annou
Ok. Je veux bien essayer.
Ce que je te propose c'est juste mon analyse par rapport aux informations que tu livres et à l'écho que ça peut avoir avec mon expérience sur ce genre de comportement du cheval. Quand je dis "il faudrait travailler ceci ou cela", ça ne signifie pas que les personnes qui montent le cheval, toi incluse, êtes incompétentes. C'est juste que pour moi, ce sont ces points là sur lesquels il faut s'interroger pour améliorer sa pratique. On peut être un super bon cavalier, mais un jour, un cheval, une situation, nous confronte à nos limites et ces chevaux nous font encore progresser. J'espère que ceci nous aidera à échanger sans se sentir agresser
Tout d'abord pour le cheval, ce genre d'à-coups vers le bas est souvent une façon pour le cheval de se sortir d'un inconfort. Plusieurs causes possibles déjà évoquées pour certaines (je passe le souci physique éventuel, ton cheval semble avoir un suivi, tu sembles connaitre le terrain et le prendre en compte, sans info je ne peux m’y attarder plus…) :
un souci avec le mors (un mors chantilly par exemple peut venir pincer aléatoirement la commissure et provoquer ce genre de réaction) ;
un souci d’attitude de travail : le cheval est dans un effort qu’il a du mal à fournir ou à tenir et il traverse ainsi la main pour ouvrir le couloir des aides ;
le cheval est en phase de progression et n’arrive pas bien à se stabiliser, donc il y a des ruptures d’attitude et d’équilibre.
Un effort un peu trop prolongé : le cheval a réclamé trop discrètement une extension, ne l’obtenant pas il traverse la main ou il ne sait pas réclamer l’extension gentiment donc il y va comme un bourrin.
Certaines petites fautes de main (parfois il ne faut pas grand-chose, on ne s’en rend même pas compte mais le cheval est vraiment dérangé) ou incohérence main/position/demande peuvent provoquer aussi ce genre de réponse « agacée ».
Pour moi, ces différentes raisons sont déjà à explorer…
Pour toi qui te fais sortir de la selle. Effectivement il y a surtout un problème d’ancrage de ton assiette et de gainage du dos. Je comprends que tu galères à saisir ça car ça fait partie des choses pas évidentes à mettre en œuvre, tout comme le tact de la main. C’est un équilibre délicat entre souplesse et tonicité comme tu l’as bien mentionné. Il faut se tonifier, se tendre musculairement mais sans se crisper ni se contracter, tout en gardant une certaine perméabilité afin d’être en adaptation quasi constante par rapport à ce qu’on demande et les réponses du cheval. Un gros travail. Perso, c’est grâce à des enseignants très pointus sur ce sujet que j’ai pu prendre conscience de ça et progresser. Parmi eux, Isa Danne, spécialiste en matière. Le travail sur simulateur équestre peut être d’une grande aide pour avoir des déclics, passer un cap. Sur simulateur tu n’as plus qu’à te concentrer sur toi, sur les indications de l’enseignant, et tu as tout le temps nécessaire pour chercher et trouver « le truc ». La machine « réagit » et permet de valider ce qu’on trouve. Quand on a trouvé, c’est définitif, ensuite c’est juste une question d’un peu d’attention et d’entrainement quelques temps pour en faire quelque chose de naturel.
Ça c’est le socle solide qui fait que tu ne sors plus de ta selle quasi en toutes circonstances !
Ensuite, une fois cette question d’assise/dos résolue, il faut avoir la bonne réaction pour avoir une action pédagogique sur le cheval afin que son comportement cesse. Car si au départ il y a une cause, le cheval a expérimenté aussi cette réponse pour mettre fin aux choses quand il veut comme il veut de façon violente. On peut se faire très mal au dos en se faisant ainsi décapsuler, donc il faut absolument expliquer au cheval que ce n’est pas possible de s’exprimer ainsi. On fait attention à lui, il faut qu’il fasse attention à nous.
Je précise, il faut mettre fin au comportement mais en prenant évidemment en compte les causes.
Sanctionner pour sanctionner n’a pas d’intérêt dans le travail si on n’adapte pas la situation afin que le cheval trouve aussi une écoute et une réponse juste. Je veux dire par là que c’est donnant/donnant pour que ce soit gagnant/gagnant.
Par exemple si tu vois que l’attitude demandée est finalement un peu trop sollicitante et que le cheval cherche à s’y soustraire en plongeant brutalement, la première chose c’est veiller à travailler dans une attitude plus accessible, proposer plus souvent des extensions… Puis quand le cheval malgré cela plonge, instantanément il faut te gainer fort au niveau du dos mais surtout au niveau lombaire pour bien solidariser l’assiette et le dos, et fermer les doigts sur les rênes sans bouger les mains. Si tu parviens à faire cela dans le bon timing et au juste dosage, rapidement, après quelques tentatives avortées, ton cheval va prendre plus de précaution pour demander une ouverture du cadre. C’est-à-dire que tu devrais le sentir venir repousser un peu ta main mais bien plus délicatement, il faut alors être attentive à cela pour en première intention ne pas réagir immédiatement, mais quelques foulées plus loin, tu arrêtes toi l’exercice en cours en rendant les rênes pour une pause ou tu demandes une extension pour qu’il puisse s’étirer… Il faut aussi qu’il se sente entendu.
La voix est une grande aide pour signifier les moments où tu n’es pas d’accord avec ce que fait ton cheval et les moments où tu es d’accord. Inutile de hausser la voix pour les désaccords, il suffit d’employer toujours le même mot pour le désaccord et toujours le même pour l’accord (que l’on accompagne au début avec une petite caresse). Très vite le cheval repère ces indications et y est sensible.
Un dernier détail important : plus tu prends appuis sur tes étriers plus tu prends le risque de te faire sortir de la selle. Le cavalier est stable via son assiette et son socle d’équilibre est dans son assiette. En appuyant un peu trop sur les étriers, on effectue un transfert d’appui de l’assiette vers les pieds et cela fragilise la posture.
Pardon pour le pavé.