mon mari au taffe "chéri j'ai des cintractions, ça va arriver" / "Arriver vite ? ou ça va ? " / "Non tu as le temps de venir je pense" (45mins de route) … bébé est né seul avec maman sur le canapé, personne pour l'aider, le mari n'a pas assisté à la naissance.
- Avant, c'était une histoire de femmes et les pères attendaient sagement à fumer et boire (je ne dis pas que c'était mieux ! mais que c'était la norme… mais heureusement que les pères sont plus impliqués, ça lutte contre le machisme et le sexisme ordinaire). Alors pour ma part, je m'en suis remise aux deux femmes qui m'accompagnaient : une sage-femme et une puer. Elles ont été mes piliers et je leur ai remis ma vie entre les mains.
La différence avec cette affaire, c'est que comme tous les acc se passeront sans le papa mais avec autant d'accouchements, il ne va pas y avoir beaucoup d'acc physio car ça sollicite bcp le personnel médical. Donc les péri seront posées plus facilement pour "gérer" ça plus facilement. Normalement, la sf peut laisser le papa avec la maman et ils gèrent les contractions ensemble, la maman ne se retrouve jamais seule. Malheureusement, ce ne sera pas le cas et il faudra être presque bornée sur son projet d'accouchement, d'où son immense importance.
Voilà, ceci n'est qu'un retour d'expérience, que ma façon de penser. Il faut que vous soyez forte pour deux … voire pour trois. Sachez que le personnel médical préfère LARGEMENT que le papa soit là car ça fait du relai, ils n'y peuvent rien et mieux vaut accepter que lutter (flash niouz, c'est la même pour les contractions :p Chaque contraction doit être acceptée plutôt que d'être en lutte totale).
D'ailleurs, s'il y en a qui ont des projets physio d'accouchement, je suis dispo par MP pour des conseils de lecture, vidéos, prep, etc …
A toutes, courage dans cette période difficile, nous nous relèverons plus fortes ! Et vous pourrez dire : je l'ai fait. Je vous bisouille (de loin … à plus d'un mètre …. derrière un masque en tissu :p )