Perso, j'ai aussi appris à monter tard, à 20-21 ans
Ma maman nous ayant assumées seule ma sœur et moi, elle ne pouvait pas financer l'élevage et les cours d'équitation.
En fait j'ai appris à monter à cheval lorsque mon cheval est entré dans ma vie, il avait 18 mois, était né lorsque sa mère était confiée (donc enregistré beni Sakr, d'un croisement "beni Sakr" mais c'était tout). Sa mère est décédée lorsqu'il avait 18 mois, à une époque où l'élevage n'était pas loin de disparaître. J'adorais sa mère, depuis toute petite (elle est née j'avais 10 ans), j'adorais son caractère, très princesse, mais hyper volontaire, très instinctive et aussi très dominante. Pour donner une idée, elle empêchait les autres juments d'approcher son étalon tant qu'elle-même n'avait pas été saillie. Une fois qu'elle se savait pleine, plus de soucis, il pouvait s'occuper des autres. E une fois qu'elle n'"tait plus là, je n'avais plus du tout envie d’entendre parler chevaux.
C'est là qu'Aftan est rentré dans ma vie. Ma maman l'a racheté pour moi, pour que je garde ce lien avec Tahiz, avec elle, et avec l'élevage. Il avait 18 mois
Hortal, Tahiz et Aftan
C'est là où j'ai commencé à monter à cheval, dans un club de la banlieue nancéienne. La mission, et ils étaient au courant, c'était d'apprendre pour pouvoir gérer un poulain arabe qui resterait entier. Bref, la mission suicide pour beaucoup.
Le club a une cavalerie plutôt proche du sang (PS, AA, DSA, ...), ça aide, j'ai un bon niveau sur le plat, mais le CSO n'est clairement pas ma tasse de thé.
Je commence à prédebourrer Aftan en parallèle. Sur certaines choses, ça va bien, pour d'autres moins. Et je m'énerve, je ne comprends pas que ça ne soit pas ça tout de suite. On se fâche, lui comme moi, je laisse reposer les choses, je discute, avec des personnes plus compétentes que moi, avec Aftan, et je ... lâche prise. Et là tout se débloque. Enfin je suis sur son dos, et on a arrêté d’être en guerre.
En parallèle, je continue les cours d'équitation, je m'organise entre les cours d'équitation, mes cours, mes stages, bref c'est le bazar dans mon emploi du temps, mais dés que je suis de repos le week-end, je descends dans les Vosges m'occuper d'Aftan. On a enlevé progressivement la longe, puis le guide pour commencer à partir tous les 2, une fois que le frein et la direction sont acquises. Je l'éduque en extérieur, en le félicitant quand il trouve la bonne réponse ma demande, ou en associant des demandes à ses prises d'initiative.
En 2008, suite à un gros souci de santé, je dois arrêter les cours, ne pouvant plus assurer mes stages. Ça devient conflictuel avec ma maman, je n'en peux plus, je me barre, coupe les ponts. Il me faudra 14 mois pour revenir.
Quand je reviens, en 2010, c'est toujours compliqué avec ma maman, mais lui me manque trop. Je passe du temps dans son parc, sur son dos pendant qu'il broute. La semaine suivante, je selle et on repart en balade. On y va progressivement, j'appréhende les allures, pas, trot ça va. La fois suivante, il me dit "merde, arrête de faire ta chochotte" et prends le galop dans une côte, les sensations reviennent, et c'est comme si on ne s'était jamais quittés.
2 mois après mon retour, je retourne vivre à Nancy où j'ai trouvé du travail
2011, je travaille Aftan et El Bahr (le joli bai) en les sortant alternativement tous les 2 chaque week-end. El Bahr a été prédebourré à la maison, débourré en club, mais débourré comme un "rantanplan de balade". Il ne réfléchit pas, ne réagit pas aux demandes, mais aux schémas habituels de ses sorties. Au final, tout le dressage est à reprendre. Le but, lui faire retrouver ses neurones, sa réactivité, qu'il garde son énergie naturelle au lieu d'être en mode "batterie à plat" dés qu'il a une selle sur le dos. C'est long, frustrant au début, d'autant plus qu'à côté je me régale avec Aftan. Au final, on apprend l'un de l'autre. Il se réveille, redevient volontaire sous la selle. Bef, un vrai couillu de princesse, sage, mais expressif et volontaire.
Janvier 2012, El Bahr est vendu. Ihsane devrait l'être, donc allons débourrer Ihsane. Le débourrage se fait à la maison, par moi. Ihsane part en juillet 2012 (c'est lui qui reviendra 2 ans plus tard)
Octobre 2012, Aftan se blesse .. grièvement, dans des circonstances qu'on ne connaîtra jamais je pense. J'ai failli le perdre, s'en suivent 8 mois de convalescence (dont 6 en pension soin), une opération en urgence, une autre 4 mois plus tard. Il est à 40 km de la maison, je le vois tous les week-ends, j'attends la sonnerie du clairon dans l'écurie dés que j'arrive en criant son nom. Mon garçon est sage, et réconcilie son soigneur avec les arabes.
2013: Aftan rentre à la maison ... et est mis à la repro. Il fera chou blanc pour le coup, mais après 8 mois de convalescence, sa fertilité a dû baisser.
Automne 2013: je monte une des juments de l'élevage qui revient du débourrage. Chute, trauma crânien, je ne me souviens de rien. Je perds confiance.
2014: ma maman prépare son déménagement en Bourgogne. Je travaille toujours à Nancy, commence à chercher du travail plus au sud. En mai, mon cheval déménage, je ne suivrais qu'en octobre.
2015: je me remets en selle. Mon cheval vit avec Redjem, qui ne supporte pas de rester seul et de regarder son copain sortir sans lui, donc on sort à 2 étalons. Mon beau-père se rappelle de mon niveau avant, et lâche littéralement les chevaux, chute, chute et rechute, c'est fini, je raccroche la selle
Je vous épargne les années entre temps, j'éduque à pied. Mon cheval fait quelques balades, monté par d'autres, j'en ai envie mais j'appréhende.
Pour lui la vie n'est pas trop difficile, il vit avec Redjem 9 mois sur 12, les autres avec les filles
Depuis le début de cette année, on a recommencé à partir en balade à 2. D'abord au pas, puis pas/trot, puis à remettre des allures. Mon assiette revient, j'ai encore eu droit à "t'as fini de faire ta chochotte?" mais aussi à un cheval qui fait très attention à sa cavalière. Bon, pour le coup, le coronavirus a mis un coup d'arrêt à tout ça. Une fois a liberté retrouvée, il ira s'occuper de ses dames, Redjem aussi, donc la suite l'été prochain. À moins que mon beau-père me convainc de seller Fayrouz et Al Cham
Vu qu'Al Cham fait partie des chevaux avec lesquels j'ai une relation à part, il pourrait bien y arriver