Légitimité des formations pro équestres...?

Les formations dans la filière équine en France sont une vaste blague à mon avis, et ne préparent absolument pas aux métiers auxquels elles sont sensées former, à moins qu'un élève soit particulièrement motivé et curieux, cherche à apprendre, voir et faire plus, et pose des questions pour aller au delà du contenue des cours et des stages. Mais un élève avec ce niveau de curiosité et d'intérêt n'a à vrai dire pas vraiment besoin de la formation, car il apprendrait tout autant en rentrant directement dans la vie active et en se formation "sur le tas".


Pour moi le choix a été vite fait, je suis partie me former à l'étranger, et je ne regrette pas!
En final j'ai obtenu des connaissance théorique utile en allant à l'université en Grande Bretagne, que j'ai complétés ensuite par des compétences pratique en travaillant chez un entraineur de steeple et en faisant une formation pratique en élevage en Angleterre...
Résultat, j'ai trouvé du boulot sans problème et j'ai pu être efficace tout de suite dans mon travail. J'ai donc rapidement pu prendre des responsabilités, et 3 ans après ma sortie de formation on me propose un poste de responsable en France qui commence par 8 mois aux États-Unis pour apprendre les méthodes d'une autre structure.
Mais le truc c'est que je suis curieuse, passionnée, et je ne me repose pas sur mes acquis. Même maintenant je continue de poser des questions, d'essayer de voir toujours plus de choses, d'apprendre de nouvelles méthodes,... En ce moment je travaille 6jours/7 (soit 48h/semaine) dans les écuries et en plus j'essaie d'aller à tous les poulinages la nuit, aux saillies le dimanche, et à toutes les conférences et événement de ce genre organisés dans la région.

Ben voilà. Perso, moi, c'est pareil. J'ai monté tardivement mais je me documentais et puis j'ai commencé sur le tas, je posais des questions, j'essayais de m'améliorer. Au fil du temps, j'ai progressé à cheval et dans mes compétences pour finir chef d'écurie. Et là encore, quand le véto passait, je regardais, posais des questions sur ce que j'ignorais. Je tenais les chevaux, observais les gestes du véto.
Kaskade faisait des conférences et j'y allais, même si c'était en dehors de mes horaires de boulot et ça valait le coup.
J'ai travaillé dans un élevage donc je demandais à ce qu'on me réveille en cas de poulinage nocturne. Quand on allait aux échos, je posais des question si besoin, enfin bon, je me montrais curieuse et j'avais envie d'en apprendre plus sur mon métier. Pour moi, c'est la norme mais visiblement, pas pour tous.
Il n'y a qu'à voir les élèves bpjeps dans mon club. A part une ou 2, les autres ne sont pas là pour les concours et sitôt le dernier brin de foin donné le samedi, hop, en voiture et loin, sans chercher à en savoir plus.

domipac19 Moi aussi je croyais que c'était la norme d'être intéressé et curieux, mais comme toi j'ai réalisé qu'en fait non...
J'ai travaillé dans des écuries où les managers/employeurs étaient même surpris que je cherche quelque chose à faire une fois les tâches quotidiennes finies. Ils avaient l'habitude que les employés restent juste sur leur téléphone jusqu'à ce qu'il soit l'heure de partir.

Je ne suis pas dans le milieu pro, n'étant que simple amateur, mais je vois certaines choses qui m'effraient pas mal.

Quand j'ai repris l'équitation après 15 ans de pause, j'ai vite déchanté du niveau de certains jeunes BPJEPS.
J'ai pris des cours dans un ranch tenu par une jeune diplômée du BPJEPS Western qui me paraissait au premier abord assez passionnée. Au bout de quelque temps, j'ai dû me rendre à l'évidence : elle n'avait aucune idée de ce qu'est la pédagogie ou de comment construire un cours (alors, on laissera tomber l'idée d'une progression...), maîtrisait finalement très peu de notions d'hippologie et ne semblait pas s'en inquiéter, et elle se faisait passer pour quelqu'un d'apte à la rééducation de chevaux... Bien entendu, son équitation n'était pas franchement à la hauteur de ses prétentions.

Je me suis demandé comment elle avait pu obtenir son diplôme... Et j'en suis arrivée à la conclusion que certaines formations, sous peine de se voir disparaître, n'hésitent pas à bourrer les effectifs avec des candidats au niveau médiocre. Et comme on nivelle par le bas, les exigences à la sortie ne sont pas toujours au rendez-vous. (C'est quelque chose que j'ai pu constater dans mon ancien domaine pro en bossant dans la formation linguistique...)

En comparaison, j'ai pu prendre quelques cours avec une jeune femme qui avait obtenu le même diplôme un an auparavant mais qui se formait depuis longtemps dans différentes écuries et élevages, et qui continuait de multiplier les expériences. La différence était flagrante et j'ai apprécié son sérieux. Ses critiques et conseils me sont restés en tête, et je l'en remercie.

Edit : grammaire

Après ce n'est pas que dans le monde équestre, je le vois tous les jours dans mon travail, le milieu aéronautique.
J'étais dans un atelier qui ne réparait que les roues d'avion, on a un jeune qui est arrivé, on lui a proposé plein de fois d'aller dans l'atelier d'à côté, qui travaille sur l'avion même, pour que les mécanos lui fassent découvrir la machine, sa réponse : Bof.
Le gamin son père était mécano avion, il a suivi la filière, il est arrivé chez nous parce qu'en cul de classement de sa promo (il nous a avoué faire des nuits blanches la veille des exams pour regarder des séries au lieu de réviser) et qu'on l'a embauché à ce poste, il était dégoûté, mais bon, il n'a rien fait pour essayer de bouger et de se vendre au reste de la boîte pour espérer un changement de poste, au contraire, il s'est enfoncé à sa place et est devenu inintéressé.

Imagine un peu, moi, je bosse dans un milieu où on n'a pas besoin de diplôme. Tout ce qu'il faut faire, c'est savoir conduire un camion, le reste, c'est aléatoire et là, ben voilà quoi. Tu formes un mec sur une tournée, tout va bien et le seul endroit où tu ne lui as pas montré, ben il pose la palette devant la porte du magasin comme ça le commerçant, quand il arrive, il est obligé de dépoter sa palette pour pouvoir rentrer dans son magasin. Entre le "je savais pas" et "je m'en fous", comment dire? Ou un autre, en toute intelligence, qui laisse la palette de congelé sur le trottoir en l'absence du destinataire. En frais, on peut le faire et on le fait souvent parce qu'à 5h du mat, les commerçants sont rarement là(mais pas en plein cagnard quand même) mais pas en congelé."Ben on m'a pas dit". Pfff

Dans l'écurie de proprios où est mon cheval c'est la valse des apprentis.... Qui a défaut d'avoir le sens et le goût du cheval n'ont souvent aucun sens commun.... Et attendent à partir de 16h30 sur leur tel que 17h sonne... Des vrais petits fonctionnaires qui se fichent complètement des chevaux. Et pour moi effectivement les patrons sont aussi à blâmer !

ecuriessaglini Je suis bien d'accord avec ce que tu décris: c'est moche!

Mais pourquoi doit-on payer tout le monde?

Alors oui, tout travail mérite salaire; mais euh, moi ça me parait pas aberrant d'attendre d'être un peut capable pour être rétribué. Car d'aprés ce que j'avais appris on touche un salaire en rétribution d'un travail. Dorénavant "nos" petits gagnent leur "pain " parce qu'ils viennent pointer ; et aucun employeur ne prends un gars pour le former même en binôme pour en faire un bon outil, il préféreras attendre le dernier moment pour piocher dans les diplômés!

Vu la "sélection" de certains gamins en même temps.... Pour avoir vu une gamine arriver en cap palefrenier pleurer comme pas permis dans un coin de l'écurie son 1er jour, tu te poses des questions sur l'orientation.

On est allé la voir, lui demander si elle s'était fait mal, quel était le problème ? : Elle avait peur des chevaux, n'en avait jamais vu un de près, elle voulait faire fleuriste ou coiffeuse. Mais y'avait plus de place, alors ils l'ont mis la ! parce qu'elle aimait bien les animaux...
Mais franchement, elle était terrifiée !

Bon, on l'a ramenée au patron, on lui a expliqué (parce qu'elle était trop timide en plus pour lui parler) et elle n'est plus revenue. Le patron était furieux après l'école.
J'espère qu'elle a trouvé la formation qui lui fallait.

. Pas un pour rattraper l'autre. C'est pas parce qu'eux bosse 24/7 que les employés doivent faire pareil. C'est ta boite, pas la mienne. [/quote]
Ah ça oui ,les paysans disaient souvent" qu'avec les bêtes y'à pas d'horaire". (Pour expliquer que tu devais faire pleins d'heures parce que c'était comme ça. Pis sinon t'es pas sérieux ou même fainéant). Mais eux ont fini par prendre des remplaçants et il à bien fallu les payer! Du coup ils ont vite appris à compter les heures.
En équit on en est hélas, loin, grâce à la "médiation animale" (ironie). et au flux constant de "bonne volontée"

Appalouse44@ Je crois que la ffe(?) à réglé cela en arrêtant le western. Bon faut dire qu'ils ont distribué des BE pour faire pousser des Bp. Les premiers n'ayant pas tous les même bases mais surtout pas forcement de formation péda, ils n'ont pas su faire de ces payants-stagiaires-paleu des animateurs responsables...

liteulorce Oui, il me semble que la réforme de 2018 a eu raison du BPJEPS Western (enfin, je crois ?).
C'est dommage, il y a eu de bons candidats !

Edit : Enfin... je veux dire qu'il y a aussi eu de bons candidats...

Oui, ceci dit j'ai aussi vu passer un type en reconversion pro (donc tt frais payés) qui est passé de d'un obscur emploi d'entretiens d'ordi à bp western , en un an, no comment...
Mais bon y'à aussi les vae qui permette d'un bp sport en salle , à un bp classiq' après une mini formation cheval...
Je pense que le modèle d’équitation à la française s'est tirée une balle dans le pied et que cela va finir par se traduire dans les faits.

On nous a vendu le BP en disant qu'il fallait changer le BEES car plus adapté aux besoins des centres équestres (en réalité les gens préféraient jouer à l'épervier plutôt que de faire de la technique du coup ils leur fallait des animateurs et plus des enseignants) et que c'était soit disant pour ça que la longévité moyenne dans la profession était de 5 ans (en réalité c'est surtout parce que les enseignants en avaient marre de se faire enfler en heures supp pas payées, en conditions de travail déplorables etc....).

Du coup avec le BP il y a eu un semblant de sursaut; ça a brièvement collé au besoin (entre 3 et 5 ans).
Jusqu'au moment où les cavaliers de club avertis "+" et proprio qui ne trouvaient plus d'encadrement se cassent en écuries de propriétaires ou ailleurs et que les jeunes cavaliers se rendent compte que leur progression en club serait limitée avec un enseignement comme celui là, ils restent donc en moyenne jusqu'à passer leur galop 5/6 et prennent le large vers l'achat ou la dp...
Cela correspond globalement à la baisse du nombre de licenciés. A la longévité des enseignants qui est passée de 5 ans à environ 3 ans (donc pire qu'avec le BE), et surtout on s'aperçoit aujourd'hui qu'il y a aussi une baisse de stagiaires en formation de 30% environ....

frison78 Manquerai plus qu'on ai les chiffres des diplômés depuis 2004/2005 tout diplômes d'encadrements et on aurait de quoi méditer pendant quelques temps...quant au peut de débouchés.

liteulorce
Il y a des chiffres qui font peur, des annonces et un vocabulaire à revoir je trouve, si on ne veut pas que la filière aille droit dans le mur.

Quand j'entends et lis dans de nombreuses revues spécialisées et publicités pour les formations que la filière recrute....Qu'elle a besoin d'enseignants, que c'est un secteur où quand on veut trouver un emploi on le trouve sans soucis et sans passer par la case chômage...C'est vrai!

Mais on ne dit pas que c'est pas grâce au développement de la filière (comme si celle-ci était créatrice d'emplois). Il y a des postes à pourvoir parce qu'il y a une grosse fuite du personnel qui n'y reste pas. Et ça c'est plutôt le signe d'un secteur qui va mal et non d'un secteur qui va bien.

A l'heure où les cavaliers s'interrogent de plus en plus sur le bien-être animal, où ne veut plus mettre n'importe quoi sur le dos et dans la bouche de son cheval, où l'on s'interroge sur ce que devient le cheval de club en fin de carrière, où l'on se pose même la question de savoir s'il faut continuer à monter sur son cheval....On entend encore en formation de moniteur des choses comme: le cheval est un outil!

Quand on demande aux enseignants, aux formateurs de futurs enseignants, de considérer le cheval comme un outil, on se trompe, on divulgue un message qui n'est pas cohérent ni avec la réalité (le cheval n'a jamais été un outil et ne doit pas être considéré comme tel) ni avec l'évolution du public (qui semble, pour le coup, sur ce point commencer à se poser les bonnes questions).
Que croit- on que cela va donner une fois que ces moniteurs vont se retrouver en face de cavaliers qui commencent de plus en plus à ne plus considérer le cheval comme un outil justement?
On va encore s'étonner que le moniteur, et ce, quelque soit le niveau technique à l'entrée de la formation, quelque soit le nombre d'uc que comportera la certification de son diplôme, ne correspond toujours au public dans son attitude, son discours, sa gestion de la cavalerie et dans sa pédagogie....

Il y a toujours plus ou moins 10 ans de retard entre les besoins du terrain et ce qui se fait en formation et on s'étonne que les enseignants ne s'épanouissent pas dans leur métier, que les cavaliers désertent les clubs, que le nombre de licences baissent, etc....