Je vais proposer plusieurs éléments de solution, qui peuvent se combiner entre elles ou pas. Certaines vont être applicables dans ton cas, ou pas du tout, en fonction de ton aisance à toi, de ton niveau, du tempérament du poney, etc, donc il va falloir que tu fasses un peu le tri.
Il est normal qu'un grand espace soudain (plage, champ très ouvert) puisse soudain "monter au plafond" d'un cheval qui n'y est pas habitué. La forêt est beaucoup plus encadrante, et "facilite" les choses au cavalier peu sûr de lui comme au cheval inexpérimenté (et donc peu sûr de lui également
).
Truc bête, mais dans son hébergement (son paddock s'il est au boxe, ou son pré) c'est comment ? Parce que globalement, un cheval habitué à vivre sur une grande plaine va être moins "ému" d'en rencontrer une nouvelle.
Je donnerai trois "grands axes" de travail, dont l'objectif va être le même : dédramatiser et banaliser l'endroit, le rendre tout aussi banal que les autres chemins de balade, et même, idéalement, que l'aire de pansage.
1)
redescente complète de pression : faire des traversées de la zone au pas rênes longues, ou même à pied. Si possibilité, faire moins long (par exemple si un chemin de traverse permet de ne faire que le quart du champ et pas le champ entier au début). S'arrêter pour brouter, papoter avec ta copine.
Si démarrage au trot, stopper net, mais tout relâcher immédiatement dès que l'immobilité ou le pas (selon là où tu en étais) est revenue.
Lorsque le pas rênes longues sera acquis, faire la même chose au trot. Entrer dans le champ en étant déjà au trot pépouze rênes longues depuis une centaine de mètres (donc surtout pas "on arrive dans le champ --> on part au trot", mais plutôt "nous sommes en balade, et nous sommes au trot... Oh, dis donc, on traverse un champ, ne changeons rien à l'allure, aucune raison") et garder la même cadence, le même trot et le même "rênes à la couture". Si accélération non demandée --> être très ferme sur la transition descente, ne pas hésiter à redescendre au pas.
Ne pas galoper tant que cette étape n'est pas acquise.
2)
Occuper le corps et l'esprit : Faire du champ une zone dans laquelle on travaille. Epaules en dedans, déplacements latéraux, hanches en dedans, etc, etc... Attention, ça peut faire chauffer s'il y a trop de main de la part du cavalier. Il faut demander son épaule en dedans avec le même tact que si on était en carrière. Ne pas accepter le "piétinement", mais maintenir ses aides en demandant à avancer avec l'assiette (et sans bloquer les mains ni l'assiette, une épaule en dedans ça n'est pas du crabe dégueu précipité).
Quand la relaxation est obtenue, on peut se contenter de ne demander que quelques pas d'épaule en dedans de temps en temps sur la ligne (5 foulées épaule en dedans - 3 foulées tranquille - etc), puis juste un pas ou un trot sur la main, puis relâcher peu à peu les rênes.
Se combine très bien avec la dédramatisation : si pendant que tu es dans la méthode 1), ça accélère / piétine / etc --> tu demandes des épaules en dedans pour redresser le cheval, garder le contrôle et associer tu précipites --> tu travailles // tu restes constant --> je te fous la paix.
3)
la fatigue : va aussi dédramatiser le champ, mais d'une autre manière. Tu pars en trotting / galoping, donc tu fais pas mal d'allures (bien sûr si les terrains et la santé du poney le permettent /!\ ), et pendant ce trotting, tu passes par le champ. Tu seras alors déjà au trot ou au galop (donc pas de "on arrive au champ --> on démarre), déjà routiné dans une allure constante et il n'y aura aucune raison de changer quoi que ce soit à cette allure constante.
Tu peux en profiter pour pousser le cheval à ce moment sur la zone qui chauffe, dans l'idée du "ok, on va aller plus vite ici", tout en gardant un cheval au travail (
je parle de passer d'un petit galop à un galop de cross ou allongé, ou d'un trot de travail à un trot allongé, pas de partir pleine balle sur les épaules /!\ ) --> l'idée est d'arriver dans le champ avec un cheval déjà bien dégazé puisque tu auras démarré ton trotting bien avant, et déjà même "un poil fatigué" pour profiter de sa fatigue. Je ne parle évidemment pas d'épuiser le cheval et de le pousser dans ses retranchements, mais
plutôt d'arriver dans le champ avec un contexte où ce galop là n'est qu'un galop parmi les autres de la sortie, donc il n'a absolument rien de spécial, et avec un cheval qui a compris que "aujourd'hui, c'est un peu dur pour le souffle" et donc qui va naturellement songer à s'économiser.
Ces trois méthodes fonctionnent bien avec un cheval aux ordres et un cavalier stable. Pour un cavalier qui a peu de niveau, je préfère la méthode 1 , éventuellement la 2 (même si mal exécutée, elle peut faire chauffer le cheval, en fonction de lui). La 3ème peut très bien fonctionner si on est dans de bonnes conditions, mais elle nécessite plus de "doigté" dans sa mise en oeuvre (sol non dangereux et de bonne texture, cavalier qui tient en selle et qui sait allonger le galop sans que ça parte sur les épaules, cheval pas fou dingue non plus, etc).
Quelques tips généraux sur "l'embarquement" :
- un cheval qui embarque n'a pas forcément un galop plus rapide. Il a surtout un galop sur les épaules, il a mis tout le poids devant et il tracte. Pour faire cesser ça et reprendre du contrôle, on va inciter le cheval à reporter du poids vers l'arrière et donc à décharger l'avant-main.
- pour décharger l'avant-main : ne pas laisser baisser la tête, se tenir soi-même bien assis sur ses fesses et le dos droit.
Demander des mobilisations des épaules, n'importe laquelle (cercle, incurvation, épaule en dedans, tout ça demande aux épaules un peu de mobilité, et toute utilisation en mobilité va être enlevée à l'utilisation "tracteur").
- si tu n'es pas prête sur la troisième méthode ou que les conditions ne sont pas réunies (et c'est complètement OK), pas de galop dans ces zones là tant que le trot "normal" (donc sans avoir à être sur tes gardes et branchée sur tes rênes en permanence) n'est pas acquis. Sinon tu risques de détruire le travail que vous aurez fait, c'est dommage.
Traverser des zones avec un cheval qui trottine mais ne part pas lorsqu'il est un peu tenu est acceptable à court terme (mais fatigant pour le cavalier). La meilleure solution que j'ai trouvée à ce type de comportement, c'est la randonnée (la vraie).
Je ne connais aucun cheval qui a continué à trottiner sans cesse comme un débile après 4 ou 5 jours à 25-30 km par jour (les plus concons se calment au 4ème jour, mais la majorité se pose dès le matin du deuxième jour, quand ils comprennent que ça va être la même limonade que la veille).