Bonjour
walmos
Pour ma part, je ne partage pas trop l’idée du « comme on veut, comme on le sent, il n’y a pas de règles... »
Parce que ces formules ne sont pas toujours en adéquation avec la sensibilité et le fonctionnement du cheval. Même si chaque cheval est différent et unique dans sa personnalité et son expressivité, il y a des logiques biomécaniques et cognitives communes à tous les chevaux, communes à tous les humains et pas toujours communes aux deux. Je trouve donc qu’en ne respectant pas un certain nombre de règles, on prépare le terrain des problèmes ou on se met dans des impasses de fonctionnement qu’il sera toujours bien plus difficile à résoudre que si on avait dès le départ fait les choses dans les règles de l’art. L’équitation ce n’est pas un humain seul avec lui-même, ses envies et sa satisfaction, c’est la construction d’un couple harmonieux, c’est de la collaboration. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas caractéristiquement maltraitant qu’on s’y prend bien et que nos décisions sont bonnes par défaut. Je trouve donc tes interrogations trés légitimes et témoignant de ton souci de bien faire dès le départ. Tu as bien raison, car le débourrage est un moment ou beaucoup de choses vont se jouer quasi définitivement. A mon sens, ce n’est pas parce qu’on obtient les choses du cheval sans heurts que les choses sont bien obtenues, avec cohérence et respect de son fonctionnement. Il y a des bases fondamentales qu'il me semble impérative de respecter au maximum, ensuite différentes techniques équestres peuvent s'appliquer, on peut faire des mix... le principal est de garder en tête des règles de fonctionnement de bases pour rester cohérente et claire
Je vais essayer de répondre à tes interrogations. Bien sûr, il ne s'agit que de mon avis.
Citation :
…autant je n'ai jamais eu un niveau technique très pointu ni des explications vraiment précises sur les différentes aides/actions. ...
Pour moi ceci est une première difficulté qui peut devenir une source de problèmes futurs. Comment apprendre une chose que l’on ne connait pas correctement soi-même ? Je ne te reproche ni de ne pas bien savoir, ni de tenter les choses. Je pose seulement la question des informations que tu vas transmettre
. Si toi-même tu es approximative, dans le doute, comment te garantir que le cheval comprend exactement ce que tu cherches à lui expliquer et qu’il ne fera pas régulièrement des confusions par la suite ? Comment va-t-il aussi faire le tri dans les infos que tu donnes si elles ne sont pas toujours précises et identiques pour chaque objectif visé ?
C’est un peu comme si tu apprenais à lire et écrire à quelqu’un sans trop savoir toi-même distinguer le o du a, le au du ou, le d du b….. Même si tu connais le reste de l’alphabet sur le bout des doigts, si tu as encore des hésitations tu ne peux pas transmettre clairement à ton élève. Non seulement ton apprentissage perso reste inachevé mais tu transmet des approximations et la communication future avec ton élève va véhiculer de sacrés malentendus.
Citation :
-> Au galop, je me rends compte que mes jambes restent très au contact du cheval. Du coup je tiens bien,
Autre problème à mon sens : les jambes ne sont pas faites pour tenir à cheval. Elles servent un peu de balancier pour équilibrer par leur poids mais la garantie de l’équilibre à cheval c’est l’assiette et le dos. Si les jambes ou les mains sont utilisés pour « se tenir », comment ça ce passe quand tu dois tenir et communiquer ? Comment le cheval peut-il faire la différence entre les pressions/touch/actions pour te tenir et celles pour passer des demandes ?
La jambe est au contact par sa présence de fait, mais il ne doit y avoir de variations de pressions/contacts qu’en cas de demande volontaire. L’intensité, la zone, la furtivité avec laquelle la jambe « parle » sont autant de critères informant le cheval sur le sens, l’intensité et la direction de la réponse attendue.
Citation :
Pourriez-vous également décrire le mécanisme / les sensations que vous avez dans le bassin pour les transitions ?
-> Passage de l'arrêt au pas, je fais légèrement basculer le bassin vers l'avant. Pour imager, si la selle était sur une bascule, j'imagine que l'avant plongerait et l'arrière se relèverait sous l'effet de cette action de bassin.
En faisant cela tu modifies la répartition de ton poids dans la selle en chargeant l’avant, ce qui est illogique par rapport à ce que tu veux obtenir. Pour engager un mouvement en avant il ne faut pas charger les épaules.
Citation :
-> Passage du pas à l'arrêt, je bascule le bassin vers l'arrière et j'essaye d'avoir la sensation que mes fesses s'étalent le plus possible sur l'arrière de la selle. Idem pour le reculer, "j'étale" mon popotin sur l'arrière de la selle.
Logique par rapport à ton action précédente mais toujours illogique par rapport à ton objectif. En chargeant l’arrière, tu libères les épaules, donc tu invites au mouvement en avant.
Citation :
-> Transition descendante, je "m'effondre" dans mes lombaires
En faisant le dos mou et en te tassant tu ne soutiens/n’encourage pas l’équilibre et la tonicité dans la transition, ce qui invite le cheval à s’effondrer lui-même, s’ouvrir, s’arrêter sur les épaules en relâchant la ceinture abdominale. Et s'il ne se tient pas encore et n'utilise ni son dos, ni ses abdos, cela ne lui apprend pas à le faire. Donc il n'est pas encore dans une situation d'apprentissage du portage et d'un fonctionnement en portant.
Si un jour tu veux aborder le galop du pas ou de l’arrêt, ça va être compliqué, si tu veux un jour obtenir des transitions franches, en équilibre, pour les enchainer rapidement, ça va aussi être compliqué.
Le but des transitions in fine, c’est que le cheval reste bien en équilibre et engagé, même à l’arrêt pour garantir sa mobilité et sa réactivité en tout sens et dans n’importe quelle transition, montante ou descendante. Qu’il garde son dos en position de portage sans rupture.
Le jeune cheval répond approximativement parce qu'il ressent des modifications, perturbations dans son équilibre et ses mouvements. Il est récompensé, donc il valide. Pour autant, il ne construit pas sa posture de portage qui nécessite un effort vers lequel il n'ira pas naturellement, il ne reconstruit donc pas non plus son fonctionnement naturel dans cette posture de portage apprise.
Citation :
-> Comment fait-on la différence entre une demande de transition descendante et une demande d'arrêt franche ? (Différence trot->pas / trot->arrêt) Notamment quand on monte rênes longues ?
Pour moi ça se passe au niveau du gainage du dos, de la résistance de la ceinture abdominale et des adducteurs plus ou moins intense : léger et très furtif pour une transition simple, un peu plus appuyé et « « « long » » » pour la double. Avec un dos bien gainé et droit pour préserver la tonicité de la locomotion, sans se pencher devant ou derrière pour ne pas perturber l’équilibre du cheval dans son action.