L'âne, l'illustre inconnu

J’ai découvert les ânes un peu par hasard. Une voisine nous a confié ses deux ânes il y a 7 ans. Ça devait être pour quelques semaines, et finalement ils sont encore là – et ont même été rejoints par 4 autres compagnons au fil des années. Par manque de connaissances, j’ai commencé par les traiter comme des petits chevaux un peu bizarres avec de grandes oreilles... ils m’ont vite fait comprendre qu’ils ne fonctionnaient pas comme ça !

On fait chaque année plusieurs animations en extérieur avec eux, ce qui donne l’occasion de répondre aux questions des curieux et d’essayer de tordre le cou à certaines idées reçues... il y a du pain sur la planche ! Pauvres ânes, si généreux et si patients, si méprisés et oubliés, aussi.

J’essaie de leur apprendre des trucs dont ils ont besoin dans leur vie avec les humains – donner les pieds, se laisser licoler et mener en longe, ne pas s’inquiéter des objets étranges qu’ils peuvent côtoyer, partir en rando bâtés avec des inconnus... Eux en échange m’apprennent la patience, la bienveillance, le contrôle de moi-même, et à vivre le moment présent. Les remises en question sont parfois douloureuses, mais toujours nécessaires.

[b]Perso avec mes jeunes chevaux je faisais des séances courtes et régulières, c'est là que j'ai eu les meilleurs résultats.
Avec les ânes j'ai vu que des séances ponctuelles étaient plus adaptées, un travail régulier va vite les gonfler, plus vite que les chevaux.[/b]
tu veux dire que la répétition les emm** ?

alors j'ai un exemple : la bâche.
J'ai fait marcher Albert sur une bâche. il s'est dépêché en serrant les fesses.
Carotte et on recommence, pour qu'il passe tranquillement.
Il n'a plus jamais voulu mettre un pied dessus !

je ne voulais pas finir là-dessus donc j'ai peu à peu replié la bâche, ensuite j'ai mis la bâche devant l'entrée du pré, ensuite j'ai attendu, quasi 1h, une averse de gale nous est tombée sur le nez, j'ai cru que j'allais mourir là, couverte de toiles d'araignées, et là voilà Albert qui fait un méga-bond pour passer par-dessus la bâche dans un saut olympien !

Alors je sais pas si c'est lui en particulier, mais je dirais après cette expérience, quand un âne accepte une fois un truc, laisser tomber pour aujourd'hui, et reprendre un autre jour !

c'est ce que j'ai fait avec le van. Et avec les gués. Et j'ai eu un âne qui monte en van et traverse les gués !

là où il est plus facile c'est par les réactions qu'il aura, il est nettement moins dangereux qu'un cheval (le cheval va fuir quand l'âne va juste rester arrêter à analyser par exemple). Au pire l'âne va se buter donc c'est plus soft qu'un cheval...
et là encore j'ai une expérience différente.
C'est peut-être dû au fait que Albert a été débourré par un homme très sévère, et qu'il avait des carences en oligo-éléments qui le rendaient speed.

Qd je l'ai eu, à la moindre contrariété (genre il voyait une flaque à 20m) il se barrait en arrachant la longe. Pareil quand il se faisait peur. Et il se faisait peur souvent !
du coup j'avais fait vérifier la vision, donné des CMV et fait des cures de magnésium. Ca et du TAP, ça lui a fait du bien !

Sinon ya 2 fois où il s'est emballé avec sa cavalière sur le dos. J'en rigole encore car il courait super vite.

Une fois on était tranquillement dans une descente en lacets, un homme en gilet jaune qui coupait par un raccourci, a déboulé à fond, dans un grand bruit de feuilles mortes. Albert a détalé à toute vitesse.
Une fois qu'il nous a eu doublés (je marchais devant, sur mon mérens) il a fait demi-tour comme dit Ponix, et a observé, oreilles tendues et yeux exorbités, le mec rutilant qui le "poursuivait" !

L'embarquement, chez lui c'était un rétablissement d'urgence des distances de sécurité.

La 2ème fois pareil, il a fallu passer devant un chien bizarre, qui aboyait de façon encore plus étrange. Honnêtement, même pour un humain, c'était difficile de voir que c'était "que" un chien... Lotus a eu du mal à passer... Albert était en panique, ne voulait pas rester seul en arrière mais n'osait pas passer devant,... et quand il s'est décidé, il l'a fait à fond !

Et là encore, une fois en sûreté, il s'est arrêté.

du coup je peux dire que j'avais un âne speed, mais âne tout de même

ardennesacheval j'ai dressé un gros paquet d'ânes (10 / 15 par an durant 2 ou 3 ans) et je peux te garantir que la répétition les emmerde.
J'ai l'impression qu'en répétant les exercices ça les gonfle tellement qu'ils n'essaient plus de faire quoi que ce soit, ou alors ils anticipent tellement l'exercice que c'est foiré...

Concernant les Poitous ils ont cette image qui leur colle aux poils et pourtant... Ils sont de plus en plus sélectionné pour aller au travail. C'est sur qu'on pourrait dire que le Pyrénées serait un âne de sang et le Poitou un âne froid (comme les traits) mais le Poitou est adapté à un autre usage, pour le loisir ou l'équithérapie ils sont tops. Et ils ne sont pas si compliqués que ça niveau entretien. J'ai débarrassé le mien de ses plaques de poils, même sans brossage régulier ils ne reviennent pas.

Après tu n'as qu'une seule expérience avec 1 seul âne alors ne fais pas une généralité d'un seul cas ^^ Si tu as l'occasion ça serait peut être sympa d'essayer de manipuler d'autres ânes pour voir si ton expérience se confirmerais.

Tu vas rire mais je me suis faite embarquée une seule fois en attelage, finale d'utilisation nationale à Equita Lyon avec une ânesse de course (1m20, plus de force que le Baudet d'1m45 xD), j'étais en Liverpool en bas, je l'ai laissé filé deux foulées dans mes guides. J'ai mis 4 tours de carrière avant de m'arrêter, en dérapant dans les coins. Ma groom s'en souvient encore. Le public a adoré

kiiwii c'est sur qu'ils obligent à la remise en question les bourricots xD

[b]j'ai lu quelque part quelqu'un qui disait que son grand père nourrissait pendant la guerre son âne avec du journal ?
et l’âne a survécu[/b]
Argamelle :
en Mauritanie qd j'y habitais (hum en 1987 ça date) les picotins des chevaux étiques étaient faits de confettis de carton humidifiés.
Les vaches faisaient des veaux et du lait en mangeant du papier ramené des décharges et les chèvres, se nourrissant dans ces mêmes décharges, en liberté, mangeaient des sacs plastique.

Je pense qu'en temps de survie.. on survit à bcp de choses :(

et oui le vieux foin sec est moins riche pour eux.

Lakchmi :
les épreuves de "dressage" dont parle Ponix c'est pas du travail physique hein, c'est des épreuves en main... Comme les trec jeunes chevaux. Avoir une selle ou un bât sur le dos, pas chargé, ça ne pèse rien...

Un truc que je regrette avec les ânes, c'est qu'ils sont, bien plus souvent que les chevaux, négligés et mis au fond d'un pré. Comme moins dangereux que les chevaux on y prête moins attention quand un novice en récupère un... Et les prés de France sont plein d'ânes qui vivent seuls, ont les pieds en babouche, sont fourbus +++, ont des fourmilières non traitées...

vu il y a qqs années dans le journal "offrez une gentille peluche pour les Pâques de vos enfants, veniez choisir un ânon"
Faites un tour sur leboncoin, c'est affolant le nombre d'ânes à donner/ vendre 50€ !

moi on m'en a déjà "offert" 5 !
si j'avais accepté et q je les avais revendus, ne serait-ce que 50€ pièce à la boucherie, je me serais payé un week-end sympa en amoureux...
bon à chaque fois c'était pas manipulé, fourbu, tape, mord, ne se laisse pas attrapper et j'en passe.

ils sont aussi plus respectés dans leurs besoins vitaux que les chevaux et ont une espérence de vie plus longue notamment grâce au fait qu'ils échappent aux maux modernes des chevaux tels que le box h24, le ferrage abusif...
bof, pas chez moi, ds mon coin ils sont plutôt obèses...

ensuite précision sur les pieds :
les pieds de mon âne sont en diamant ! il broie les cailloux ! il marche, trotte ou galope à l'aise dans n'importe quel terrain ! Pas besoin de le ferrer !

Ponix :
oui j'ai eu qu'un seul âne donc je me demande souvent, si c'est lui qui était comme ça, son caractère, ou s'ils sont tous pareils :D
C'est pourquoi, sur ce post, je parle surtout de mon expérience perso, sachant qu'elle n'est pas très étendue.

ponix pour le Poitou ça dépend vraiment des endroits... on cherche à "sauver" la race et du coup j'ai eu l'impression qu'on ne sélectionnait pas du tout les ânesses (idem en trait poitevin... faut voir certaines juments, elles sont franchement moches et mal foutues ).
et puis d'un point de vue très personnel je préfère quand on fait travailler ses reproducteurs avant de les mettre à la reproduction. C'est à mon sens un très bon moyen de savoir s'ils feront de bons parents ou pas du tout !!

kiiwii Je n'ai vu que le national ou alors des élevages sérieux donc tu connais mieux que moi. Je connais surtout les Poitous utilisés et ils galopent très bien (Donkey par exemple ou ceux des Anes d'Oléron).
Je préfère la sélection en Pyrénées où les baudets doivent faire deux épreuves d'utilisation pour être approuvés donc ils sont un minimum dressés. Dans le Poitou c'est que le modèle et effectivement c'est dommage mais j'ai rien vu de choquant dans les animaux approuvés lors du National.

Pour les traits Poitevin c'est vrai que la sélection est vraiment nulle

Merci pour ce post passionnant.

Je suis une grande amoureuse des ânes, que j’ai eu l’occasion de côtoyer en différentes occasions.
Quand j’étais jeune, avec mon ex-conjoint, nous avions une petite entreprise d’entretien d’espaces naturels et d’exploitation de bois, et on nous avait confié deux ânes bâtés pour exploiter des parcelles escarpées inaccessibles aux engins à moteur. J’avais un plaisir fou à travailler avec eux, et, sur ces terrains particulièrement difficiles, j’ai souvent été bluffée par leur intelligence de la situation et leur calme dans des contextes où beaucoup chevaux que j’ai connu auraient pété un câble.
Il est vrai que c’était des ânes qui avaient été éduqués au travail.
Je suis toujours étonnée de constater que les ânes ont si souvent une «mauvaise réputation» auprès des cavaliers ou des gens de chevaux.

Un dernier clin d’œil concernant les races : il y a ici une association qui œuvre depuis une vingtaine d’année pour la reconnaissance de l’âne corse par le ministère de l’agriculture. L’âne est traditionnellement très présent en Corse, et l’insularité, qui est un facteur favorable au développement d’espèces endémiques, a permis la conservation d’un certain nombre de caractères spécifiques. Quand je vois le formidable travail fait pour la reconnaissance, et aujourd’hui le développement du Cheval Corse, je souhaite le même succès à l’âne corse.

ponix en fait c'est le schéma d'approbation français qui me gonfle ! pas que ces races là...
nous on mise tout sur le physique et uniquement les mâles ou presque !!
le bestiau peut être complètement tabayo s'il est beau il aura son papier. Et derrière on pourra le marier une chèvre tant que la chèvre a ses papiers c'est ok.
(je caricature volontairement)

j'aime les stud-book qui imposent des tests au travail, qui prennent en compte le caractère voire également la descendance ! si l'entier produit des machins "bof" ben on lui retire son approbation.

oui comme les Franches-montagnes !
Au bout de 3 ans, si les produits ne sont pas bons, l'approbation est retirée à l'étalon.

et l'approbation des mâles c'est aussi bcp de "copinage"...
Vu sur un concours d'élevage, un ardennais complètement cinglé, qui traînait son "présentateur" pour se précipiter sur les autres, les attaquer, il en a tapé plusieurs un vrai danger public le machin de 800 kilos de furie destructrice !

Bah le présentateur et les juges n'ont cessé de vanter les formidables qualités de ce superbe et talentueux étalon appartenant à Mr X le fameux éleveur depuis 3 générations et connu et apprécié de tous !
j'ai halluciné ! le cheval n'était même pas plus joli que les autres... Ni sympa, ni dressé, ça faisait exactement "l'étalon noir, je vais tous les tuer sur place dans ce ring !"