Les futures mamans de c.a - TOME 2

justsmad Elle participe déjà beaucoup à la préparation des repas avec moi, elle aime beaucoup. Repas autonomes, c'est toujours comme ça qu'on commence, mais comme au bout de 3 cuillères, ça ne l'intéresse plus, bin je prends le relais... A la crèche, apparemment, il y a moins de soucis. J'imagine qu'elle sent très bien mon angoisse qu'elle ne mange pas à la maison...
J'avoue que je me retrouve régulièrement à lui faire du chantage genre "tu veux un livre? alors mange ta cuillère et je vais te le chercher" par exemple. J'ai carrément honte mais je me sens tellement démunie parfois... Par contre, je prends très à cœur de ne pas me fâcher (même si ça peut arriver, mais dans ces cas-là je m'en vais pour ne pas exploser ce qui ne servirait à rien).
Quand de temps en temps, elle mange tout et toute seule, je la félicite en lui disant que je suis fière d'elle et tout. Je ne sais pas si c'est bien en réalité. J'ai super la trouille qu'elle finisse par développer des troubles alimentaires à cause de moi....
Mais si tu l'écoutes, elle mange 3 cuillères et repart jouer...

looloutte Ton message est tellement vrai ! Je me suis reconnue dans chacun de ses passages.

Bon toujours quelques questions existentielles ensuite, genre, "si j'augmente la quantité de purée, est-ce que je dois diminuer d'autant la quantité de lait ? ou le laisser boire ce qu'il veut ?".
Mais j'ai l'impression qu'on gère ce genre de question plus facilement et sans le stress du début.

sweetie
Ah oui je comprends le stress... Et comme tu dis,c'est un cercle vicieux parce que ça t'angoisse et qu'elle le sent. Pas simple...
Le fils de mon chéri était comme ça : des heuuuures pour manger, il picorait et il pouvait mettre 15 minutes pour mâcher une bouchée de viande... Ça me rendait folle. Aujourd'hui, à 16 ans, c'est un grand gars sans soucis donc ne t'inquiètes pas trop (même si c'est plus facile à dire, ça me stresserait ++ aussi.). Et il n'a pas de soucis alimentaires (hormis ceux d'un ado qui peut d'un coup manger 4 assiettes de pâtes et 2 desserts )

sweetie Et si tu la laisses manger 3 cuillères et repartir jouer ? Peut être qu'elle fractionnerait ses repas ? Tu pourrais peut être lui laisser son repas à dispo avec yaourts, fruits ? Voir comment elle se régule toute seule ?
Je sais qu'on se sent vite démuni face à ce genre de situation... :(

Haha niveau sommeil je vais vous rajouter une autre période sympa...
L'acquisition de la continence la nuit. Ça tombe généralement à une période où votre corps s'est bien habitué aux nuits entières. Puis vous entendez "maman y'a pipiiiiiiii"! Et puis faut se lever vite pour éviter les accidents. Règle n°1: toujours avoir des draps prêts sous la main lol.
J'ai tenté de lui donne une lampe de poche pour qu'elle aille aux wc seule mais bien que ça l'ait bien amusé, ça n'a pas été concluant...!

Je pense aussi qu'on est plusieurs ici sur CA à avoir dit combien c'était dur parfois. Mais ça doit passer un peu à la trappe tant qu'on n'est pas vraiment dans le concret.

Moi j'avais tellement peur que ça soit dur pendant les 6 premiers mois que je me suis armée +++, j'ai accepté d'être un peu "entre parenthèses", je m'ennuyais et je tournais en rond mais pour moi c'était normal, pas facile certes mais je relevais la tête facilement... et je me suis écroulée quand elle avait 7 mois.
Alors bon certes j'ai une hypothyroïdie qui n'aide pas mais il y a quelque chose d'autre en plus.

Sans oublier que devenir maman peut rouvrir des blessures anciennes mal cicatrisées, ou mises sous le tapis. Ma psychologue pense que la naissance de ma fille a réactivé toutes mes blessures intérieures, tout ce sur quoi j'ai mis un gros couvercle il y a 10 ans en disant : "ma vie m'appartient, c'est à moi de la construire, allons-y". Mais je n'ai pas traité la perte de ma maman, les relations compliquées avec mon père. Aujourd'hui tous ces sujets génèrent des émotions extrêmement fortes et incontrôlables chez moi, et pas seulement de la tristesse. Surtout de la colère, beaucoup de colère, contre tout et tout le monde. Alors on y va tout doucement avec la psychologue, je n'aurai jamais cru devoir suivre une thérapie, mais voilà, les enfants nous changent.

J'arrive à ressentir de la sérénité, un certain équilibre à 3, j'ai eu des moments "révélation" où j'étais sûre d'aimer ma fille, j'ai eu l'impression d'enfin la rencontrer (assez récemment) et pas juste de m'en occuper du mieux possible comme un devoir.
Bon et j'ai encore des phases où j'en ai assez de tout, où je suis fatiguée psychologiquement, et où je regrette ma vie d'avant.

Il y a un truc qui m'étonne, c'est que quand je discute autour de moi avec d'autres jeunes parents, je suis la seule à dire qu'on trouve ça difficile, qu'on en chie. Je ne sais pas si nous sommes les seuls à le ressentir ou les seuls à oser le dire. C'est une vraie interrogation.

melye
Les seuls à oser le dire.
Autour de moi, même des collègues de boulot, m'ont dit en gros : "bon courage, tu vas en ch*er".
Tout le monde galère à un moment ou à un autre je pense...

justsmad La nuit de samedi où elle s'est réveillée, on venait de dire à ma belle soeur qu'elle était fantastique, qu'elle dormait d'une traite chaque nuit, zéro réveil, blablablabla! Et BAM réveil à 00h en mode coucou les parents! Même pas en larme rien! Un petit coucou de bonne humeur, j'avais l'impression qu'elle me disait "ah bah moi je suis réveillée les enfants hein, c'est quand qu'on joue?". Euh... On va plutôt dormir hein!

Donc je pense qu'on va dire que c'est comme les chutes de cheval. Quand tu commences à dire "ah bah dis donc moi je tombe jamais ça fait hyper longtemps que je suis pas tombée" en général tu te gauffres comme une merde la séance suivante!




Tu résumes parfaitement ce que je pense!

La prise de chou sur le changement de couche c'est exactement ça!!! Mais exactement! Si je la change avant elle va de toute manière me faire un caca immense au milieu du biberon! Mais si je la change après je vais la réveiller! Et perso je vois pas comment changer une couche sans réveiller bébé hein!

Et ça a l'air totalement futile vu de l'extérieur mais putain quant t'es dedans ça prend des proportions de dingues.

melye Je pense que tu as tout à fait raison sur le fait que la naissance d'un enfant ré-ouvre des blessures anciennes ou en tout cas des choses non résolues dans notre histoire personnelle. On est pas du tout une page vierge, on hérite d'une histoire dont on a pas forcément parfaitement conscience.

Perso je savais que la relation que j'ai avec ma mère serait ultra polluante. Et je confirme: elle l'est! Ca n'a pas du tout aider je pense, et je ne mesure pas à quel point c'est polluant dans mon cerveau encore aujourd'hui. Et j'ai une peur bleue que ça impacte ma relation avec ma fille...

melye Non je pense que vraiment y a un gros tabou sur combien ça peut être difficile!

Je me souviens m'être effondrée, Olivia avait 3-4 mois, moi en DPP, Guillaume en burn out. On était chez de la famille: la belle soeur de ma belle soeur (vous suivez ) a une fille d'un peu moins d'un an que moi et je disais que j'aurais aimé être entouré physiquement au début et je me suis effondrée complètement. Et ma BS: nan mais t'avais qu'à demander....

Bin on en est pas forcément capable déjà, et puis quand autour de toi les jugements sont forts pcq tu fais différemment et bien tu as vite fait de t'enterrer dans la solitude. Donc tout le monde dit à tout le monde que tout va bien et on évite les sujets qui fâche au lieu de se tendre les mains et se procurer le soutien dont on pourrait avoir besoin.

Je pense que l'IRL permet de libérer de ça, trouver des personnes qui nous ressemble ou que l'on ne côtoie pas vraiment, les enjeux ne sont pas les mêmes du coup!

lololabiscotte C'est difficile de trouver de l'aide sans que cette aide soit associé à du jugement. Je crois que les gens quand tu leur demandes un coup de main se crois autorisé à avoir une opinion sur ta façon de faire.

Perso ma mère venait passer des aprem entières, elle apportait certes le repas, mais ne faisait rien d'autre, elle ne prenait pas Jeanne quelques heures pour me soulager. En revanche elle passait l'aprem à égrainer les yaka fokon, les "tu pourrais" "il faut que" "tu dois". Et en dehors de ça, combien de conversation téléphonique où elle m'a balancé des horreurs du type "tu es tellement instable ma chérie". Charmant.

Une fois elle est venue faire un coucou en fin d'aprem. Accessoirement elle est venue avec plus de deux heures de retard sur l'horaire prévu, ça m'a tendu. Mais ensuite c'était une journée sans. Jeanne avait hurlé la mort pendant quasi TOUTE la journée, à 17h j'étais totalement à bout. Tu crois qu'elle me l'aurait prise des bras en me disant: je gère va prendre un bain. QUE NENNI. Quand j'ai dit que je n'en pouvais plus, que j'étais vraiment à bout de cette journée de merde, elle s'est contentée de me faire un signe de tête en mode "tais toi", de me dire que bon ça va quoi c'est un bébé, qu'il ne fallait pas que je me plaigne, qu'il fallait que je sois digne... etc. Faut rentrer chez vous Madame parce que là ça ne m'aide pas du tout. Les quelques heures qu'elle a passé à la maison ont été ultra tendues et mon mec m'en a voulu d'être désagréable avec elle devant lui.

Et ça n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

Donc rapidement j'ai plus vraiment fait signe, ou en tout cas si je faisais signe je n'étais que sourire et tout va bien même si j'avais envie de crever.

En revanche une de mes soeurs a été fantastique. Elle était ma ligne téléphonique SOS! Je l'appelais dès que j'avais une angoisse, une panique, c'est à dire plusieurs fois par jour. Et quand elle est venue elle a TOUT géré: les repas, elle nous a fait de super petits plats, elle a fait une nuit pour nous permettre de dormir, et elle m'a aidé à faire mes premières sorties avec Jeanne pour me montrer que c'était possible!

lololabiscotte t avais qu'à demander... Ah lala ça me fait réagir parce que ça me rappelle une période où j'étais vraiment mal (rien à voir avec la grossesse ou les enfants du coup) il y a quelques années en arrière, je pense que jetai au bord du burn out, j'en étais rendue au point où je me disais que si j'avais un accident de voiture au moins ca allait enfin s arrêter et que je pourrais enfin être tranquille... Bref.

On me la balancé aussi cette phrase. Mais à un moment, si les gens étaient moins auto centrés et faisaient preuve d un peu d empathie ou d intérêt réel pour les personnes qu'ils côtoient, ils verraient que la personne ne va pas bien. Même sans avoir conscience de l'intégralité du mal être, juste se dire que la personne n'a pas l air bien.

Mais c'est tellement plus facile de faire style on a rien vu on dit rien avec un peu de chance elle nous foutra la paix comme ça.
Ça m avait mise très en colère à cette époque, j en vais beaucoup parlé avec ma psy d ailleurs.

lanamour
"C'est difficile de trouver de l'aide sans que cette aide soit associé à du jugement"
C'est EXACTEMENT ça. Pour ma belle mère ou ma mère, si on est fatigués, qu'on en a marre, qu'on est pas bien, le problème vient de nous. Elles ne vont pas nous proposer d'aide pour nous soulager, non, elles vont critiquer et nous disant qu'on a qu'à faire ci ou ça, comme ci ou comme ça. Et ça me rend dingue. Si bien que je ne dis plus rien à ma mère parce que j'en peux plus d'entendre ce que je devrais faire et ce que je fais mal. Alors que quand je lui en parlais c'était juste pour avoir un peu de soutien moral ou qu'elle me propose de l'aide.

Pour la naissance d'Alix, je lui avais dit qu'on avait besoin de rien mais que ce qui nous aiderait ce serait des plats tout prêts, une aide ménagère, ... J'attends toujours.

Punaise, j'ai encore en tête ma BM qui débarque après la naissance d'Alix et nous dit "vous pourriez tondre votre jardin quand même". Sérieusement j'ai cru que j'allais lui tendre ma tondeuse à gazon et lui dire de le faire.

J'ai fait une endométrite après mes deux accouchements. Ma mère est venue """m'aider""" quand j'étais seule avec Lucie et Alix, avec 40 de fièvre, épuisée. Elle m'a laissé préparer le repas, débarrasser, ne s'est pas occupée des filles hormis en montrant des vidéos sur son téléphone à Lucie alors qu'elle sait qu'on ne veut pas. Même pas changer une couche quoi.

Je l'ai en travers de la gorge mais d'une façon... Tout ça ça a clairement marqué des limites dans nos relations.

Pour le changement de couches, je rajoute un paramètre : bébé régurgite facilement, tu sais que l'allonger après manger est un gros risque... Tu fais quoi, tu changes quand ?! Et quand énooooorme caca, tu sais que ça va déborder si tu ne la changes pas dans les 5 minutes... T'as intérêt à être rapide

Et tu te retrouves dans des situations improbables : mademoiselle régurgite (ou vomit à ce stade) donc il faut changer pyjama et body. Sauf que vu ce qu'elle vient de manger, l'allonger c'est prendre un risque (et changer 2 fois de suite, booof).... Je l'ai changé sur moi, les pieds sur la table basse, elle sur mes cuisses face à moi

justsmad Je vois parfaitement ce que tu décris.

Ma mère a passé son temps à me donner des leçons sur comment je devais faire mais sans jamais m'aider physiquement. Et en jugeant le fait que je pouvais exprimer que je n'en pouvais plus par moment. Je sentais que je n'avais pas le droit de dire que j'étais à bout, qu'il fallait que je me taise. Et j'ai fini par me dire qu'elle avait peut être raison, que je n'avais pas le droit de me plaindre ou d'exprimer du mal être. Ce qui ne faisait qu'amplifier mon mal être. Cercle vicieux de merde.

Et pour l'anecdote, elle a du garder Jeanne une fois 2h. La première semaine de ma reprise du boulot, on avait un petit hiatus entre le congés pater de mon chéri et ma reprise du taf. On a pallié autant que faire se peut avec une nounou à domicile, mais il y avait deux heures où je n'avais personne. Donc elle est venue.

Et bah LOLILOL: appelle au bout de 18 minutes, VRAIMENT 18 MINUTES, parce que ma fille pleurait. Et ma mère de me dire après coup: c'est terrible quand un bébé pleure comme ça, tu as du te sentir démunie parfois.

JE VAIS TE BUTER MAMAN.

En hommage à tous les jugements des derniers mois et surtout en hommage à toutes ces fois où elle m'a expliqué que si Jeanne pleurait c'était parce que j'étais stressée.

loraline16 Je comprends parfaitement ce que tu penses/écris! Avec le recul je l'interprète différemment: pour moi ça renvoie juste les gens à leur propre mal être! Resentir celui des autres c'est s'exposer au sien, ses choix, son éducation, son passé :)