Après la mort de Malcolm j'étais inconsolable, je ne voulais pas reprendre de cheval. Seulement, Malcolm appartenait aussi à ma petite sœur, qui elle rêvait de reprendre un compagnon. Mes parents m'ont un peu poussé dans cette idée, me disant que sinon, ils prendraient un cheval pour elle, enfin pour nous, mais que j'irais le voir que lorsque je serai prête...
Finalement, tout cela m'a poussé à rechercher un nouveau compagnon plus vite que prévu, mais je voulais choisir.
Dans ma tête, c'était très clair : JE NE VOULAIS PAS DE TROTTEUR ! Je ne voulais pas reprendre le galop à 0, je ne voulais pas comparer le nouveau cheval à mon grand Malcolm...
A la rigueur, si trotteur il devait y avoir, alors j'en voulais un jeune qui n'avait pas ou peu couru, voire qui était déjà reformé.
Nous avons essayé 7 chevaux en 3 mois, période intense, j'étais en prépa, à 150km de chez mes parents et lorsque je rentrais, nous allions voir des chevaux. J'ai écumé LBC, je pense que nous avons vu presque tous les chevaux proches de chez nous dans nos critères.
Nous avons essayé deux poney, deux TF déjà réformées, un DSA, un PS... pas de coup de coeur, pas de vibration particulière ...
En parallèle, la fille de l'entraîneur de Malcolm, quand je lui avais annoncé la mort de celui ci, a été très peinée pour nous (elle adorait Malcolm), et m'avait dit "le jour où vous êtes prêtes, je pense qu'on a le cheval qu'il vous faut". Je lui avais alors dit que je ne recherchais pas de trotteur avec une carrière de course de peur de comparer. Mais elle ne s'est pas démontée et m'a régulièrement relancée, en me disant de venir le voir.
Le 31 décembre, avec ma sœur, sur un coup de tête, nous décidons d'appeler l'entraîneur et de lui proposer de venir voir son cheval. A ce moment là, je me disais que c'était pour pouvoir refuser vraiment, j'étais sûre qu'il ne nous plairait pas, mais j'étais contente de revenir sur le lieu de notre rencontre avec Malcolm.
On nous présente alors Quitte ou Double, petit cheval noir (1m57), très mignon, il a 10 ans, va arrêter de courir car ses résultats ne suivent pas. On le prépare, on va sur la même piste que Malcolm, il n'a pas été monté depuis 3 mois, mais tout se passe merveilleusement bien. On fait du pas, du trot, il a une super bouche et je ne sais pas, mais je descends de là, des étoiles dans les yeux, en me disant que c'est la 1ère fois depuis la mort de Malcolm que je me sens à ma place sur un cheval.
Ma sœur aussi adore ce petit cheval, et lorsqu'on remonte dans la voiture, alors même qu'il ne correspond pas du tout à notre recherche, on en est sûre : c'est LUI ! Je me disais que même si je ne pouvais pas galoper (on ne sait jamais), c'est avec lui que je veux vivre ma nouvelle aventure.
Quittou est arrivé 3 semaines plus tard à la maison.
Alors que Malcolm était très facile et froid, il se révèle plus sanguin et sensible. Les débuts ne sont pas évidents, mais je reprends tout à 0 avec lui, je lui explique sa nouvelle vie de cheval de balade (en ne faisant d'abord que des sorties au pas pour qu'il arrête de vouloir toujours aller plus vite), et au bout de quelques mois il est aux trois allures, galopant avec une facilité déconcertante.
Ce petit noiraud est clairement le cheval de ma vie, je sais que nous devions nous rencontrer. Malcolm a été notre premier cheval idéal, sans lui nous n'aurions jamais été en confiance, mais Quittou a été ma révélation : le cheval centaure comme j'aimais dire.
En 10 ans, nous avons tout partager : balades, randos, cours en club, CSO (petit niveau), TREC, endurance, travail à pied, ... Il m'a appris à parler cheval, à communiquer avec son espèce. Il a éveillé en moi une passion encore plus immense. Je ne serais pas la cavalière que je suis aujourd'hui si je n'avais pas été sa cavalière. Il est à l'origine de toutes mes plus belles sensations équestres. Il était toujours partant, toujours motivé, un vrai pitre. Il aimait tellement nous faire rire.
Malheureusement, il nous a lui aussi quitté ce printemps. A l'âge de 20ans. Il avait une pathologie cardiaque découverte depuis 6 ans et une maladie des intestins (type maladie de chrone) depuis deux ans ... Il a été un guerrier jusqu'au bout, mais clairement son corps ne pouvait plus tenir. Je suis tellement reconnaissante d'avoir vécu 10 ans à ses côtés ! Je peux le dire : j'ai rencontré le cheval de ma vie.
En ce qui le concerne, il avait finalement assez peu de traces de son passé, quelques molettes aux antérieurs (mais qui n'ont pas évolué en 10 ans), il galopait vraiment parfaitement, il ne semblait pas souffrir d'arthrose même quand on le montait à ses 19 ans, et ses pathologies sont visiblement sans rapport avec son passé (enfin je veux dire par là, un cheval né pour le loisir pourrait avoir eu les mêmes).
Pour lui je posterai quelques photos :
Et je vais m'arrêter là parce qu'il y a des centaines et des centaines de photos à montrer
Bref, ces deux longs messages pour te parler de mon expérience avec des chevaux récupérés après une carrière de course. Je ne regrette pas leur arrivée dans ma vie, et si c'était à refaire, je le referai les yeux fermés !
J'ai depuis, rachetée une trotteuse à la sortie des entraînements (même souche que Malcolm), j'ai aussi sa fille et deux autres loulous aux origines américaines.
Les trotteurs resteront je pense toujours ma race de coeur, et ceux qui ont vécu une belle carrière mérite une belle retraite ! <3
(Et je pense que souvent ce sont des chevaux généreux, avec un mental de guerrier : ceux dont le mental et le physique ne suivent pas ne courent pas si longtemps ... alors certes, ils sont peut-être "usés" par les courses, mais tout à fait aptes à une vie de loisirs derrière pour la plupart. Ceux qui ont des soucis de santé ne passent pas les qualifications ou alors "cassent" avant la fin de leur carrière).