1 j'aime
Hypersomnie et impact social
Posté le 28/10/2021 à 15h45
echapp : je suis narcoleptique et je te confirme que c'est le parcours du combattant pour être pris au sérieux avec ce genre de pathologie. Toute mon adolescence, les toubibs me disaient que je "n'avais qu'à fumer moins de joints" (bah oui, une ado métalleuse, c'est de la mauvaise graine, ça se drogue forcément... à savoir que non, je ne fumais pas, absolument pas, de joints).
C'est vrai, suis-je bête, je n'y avais pas pensé. Je trouvais ça tellement drôle de m'endormir à tout va, n'importe où... genre à la cantine (paf la tête dans l'assiette), en cours bien évidemment, j'ai même réussi à m'endormir en plein concert d'un groupe de metal thrash bien bourrin... Comme ton copain, grosses galères pour me lever le matin, alors même qu'à l'époque, je me couchais tôt, parfois à peine rentrée du lycée ou de la fac (et du coup, les devoirs pas faits, les cours pas potassés...).
C'est une fois arrivée dans la vie active et en ayant changé de région, que j'ai trouvé un médecin qui m'a enfin prise au sérieux. Il s'agissait d'un pneumologue qui était aussi le spécialiste des troubles du sommeil dans cette ville. Il a posé le diagnostic de narcolepsie d'après mes symptômes (endormissements intempestifs, mais aussi hallucinations et paralysies : c'est assez flippant). Par contre Auxerre ce n'est pas une grande ville, l'hôpital n'est pas équipé pour faire les tests.
Il m'a donc envoyé au centre du sommeil, à Créteil. En attendant il m'a prescrit un médicament spécifique, que seuls les neurologues, pneumologues ou spécialistes du sommeil sont autorisés à prescrire (c'est un dérivé amphétaminique, les dérives seraient tentantes). Après plusieurs ajustements j'étais à la dose maximale et ça s'est avéré efficace finalement. Je me suis dis "ouf ! après des années de galère, ça y est, j'ai le remède !".
Le problème, c'est qu'à Créteil, les tests itératifs du sommeil n'ont pas été concluants. Je présente bien des anomalies mais pas celles de la narcolepsie. Donc par précaution... ils m'ont supprimé le traitement. Sans rien proposer à la place. Donc retour à la case départ, débrouille-toi avec ça, retourne dans ta galère.
J'en profite pour pousser un coup de gueule sur les conditions d'examen. Créteil, c'est censé être un centre de recherche. Pour faire avancer le truc, on pourrait s'attendre à ce qu'il y a échange... verbalisation... que dalle. Et les fameux tests ? 24 heures à dormir par tranche, on te réveille, tu dois veiller quelques temps coûte que coûte, puis te rendormir, etc... Pendant la veille, interdiction d'avoir des écrans pour ne pas perturber le cycle du sommeil, normal. Mais quid de la salle de repos du personnel soignant qui est juste à côté, avec une télé qui gueule, et les portes qui claquent, le personnel qui plaisante, qui rigole, qui fait du bruit quoi... et la chambre de test qui n'est absolument pas insonorisée... Bref, les conditions du test ne sont pas optimum, loin de là, ni d'une grande rigueur scientifique.
Du coup, je m'en suis sortie grâce à ma directrice de l'époque, très compréhensive, qui a accepté de décaler mes horaires pour que je commence plus tard le matin. Pour les trajets que j'avais à faire en voiture (j'en fais pas mal dans mon boulot), elle savait qu'il m'arrivait d'avoir besoin de micro-siestes, donc je calculais mes RV en fonction. Si réunion, on me laissait un peu de temps avant pour micro-sieste en prévision...
Aujourd'hui, ces problèmes se sont bien tassés. Je suis moins stressée chez moi, ça aide (à l'époque je vivais avec un intermittent du spectacle qui n'avait pas du tout le même rythme de vie que moi et qui ne respectait pas mes besoins particuliers). J'ai un mode et un rythme de vie qui ne conviendraient pas à tout le monde, mais je mène ma barque comme je l'entends et comme j'en ai besoin, ça va bien mieux.
Pour résumer, pour ton copain : avant tout, change de médecin. Ensuite, tu dis qu'il ne se couche pas trop tard : mais minuit, c'est peut-être déjà trop tard pour lui. Perso pour moi, en semaine en tout cas, ce ne serait pas trop possible. Et même le WE : à part si j'ai quelque chose de particulier avec des copains (et encore, faut qu'ils soient intéressants les copains, sinon je m'endors à table), il n'est pas si fréquent que j'atteigne les minuit.