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Se remettre du harcelement au travail
Posté le 06/08/2022 à 10h33
Une de mes précédentes expériences : boîte un peu spéciale mais ça allait encore. J'avais une collègue directe assez gamine et émotive. Au début ça allait, puis au fils du temps elle se permettait des réflexions déplaisantes, s'est faite dépasser par le stress et devenait désagréable.
Plusieurs personnes étaient déjà parties de la boîte à cause d'elle. Une amie qui bossait avec elle a soudain démissionné et m'a dit de faire attention, car j'étais à présent celle qui allait bosser en direct avec elle sur certains sujets où elle était à cran. Bref, ça n'a pas loupé, elle a franchi la limite.
J'en ai parlé à mon directeur qui a eu une réaction plutôt molle. Résultat, j'ai escaladé aux RH en disant que son attitude était à la limite du harcèlement moral.
Les RH ont lancé une enquête. Réunion à la fin avec tout le monde autour de la table. Bilan, il y a bien un problème de comportement, et il lui est demandé de changer d'attitude. Le harcèlement moral n'est en soit pas retenu (je pense qu'ils ont préféré ne pas aller jusque là, car les conséquences peuvent être importantes derrière).
Bref résultat après tout ça, d'un coup d'un seul, je bossais sur mon poste et me retrouve avec mes accès bloqués sur mon PC, je suis conduite en réunion dans une salle avec mon directeur et les RH, qui me remettent en main propre une lettre de convocation pour un entretien de licenciement pour faute grave. Le choc ! Et a côté de ça, il m'est demandé de rentrer chez moi en attente la date de l'entretien (ils n'ont pas été jusqu'à me mettre à pied).
Je me présente à l'entretien avec une représentante des syndicats et oppose les arguments. Tout était fumeux. Juste comme j'avais une position moins importante que la fille qui avait un problème, il fallait se débarrasser de moi. Au final ils n'ont pas été jusqu'à me licencier mais ont préféré me faire un accord transactionnel. Pour ma santé mentale, j'ai préféré partir de là avec quelques avantages.
Ça a été très dur à vivre comme période, et il m'a fallu plusieurs mois pour m'en remettre. Déjà pour faire face à l'attitude de la personne, tenir pendant l'enquête et encore faire face à la procédure lancée par ma boîte contre moi.
Tout ca m'a pris une énergie folle, tant physiquement que psychologiquement.
Le pire c'est que j'ai appris que 3 mois après, la fille qu'ils ont préféré garder a démissionné. Donc comme ça, ils ont tout perdu. Retour de karma, j'ai envie de dire.
Sur mon expérience actuelle : collègue avec des soucis de comportement identifiés par la boîte depuis 2019, mais dont l'attitude devient de moins en moins gérable par la boîte depuis quelques mois.
Encore une fois, j'ai remonté les soucis à la direction qui a fait la sourde oreille et m'a dit que ce qui importait c'était les résultats (le choc ! Donc en clair on peut être une personne toxique et se comporter de façon non professionnelle, tant qu'on a des résultats tout est permis). Désolée, mais ce n'est pas les valeurs que je porte.
Après un peu de temps, j'ai fini par escalader le sujet aux RH, qui ont pris contact avec mon responsable et qui a confirmé être au courant du sujet.
Les RH m'ont cependant mise en garde que si mon directeur ne veut pas prendre de mesure, qu'ils n'interviendront pas.
En attendant, les RH ont discuté avec d'autres collègues et le problème est identifié visiblement pas qu'à mon échelle.
Mon directeur a eu une discussion il y a quelques jours avec la personne toxique, mais il est peu optimiste sur sa capacité à changer. Il m'a dit qu'il ne pouvait pas se séparer d'elle sans lui avoir donné un avertissement et l'opportunité de changer, ce que je comprends. Mais c'est vrai que quand on est en souffrance sur son poste à cause d'une personne qui n'a pas l'attitude adéquate, on aimerait des actions rapides, ce qui n'est pas toujours possible du côté employeur.
Surtout qu'avec le recul, je me rends compte que lorsqu'on arrive au stade du signalement, c'est qu'il y a déjà une certaine charge mentale d'encaissée et que la victime est déjà dans une certaine forme de détresse psychologique.
Je regrette que les sociétés, de manière générale, quand elles reconnaissent le problème au départ, n'aient pas de dispositif en place dans ces cas de figure pour accompagner la personne et l'aider à prendre du recul.
En attendant on me demande d'éviter la personne, qui est assise en face de moi au bureau, et qui n'hésite pas quand je lui envoie un email à répondre de façon très agressive en mettant mon directeur et le président de la boîte en copie.
Bref, j'avoue qu'hier j'ai encore eu droit à un épisode désagréable. Bref, je n'en peux plus. J'ai commencé à mettre à jour mon CV.
Après, avec le recul ça me déçoit d'en arriver là, car j'adore ma boîte, j'adore mon job et mes autres collègues, mais concrètement je ne sais pas si je suis en mesure de pouvoir tenir encore plus longtemps. Ou en tout cas tenir suffisamment longtemps pour que la direction voit si elle change d'attitude ou pas.
Car encore une fois, ce qui est négligé ici par la société est l'impacte psychologique sur la victime et le manque d'accompagnement.
En attendant la personne est en vacances 3 semaines. Je souffle. Mais c'est simplement reculé pour mieux sauter.
Du coup je m'organise, sans pression, en attendant pour voir s'il n'existe pas une opportunité ailleurs.