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Adieu Totilas
Posté le 17/12/2020 à 16h39
marlin
Posté le 17/12/2020 à 16h39
Un texte posté sur FB par Bucéphale
Totilas, mon ami,
Je n’ai jamais été fan de dressage, mais quand je t’ai vu dérouler la fameuse reprise qui a fait ta réputation, j’ai été éblouie. La légèreté de tes déplacements, tu donnais l’impression de voler.
Tu étais incroyable. Telle une plume, un nuage.
Toi, le grand cheval noir de plus de 600kg.
Et cet air que tu avais après la reprise, une fois les rênes lâchées...
On sentait ta personnalité énorme, ton charisme.
Tu avais une présence telle, que tu enveloppais tout de ton regard chaleureux.
Et en retour, tu attirais chaque regard sur toi.
Tu nous a hypnotisé par ton talent, ton charisme et ta personnalité.
Ce que nous avions tous oublié, moi la première (à l’époque, l’éthologie du cheval m’était inconnue),
c’est le prix que tu payais pour être Totilas, le magnifique, le Roi des carrés de dressage.
Depuis, je me suis informée et formée. J’ai appris à observer les chevaux et à reconnaitre les signes de douleurs, de mal-être…
Et depuis, j’ai regardé à nouveau cette fameuse reprise.
Et j’ai vu avec d’autres yeux, ce qui crève l’écran autant que ta légèreté et ton charisme : ta douleur.
Ton immense douleur : ta bouche qui écume et tente de s’ouvrir, ta queue qui fouaille…
Pas un seul de tes mouvements magiques qui nous a fait rêver n’a pas été pour toi, une souffrance.
Je ne peux plus regarder cette reprise, je souffre trop de te voir ainsi.
Avec des yeux aguerris, on voit dans cette reprise ce que ton entourage confirmera plus tard.
Tu avais plusieurs pathologies, c’est même ce que l’on te reprocha, d’être fragile...
Mais l’on t’enverra quand même concourir malgré les douleurs. Encore et encore.
Les nouvelles que j’ai eu de toi ces dernières années n’étaient pas meilleures.
Tu as fini comme une machine à poulain dont la seule origine faisait grimper les courbes financières.
Une machine dont la mort va surement encore faire grimper la courbe.
Une machine que l’on a usée. Un être que l’on a abusé pour notre bon plaisir.
Tu as été exploité comme aucun autre…
Totilas, ce soir, tu ne souffres plus. Tu es en paix. Et je suis heureuse pour toi.
Totilas, ce soir, je veux te rendre hommage.
Parce-que c’est toi, qui m’a montré à quel point nous étions aveugles et sourds à la souffrance des chevaux.
Pour nous, qui avons été coupables d’ignorance, pour ceux qui ignorent encore, et pour ceux qui ne voudront jamais le savoir, je te demande pardon.
Pardon Totilas, pardon à toi et à ceux qui souffrent pour être le faire-valoir de certains humains.
Pardon Totilas, les rêves des humains ne devraient jamais passer par la souffrance d’autrui.
J’espère que désormais tu broutes tranquillement au paradis des chevaux avec tes nouveaux copains. Comme un vrai cheval que tu es enfin.
J’espère tu es heureux, et que tu te reposes en paix.
Merci pour ce texte magnifique