CHAPITRE VI : Je parle avec un bunker.
Mars 2019
Je me souviens qu’après mes recherches, j’ai remonté Bise, avec une nouvelle progression. Je ne me souviens plus de ce que j’ai changé exactement à ce moment-là, j’y allais avec plus de progressivité encore, rênes longues, afin de me concentrer sur l’impulsion sans que Bise ne soit aucunement retenue dans sa bouche. « Mains sans jambes, jambes sans mains » !
Il y a eu une évolution positive, puis, sans que je ne sache pourquoi, on a de nouveau régressé.
J’avais l’impression que l’on faisait un pas en avant, deux pas en arrière.
J’ai alors contacté un éthologue par mail dont je suivais le blog depuis un petit moment et dont j’aimais les méthodes, ses critiques constructives sur tous les sujets équestres actuels, son point de vue ouvert à toute sorte de méthodes. Je lui ai exposé ma situation, et il m’a répondu par quatre règles d’or avec les RBI :
1) Se mettre sur un pattern type « corner game » ou « point to point » afin de créer une ligne de départ et une ligne d’arrivée. Cela permet de donner du sens aux déplacements, et de multiplier les pauses-récompense.
2) Changer de phases : la leçon de jambe classique marche rarement avec les introvertis. Il vaut mieux « tapoter avec un rythme irréprochable avec élévation croissante de la pression, TRES LENTE : ne pas faire « 1-4 », ne pas faire non plus « 1, 1,5, 2… » mais plutôt « 1, 1,25, 1,50, 1,75, 2, … » et ainsi de suite.
3) Utiliser des carottes. Encore et toujours les récompenses avec un introverti !
4) Privilégier la balade afin d’associer les jambes à moment fun !
Donc, je décide d’appliquer les points 1 et 2 lorsque je suis à cheval. Je décide également d’instaurer le clicker training, j’achète pour cela un clicker (Sérieux ? Un clicker pour faire du clicker training ?) ainsi que le livre « Motiver son cheval » d’Hélène Roche, pour faciliter l’utilisation des récompenses. Enfin, pour le point 4, je continue les balades à pied, car Bise n’est pas encore suffisamment à l’aise pour que l’on puisse vraiment partir en balade.
Au bout de deux semaines, je vois des progrès : le clicker que l’on n'utilise qu’à pied pour le moment afin d’instaurer le respect de la récompense rend à Bise toute sa motivation, elle semble de plus en plus curieuse envers mes demandes, propose d’elle-même des solutions, elle me donne même l’impression de s’amuser.
En extérieur, on arrive désormais à balader seules en main sans stress, sans hennissements, Bise est détendue et prend de plus en plus de plaisir à sortir. Je diminue les « pauses-broutage-récompenses » jusqu’à n’en garder plus qu’une en milieu de balade.
Et en carrière… Ah, la carrière ! En suivant un pattern, en utilisant la badine de manière progressive, je retrouve une jument bien en avant, qui propose même les mouvements d’elle-même. Quel plaisir !
Tout cela jusqu’à fin mars, où du jour au lendemain, Bise se renferme à nouveau sur elle-même. Un poney enfermé dans une coquille. Une coquille ? Que dis-je, il s’agit plutôt d’un véritable bunker ! Je pourrais claquer le stick sur ses fesses qu’elle ne bougerait pas une oreille !
Sentant l'agacement et le découragement me gagner, je descends de cheval en plein milieu de ma séance. Je repense au fait que j'avais l'impression que ma selle avançait légèrement sur ses épaules. Au fait que le mois dernier, j'avais essayé une Wintec 500 qui m'avait été conseillée par mon ostéo et qui, à l'obstacle, s'était retrouvée carrément sur ses épaules en se soulevant à l'arrière. La selle n'était clairement pas adaptée. Si mon ostéo s'était trompée sur la wintec, peut-être avait-elle pu également se tromper pour ma Bates, et que Bise était en fait gênée par la selle, étant donné qu'elle est fort sensible ? Peut-être avait-elle simplement mal depuis tout ce temps ? (La Marion d'aujourd'hui trouve que la Marion du mois de mars avait quand même des airs de psychopathe paranoïaque).
Donc, je pars chercher une copine, et lui demande de me donner un coup de main en faisant la cobaye. "Je vais prendre Bise à la longe, et tu vas la monter pour voir, en faisant d'abord le poids mort puis tu agiras avec tes aides."
Je fais d'abord faire quelques tours à Bise sans cavalier. Elle semble bloquée dans sa locomotion. Elle se retient, vraiment. Il ne s'agit pas d'un poney fainéant, mais d'un poney qui se retient. Je la remet en avant jusqu'à ce qu'elle se délie et retrouve une locomotion normale - je n'ai jamais eu de problèmes en longe, où elle ne fait que progresser.
Puis je fais monter ma cobaye, qui joue le rôle de poids mort comme lors d'un débourrage. Bise se retient à nouveau, je la travaille un peu en longe aux trois allures - avec une cobaye qui rigole à chaque foulé car ça la change de son gros Franche Montagne !
Elle se délie, retrouve une bonne impulsion. J'enlève la longe, je laisse ma cobaye monter seule. On voit qu'elle n'a pas trop l'habitude de ce type de poney, malgré tout Bise avance comme il faut, répond plutôt bien à la jambe, et accepte de faire le travail. Ce n'est donc pas un problème de selle. Mais quoi, alors ?
Un pas en avant, trois pas en arrière.
30 mars 2019.
Je contacte une monitrice qui vient régulièrement donner des cours à plusieurs personnes aux écuries. Parallèlement à tout ça, j'ai regardé depuis fin février quelques uns de ses cours afin de voir comment elle travaillait. Elle était douce, pédagogue, innovait dans chacun de ses exercices, elle me plaisait bien.
Nous prenons rendez-vous pour le 8 avril à 14h30.