kally Je pense que personne n'a dit ici que c'était la grosse éclate pour les autres en fait ...
On est d'ailleurs conscients de la chance qu'on a de pouvoir aller bosser parce qu'au moins on touche un salaire.
Par contre clairement je préfèrerais être invisibilisée que voir la profession se faire cracher dessus constamment pour dire qu'on a rien foutu pendant le premier confinement, qu'on se plaint alors qu'on fout rien, etc. Parce qu'on a du tous s'organiser de notre côté pour pouvoir bosser là où la plupart de mes potes qui bossent en entreprise n'ont pas eu ces problèmes. Y'a des collègues sans ordi, des collègues nuls avec l'informatique, les plateformes qui déconnent ... Personnellement j'ai choisi clairement de passer par une plateforme non acceptée par l'EN, chacun a fait à sa sauce.
Bien entendu que tout le monde fait tourner le pays, nous on gère les gosses de tout ce joyeux monde, et si ça se passe mal c'est notre responsabilité, personne ne se fait d'illusion quant au fait qu'on se fera engueuler en dernier recours ; j'ai chopé le covid et j'ai été en classe trois jours avant de m'en rendre compte juste parce que c'est une habitude pour moi de bosser quand j'ai la crève (que j'ai constamment en hiver), bah j'ai eu de la "chance" que aucun de mes élèves ne soit considéré cas contact sinon j'imagine même pas les réactions.
Rajoutons à ça que les gosses qui ont perdu des années d'enseignement, dans les milieux défavorisés ils rattraperont comment ? Les structures mentales qui se font en maternelle, dans les petites années d'école primaire, quand on a pas appris à lire correctement et que les parents ont pas pu aider, ça donnera quoi ?
Pour donner une idée mes gamins de L de l'année dernière ont quasiment tous décroché et abandonné leur année d'étude actuelle. Y compris la gamine qui avait eu mention TB et qui faisait du droit bilingue.
Bon et puis pour le fait d'apprendre tout au dernier moment, personnellement j'en suis à courir et faire galérer les gamins parce qu'on ne sait pas vraiment si on aura une épreuve à la fin de l'année, et on ne sait pas dans quelles conditions, sachant qu'on a eu la moitié de notre temps de cours avec chaque groupe (car non, désolée on peut pas gérer un demi groupe et faire cours à ceux qui sont à la maison pendant ce temps ou alors on a sacrément de la chance de pouvoir faire visio en direct). Donc les gosses auront fait la moitié du programme, 2/3 si je suis optimiste, et hop débrouillez vous. Et puis le supérieur rattrapera autant que possible les pots cassés.
Accessoirement paye ta crédibilité quand les élèves apprennent en même temps que moi les infos. Moi j'en étais à "bon on va tenter de vous organiser un bac blanc" et j'ai du passer à "oh bah non du coup, salut on verra bien comment on fait pour les notes"
C'est un peu dommage de pas pouvoir énoncer les problèmes rencontrés sans que chacun y aille de son "oui mais moi c'est pire" "oui mais vous au moins..." oui mais rien du tout, on rencontre tous des difficultés, certains plus que d'autres mais c'est pas en dévaluant celles des autres que les notres seront mieux entendues en fait.
Donc je vais continuer de travailler en faisant de mon mieux pour les aider, ces élèves, mais qu'on vienne pas après critiquer le système éducatif parce que celui-ci devient de plus en plus pourri, parce qu'on est trop nombreux à la fermer bien souvent au nom d'une conscience pro qu'on dessert finalement.
guimsly Oh oui, de base je suis censée faire 15 heures, ma toute première année les collègues avaient fait le planning en pensant que j'avais le capes, ils m"ont foutu 21h dont les STMGs horribles qu'on avait eus cette année là, mais j'en ai monstrueusement chi*é ... pourtant je suis une grande spécialiste du je cours et j'abats une somme énorme de boulot en quelques heures. Moi perso ce sont vraiment les heures sur place qui m'achèvent.
L'année d'après j'ai choisi de récupérer encore des heures sups pour entretenir les chevaux, cette année je me retrouve avec 17heures donc pas un salaire mirobolant et avec la préparation des cours, les copies, les conseils... bah j'ai pris une semaine pour me reposer durant les vacances car j'avais posé une opération durant les congés (j'en suis encore au stade où je m'en veux quand je m'arrête et que je loupe des cours), et du coup j'ai pas pu récupérer mon retard, j'ai fini par pleurnicher comme un bébé en salle des profs car j'avais loupé un conseil en inversant les horaires
(je suis à 1h15 de route du lycée du coup j'étais aussi dégoutée que honteuse)
Enfin bref perso je le vis bien et j'adore mon métier, j'ai clairement beaucoup plus de temps libre que mes connaissances dans le milieu médical, mais j'ai absolument pas la sensation de rien faire, et pourtant comme je le disais je suis spécialiste du je fous rien une semaine puis j'enchaine les nuits très courtes pour compenser.