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Le cas supposé et pas isolé de maltraitance de paul estermann...
Posté le 23/09/2019 à 21h13
Je crois qu'au delà d'une question de gestion de ses émotions, ou d'efficacité supposée, c'est une question de "culture équestre".
Il y a des tas "d'écoles" pour lesquelles une certaine brutalité est normale, fait partie intégrante de l'équitation, ne pose pas question. On l'enseigne dans les clubs, on l'enseigne aux futurs enseignants qui eux-mêmes l'enseigneront à leur tour à leurs élèves, on la met en oeuvre dans le haut niveau. Il n'y a pas de remise en question, pas de question tout court d'ailleurs.
Je me souviens de la première fois que j'ai vu un cavalier de CSO caresser un cheval qui venait de piler : j'avais 15 ou 16 ans, on m'avait toujours appris refus = coup de cravache (pas forcément violent, mais quand même) Le cavalier en question, un pro d'un certain niveau, était venu animer un stage dans le club ou je montais, et là, soudain, il proposait autre chose que le discours que j'avais toujours entendu. J'étais surprise, intriguée, j'avais besoin de comprendre (je ne participais pas au stage, j'étais juste là en auditeur libre). Je n'avais pas le niveau (technique et théorique) pour tout comprendre, mais le fait est qu'à la fin des deux jours de stage, ce cheval qui était raide planté depuis plusieurs mois (et qui avait reçu son comptant de coup de triques) enchaînait un tour dans la décontraction... et que c'est à ce moment là qu'a germé dans mon esprit l'idée qu'il pouvait exister différentes approches, toutes aussi efficaces.
C'est une idée qui a pris le temps de s'épanouir et qui m'a emmenée sur des chemins variés, pas tous intéressants d'ailleurs, mais aujourd'hui je suis profondément convaincue qu'à cheval, en prenant le temps et en acceptant de réfléchir, on peut arriver à tout (même des performances de haut niveau) dans le calme et le respect.
Pourtant, force est de constater que parmi les cavaliers que je fréquentais à l'époque, beaucoup n'ont pas bougé, ils pratiquent toujours la même équitation coercitive non pas parce qu'ils sont méchants, bornés ou cruels, mais juste parce que ça leur semble normal, c'est ce qu'ils ont toujours fait alors pourquoi changer, pourquoi se demander si d'autres approches existent puisque celle-là leur apporte toutes les satisfactions équestres dont ils ont besoin?
Je supporte de moins en moins d'aller sur les concours, quel que soit le niveau. Pourtant, je dois reconnaître qu'on y voit aussi de belles choses, des gens qui montent (à leur niveau) dans la douceur, dans le respect de l'intégrité du cheval. Mais on y voit aussi trop de mors avec des branches de 10 cm, d'enrênements tordus, de coups d'éperons, de pains dans la gueules, tout un tas de trucs que rien ne justifie. Hier j'ai accompagné ma fille qui faisait un TREC, une Club 1 bon dieu! On peut m'expliquer l'enjeu??? qui semble justifier des plombages de dent pour s'arrêter après un tronc de 20cm, les claques sur la tête parce que le cheval rétive devant le portail (concurrent disqualifié), des départs en fusée à grands coups d'éperons à molettes??? POur aller ou, pour faire quoi? Alors que le cheval a à l'évidence suffisamment de jus pour partir tranquillement au galop juste en fermant les jambes, mais non, c'est tellement plus fun de faire bondir Tornado et de lui sortir les yeux de la tête.
Franchement, j'en ai vu en 48 ans, et je pense que globalement les choses se sont largement arrangées... mais c'est long, et moi, je n'y arrive plus, je vais finir par ne plus mettre le nez dehors et rester au chaud dans mon écurie où on travaille au respect du cheval (ce qui ne veut pas dire qu'on y arrive forcément, ni qu'on ne fait pas d'erreur, mais au moins on essaye, on cherche, on se remet en question)