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Les futures mamans de c.a - TOME 2
Posté le 01/04/2019 à 17h08
Bon, il est temps de faire le récit de mon accouchement sinon je ne le ferai jamais !
Donc, après un premier RDV le 18 mars puis un deuxième le 20 pour cause de terme dépassé, les monitos montrent que le bébé va bien mais ne semble pas décidé à sortir ! Ouverte à 2 doigts larges, ça ne bouge pas, pourtant à la maison j'essaie de faire quelques efforts histoire d'éviter le déclenchement ! Celui-ci est prévu samedi 23, après un dernier RDV de contrôle vendredi 22. Je n'aurai pas l'occasion d'aller à celui-ci car dans la nuit de jeudi à vendredi, je suis réveillée vers 4 heures par des contractions douloureuses. Elles sont espacées de 15 minutes donc je patiente et parviens plus ou moins à somnoler entre deux. À huit heures, je préviens mon chéri que ce sera sans doute le grand jour, on se lève, on déjeune, et je décide d'aller me détendre dans un bain tout en comptant les contractions histoire de voir. Elles varient entre 4 et 7 minutes, je commence à bien souffrir, je ne veux pas attendre plus : il est 10 heures, on part à l'hôpital.
Alors déjà, première bonne nouvelle de la journée, il y a un énorme blocage de forains à l'entrée de la ville du Mans, donc bouchon et routes bloquées pour accéder à l'hôpital. Je vous laisse imaginer l'état dans lequel j'étais... Finalement, on parvient à un rond-point avec plein de policiers et CRS, donc on va les voir et on leur explique la situation. Ils parviennent à nous faire emprunter la route bloquée (on passe par le terre-plein etc^^), ce qui nous permet de ne pas nous perdre par des petites routes inconnues. Nous arrivons donc à l'hôpital à 11 heures. Mon copain me dépose aux urgences, m'accompagne puis me laisse le temps de garer la voiture. Entre-temps, je suis prise en charge par la sage-femme que je devais voir l'après-midi, elle m'ausculte, je suis déjà ouverte à 5 cm ! Je suis hyper contente, déjà la moitié du travail de fait ! Je demande si la salle "nature" est dispo, c'est le cas, alors on y va. Mon copain me rejoint, on commence par 30 minutes de monito. Tout va bien donc elle me propose de me faire couler un bain. Je gère déjà très moyennement la douleur, je suis totalement centrée dessus, je n'arrive pas à me mobiliser, à respirer, à penser à autre chose. Je reste une bonne heure dans l'eau chaude tandis que mon copain utilise autant que possible les points d'acupression pour me soulager. Un peu en vain, j'ai tellement mal que je ne sens pas ce qu'il me fait.
Retour au monitoring, qui enregistre quelques ralentissements cardiaques pour bébé, mais rien de trop alarmant encore. Nouveau contrôle, je suis à 8 cm ! Je commence à grave douiller et décide de céder à la péridurale. Manque de bol, les anesthésistes sont sur une césa donc pas dispo : on m'amène le gaz hilarant à la place. Ça me fait bien, ça ne fait pas partir la douleur mais ça m'aide à gérer quelque temps comme ça, je refuse même la péri quand l'anesthésiste est de retour. Malheureusement, ensuite, ça se corse : la SF est inquiète, bébé fait de gros ralentissements cardiaques. Après un long monito, elle décide qu'il faut percer la poche des eaux pour accélérer les choses. Du coup, étant déjà à peu près à mon maximum de douleur, je demande la péri. On me la pose, mais elle ne prend qu'à gauche... Donc je n'ai plus rien à gauche (je bouge même plus un orteil) et je ressens tout à droite... Je vois à la tête de la SF qu'elle est inquiète, elle pousse un peu l’anesthésiste, il n'y a pas de temps à perdre. Du coup il m'injecte une dose de cheval, et là c'est l'horreur, je deviens totalement immobile, je ne sens plus rien, je pèse 300 kilos, je m'effondre. D'autant qu'une fois la poche des eaux percée, ben... rien. Rien, à part que mon col est finalement repassé à 7 cm. Les ralentissements cardiaques du bébé se calment, c'est déjà ça. Mais moi je suis en pleurs, je deviens dingue d'être incapable de ressentir/bouger quoi que ce soit dans le bas de mon corps. Je demande à mon copain de me bouger les jambes, ça m'aide déjà un peu...
La SF revient me voir et me dit que l'interne préfère faire un prélèvement sur le bébé pour mesurer les lactates et s'assurer qu'elle va bien. Plus facile à dire qu'à faire, elle ne se laisse pas faire, rue littéralement dans les brancards, c'est la java dans mon ventre et l'interne ne s'en sort pas, elle n'a jamais vu ça. Donc après 25 minutes d'essais infructueux (le tout toujours en mode bout de viande et les jambes écartées face à 6 personnes), le chirurgien arrive et prend le relais. Entre-temps, la SF avait pris le temps de m'expliquer ce qui se passerait en fonction des résultats du test. Le prélèvement est fait, le résultat tombe, 5,1. J'ai à peine le temps de comprendre qu'on a dépassé le seuil fatidique de 5 qu'on est déjà en train de me tondre et de m'emmener au bloc, seule, le temps que mon conjoint s'habille pour l'occasion. Je m'effondre d'autant plus, c'est un cauchemar... L'opération se passe bien mais les sensations sont bien différentes de ce que j'aurais pu imaginer. On sent TOUT ! Alors pas la douleur, certes, mais cette sensation qu'on te dépèce, t'arrache les entrailles, plusieurs fois de suite, cette attente en silence à chaque nouvel arrachement : pourquoi elle ne crie pas ? Elle est sortie ou pas ? Et puis finalement, ça y est, je l'entends, il est 22 h 10, elle est née. On me l'apporte immédiatement, elle se vide de son méconium sur tout le staf, elle a froid donc on ne me la laisse pas longtemps, il faut aller la réchauffer et l'habiller, elle part avec son papa. La suture est interminable, une bonne heure, je n'en peux plus d'attendre, d'être seule. Le chirurgien vient me voir, me demande si j'ai des règles douloureuses... le verdict tombe, j'ai de l'endométriose, youpi.
On me remonte en salle de réveil pour contrôler ma sonde urinaire etc. pendant deux heures. Le papa revient avec le bébé (il ont fait du peau à peau pendant ce temps-là), c'est l'heure de la première tétée. Et d'une mauvaise nouvelle : Clémentine a une dysplasie des hanches. On reste donc tous les trois sous surveillance, mais je suis totalement déconnectée, comme sous le choc. Je n'ai qu'une envie, m'en aller, dormir, limite repousser ce bébé... c'est horrible. Je ne me souviens pas des heures qui ont suivi, le retour en chambre, la nuit, les tétées...
Le séjour se passe à la fois très bien et très mal pour moi. L'équipe est top, je suis vraiment hyper bien entourée, rassurée, etc. Mais moralement je suis au plus bas, je passe mon temps à pleurer, j'ai mal partout, je ne peux rien faire, ni me lever, ni porter/m'occuper de mon bébé. Un médecin spécialisé passe voir ma puce pour ses hanches et confirmer le diagnostic de la sage-femme (elle était en congé et est venue quand même pour que ce soit pris en charge au plus vite). Voilà que douze heures après sa naissance, mon bébé est déjà coincé dans un lange rigide qui la maintient en position "grenouille", avec interdiction de la changer plus de trois fois par jour, de lui donner le bain... Et pendant le change, il faut être deux pour qu'elle soit toujours maintenue dans cette fameuse position pendant que l'autre nettoie et change la couche. Je ne suis pas du tout capable physiquement de le faire, même me lever et observer est trop dur, je ne peux pas tenir debout si longtemps (d'autant qu'elle aime faire des blagues et profiter d'être les fesses à l'air pour faire pipi/caca partout, donc à un change de couche compliqué il faut quasi systématiquement ajouter... un deuxième change dans la foulée). Je suis hyper angoissée, je me dis qu'une fois rentrés à la maison on ne va jamais s'en sortir. Les soignants sont à l'écoute, prévenants, au fil des jours le papa maîtrise de mieux en mieux, puis je me risque à essayer avec lui sous supervision, mais je ne tiens pas le coup, donc on organise l'espace de travail autrement et le change se fait assis, avec le bébé sur mon lit.
De mon côté les choses ne s'arrêtent pas là, ma vessie est en grève et refuse de redémarrer. Donc sondages (parfois jusqu'à un litre dedans !!), d'abord ponctuels, puis 48 heures de sonde à demeure. Quand on me la retire, j'arrive enfin à uriner, je me dis que les ennuis sont derrière nous, mais non, malgré les apparences ma vessie ne se vidange pas complètement. Chaque séjour aux toilettes s'enchaîne donc avec un sondage de vérification. À ce stade, j'ai perdu toute forme d'intimité, je n'en ai plus rien à faire de rien, en fait. Je passe mes journées à me faire tripoter et avoir des examens désagréables. On me propose de rentrer chez moi avec une sonde à demeure pour 2 semaines ou d'être formée pour m'auto-sonder 5 fois par jour. Je me décide pour l'auto-sondage, avec dans l'idée de ne pas être aussi drastiques que recommandé car moi je me sens "bien" : je ressens l'envie d'uriner et j'urine. Le reste, je pense que c'est un souci antérieur à ma grossesse (j'ai toujours eu une vessie capricieuse) et franchement, je me sens pas de gérer ça en plus du reste. Mes trois premiers auto-sondages étant moins catastrophiques, on me laisse finalement repartir avec pour consigne de vérifier ça une fois par semaine et de m'alarmer au moins souci, j'ai RDV chez l'urologue fin mai.
Nous sommes rentrées de la maternité jeudi soir, je remonte la pente très, très doucement. Je continue de pleurer, beaucoup. Avoir un nouveau-né à gérer est juste à mille kilomètres de ce que j'imaginais, je me sens complètement dépassée et je me mets une pression monstrueuse pour tout. La journée, je n'arrive pas à me reposer, tout est source de stress. Il va vraiment falloir que je fasse un gros boulot sur moi afin de surmonter tout ça et réussir à gérer le quotidien avec un minimum de sérénité. Les jours s'enchaînent et ne se ressemblent pas, on cherche nos marques, je découvre cette sensation qui prend aux tripes dès que mon bébé pleurniche et qui me rendrait malade, je comprends que les prochaines semaines vont n'être consacrées à rien d'autre qu'à elle, je me pose mille questions (la laisser téter tout le temps ? la laisser dormir avec nous ? la laisser pleurer un peu ? je ne suis plus sûre de rien, je doute non stop).
Aujourd'hui, j'attends avec impatience le 10 avril et le nouveau RDV avec le médecin-chirurgien des hanches. A priori, on en ressortira avec le droit de changer Clémentine quand on veut, sans nécessité d'être deux (donc le droit de retirer le lange momentanément), et le droit de lui donner le bain. Malheureusement, même si tout va bien, il restera l'écho des 1 mois puis la radio des 3 mois, et d'ici là, elle devra garder ce foutu lange... Peut-être même plus longtemps. Alors je sais bien que je le vis bien plus mal qu'elle (même si baigner dans une couche sale toute la journée doit vraiment pas être top), elle n'a pas de douleurs ni rien... Mais ça rend les débuts encore plus compliqués, c'est déjà un tel chamboulement quand tout roule...
Voilà, vous savez tout... J'ai vu une psy pendant mon séjour qui m'a proposé de revenir la voir, donc j'y vais vendredi. Je vais vraiment tout faire pour me remettre d'aplomb car j'ai peur de sombrer.