llyod33 Ouh là là ton projet professionnel est très
très flou. Et j'ai l'impression que tu n'as pas bien conscience de ce que les différents choix impliquent.
L'ENS si tu y rentres par médecine, tu n'es pas élève stagiaire. Le seul moyen de l'être c'est de décrocher un concours, et si tu as des propositions je pense pas que tu sois dans ce cadre. Le reste, les entrées sur dossier, ou les cursus parallèles (genre les master recherche de médecine en partenariat avec l'ENS), tu n'es pas élève fonctionnaire.
L'agrégation n'est pas une obligation, que tu sois payé ou non. L'engagement décennal est très peu respecté mais ça change doucement. C'est en contradiction avec les propos de
in29 , perso je dis ça sur la base d'un ami proche entré en lettres modernes à Ulm sur concours, qui n'a pas présenté l'agreg, et bosse maintenant dans le privé sans avoir remboursé un centime. C'est assez variable selon les ENS il faut dire donc il y a sûrement plusieurs vérités.
Et alors ok l'ens permet de changer de branche, mais déjà je pense pas que ça soit pour les cursus spécifiques (type master recherche en partenariat avec les facultés de médecine) et il me semble illusoire de finir et les études de médecine (il faut quand même se farcir externat/internat), le doctorat d'exercice de médecine (qui représente quand même un poil de taf) et un doctorat dans des lettres, qui n'a rien à voir et sur lequel tu pars avec un peu de retard... A moins que tu n'aies pas de problème à renoncer à médecine.
Citation :
Mais un doctorat (sauf medecine puisque j’ai déjà des années), ça se fait sur une dizaine d’années, donc même si je devrais partir à la fin de mes études elles dureront 10 ans, ça représente quand même du temps..
Renseigne toi vraiment vraiment. Un doctorat, c'est énormément dépendant du labo dans lequel tu es. Je connais bien mieux les sciences mais c'est guère différent pour les lettres, le prestigieux c'est dans les grandes villes (et principalement Paris). Alors oui tu vas avoir, si je garde l'exemple de la science, des labos pointus en province sur des sujets spécifiques (par ex je crois que y'a une équipe qui fait des travaux de qualité sur les vignes à Montpellier) mais tu n'as déjà pas de sujet d'intérêt. Et faire 3 ans (et encore, c'est plutôt 5-7 en lettres, avec un financement plus aléatoire) sur un sujet qui ne te convainc pas à 200%, dans une équipe que tu as choisi poru sa géographie plutôt que pour la qualité des encadrants etc, ça me semble hyper risqué.
Donc déjà, penser qu'en thèse tu vas t'installer 10 ans à un endroit de ton choix, pour moi tu rêves. En plus de ça, dans l'académique, les mobilités sont pas rares, d'autant plus si tu bosses sur un sujet qui implique des ressources loin de toi. Un ami thésard en histoire de l'économie a par exemple passé 6 mois à Boston avec une bourse pour avoir accès aux archives en lien avec son sujet, pas consultable ailleurs (tous les fonds du monde ne sont pas numérisés). Si tu t'installes dans une ferme avec tes chevaux, voudras tu faire ce genre de "sacrifices" ? Alors évidemment, rien n'est obligatoire. Mais si c'est pour faire une thèse sans se donner les moyens de faire un bon travail, je ne comprends pas bien (surtout que la thèse autant en sciences elle peut être nécessaire pour certains échelons dans l'enseignement ensuite et donc sa qualité pas vraiment importante, mais en lettres vu le nombre de candidats pour les places, c'est mal parti si on a commencé par montrer un travail un peu bâclé quand y'en a 10 autres pour qui c'était un vrai choix de passion).
Et pour vivre en couple avec un doctorant, la période de thèse c'est quand même extrêmement spécial, ni diplômé ni tout à fait étudiant, souvent tes travaux vont là où tu les mènes (hormis énormes équipes super organisées mais c'est une minorité des thésards que je connais), c'est aussi une grosse période de remises en question car l'âge est propice, et aussi ce qu'on en fait après, on rencontre des équipes partout dans le monde aux congrès, et on se demande beaucoup que faire de sa carrière ensuite car c'est le moment où les horizons sont les plus larges. Et que globalement, la France n'est pas le bon pays pour ça, et que toutes les carrières académiques sont boostées par les périodes à l'étranger, qui surviennent le plus souvent juste après le doctorat, donc faut être prêt à partir vers 25-30 ans, l'âge où tous tes potes s'installent font des enfants et tralala... Sans parler de la pression de publication (peut être moins prévalente en lettres), la rédaction d'articles etc. Enfin c'est vraiment très taxant mentalement.
Ensuite l'ENA, j'ai l'impression que tu n'as pas plus creusé le sujet que ça (du moins je disais la même chose que toi y'a quelques années avant que des amis se mettent à préparer le concours et que j'aie plus conscience des débouchés que c'est). Déjà au delà de la préparation du concours qui n'est pas donné, c'est quand même au final pour décrocher des boulots qui n'ont pas d'horaires, des gens qui dans leur large majorité bossent comme des malades. C'est peut être dans une petite préfecture, mais c'est pas pour autant que la vie est tranquille et que tu peux passer du temps avec tes chevaux...
Sciences po c'est un peu plus polyvalent mais pareil, choisir ça pour moi c'est quand même s'orienter vers des carrières plus "paramédicales", dans l'administration, les ministères, etc. Enfin quitter le soin.
Et dans tout ça tu veux faire de la neurochir derrière ? Le genre de truc qui demande, au delà de décrocher une place suffisante à l'ECN, une mémoire musculaire accumulée sur des années, des stages pertinents, bref facile 5 ans de plus, encore intenses à apprendre et étudier, aller à des congrès et se former...
Enfin bref mon impression c'est que tu n'as pas bien idée de ce que chaque option représente, et que tu prends le raisonnement par le pire angle, la géographie. Faire des études dont on est pas fan, pour un débouché nébuleux et pas bien plus motivant, d'autant plus si on a pas besoin d'un salaire à la fin parce qu'on a déjà des ressources propres larges, c'est périlleux.
Et je dis ça en ayant préparé l'ENS pour "faire chercheur", en ayant échoué et fini en école vétérinaire et voulant toujours être chercheur (en partie quand j'ai vu ce que être véto équin spécialiste impliquait : encore mini 5 ans après le diplome à pas être autonome, à bosser comme un fou, à vivre avec un salaire d'interne, tout ça pour un taf où on bosse comme un fou toujours mais avec un salaire plus sympa -mais pas non plus la panacée-, et toujours pas le temps d'aller en concours tous les we), tout ça pour finir par choisir un taf tranquille et bien payé (le développement informatique), car au final ce que je voulais dans ma vie c'était de l'argent pour m'acheter enfin un cheval et du temps pour en profiter... Bref je te dis ce que j'aurais aimé comprendre plus vite :)