|  | La légèreté.
Un principe fondamental de l'équitation : la Légèreté, introduite comme nécéssité à la monte à cheval en France par, entre autres, L'Hotte et Baucher.
Aujourd'hui, on place, à raison, la Légèreté au-dessus de toute recherche équestre : il faut penser à être léger, en toutes circonstances, quelque soit le cheval. On constate cependant que, bien souvent, la légèreté est mal comprise, et est de ce fait, absente de la monte et de l'enseignement, ou même, pire encore, on nomme action légère ce qui est à des kilomètres de l'être.
Je vais ici, exposer mon point de vue sur la recherche de la Légèreté au niveau de l'utilisation des aides inferieurs, à savoir les jambes. Comme d'habitude, je suis ouvert à toutes les remarques et ne prétends en aucun cas détenir la vérité :)
Combien de fois ne vois-t-on pas sur les terrains de concours, paddocks, carrières et manèges en tous genre des cavaliers aux bottes éperonnées agressant les flancs de leur monture, qui pourtant, au fil des années, ne réagissent que de plus en plus mollement aux sollicitations de leurs cavaliers. Quand on questionne cavaliers, coachs, entraineurs ou instructeurs au sujet de cet éperon placé sur une jambe peu fixe, on a pour excuse "mais, il était froid à la jambe, donc on a du mettre un éperon".
Aha, comme si ça réglait le problème. Bizarrement, quelques années plus tard, le cheval ne répond plus même à l'éperon, on a alors le non moins fameux "Ah.... il ne répond pas là... il faut changer de cheval..."
Et c'est ça la monte légère ?! Ah bon ????
Je ne crois pas non...
Le but, comme l'a si bien dit Baucher, est d'avoir un cheval qui réponde au "simple souffle de la botte". Le "Souffle de la botte", et non pas à un bout de métal de 5 cm de long fixé à son bout s'enfonçant dans ses flancs tel une lance dans la chair d'un être vivant qu'on ose après appeller "ami", "compagnon", ou tout autre terme affectif empreint d'une belle hypocrisie.
L'éperon, ça ne se pose qu'une fois la jambe fixe et le cheval répondant parfaitement à une botte sans éperon. UNE FOIS ceci acquis, on peut le poser, pour gagner en précision, l'éperon agissant avec légereté, tel les doigts d'un pianiste sur son clavier.
On doit donc, avant toute considération préalable, apprendre au cheval à répondre à la moindre esquisse de mouvement de son bas de jambe. Ce qui implique au préalable une fixité à toute épreuve, donc... de la mise en selle, toujours de la mise en selle, et encore de la mise en selle.
Une fois notre jambe fixe, le travail peut commencer, le cheval va pouvoir être éduqué, pour reprendre cette expression si chère à Alexis Gruss et Jean d'Orgeix : "on ne dresse pas un cheval, on l'éduque". On lui apprend des choses en lui donnant la volonté de les faire. C'est lui qui fait le mouvement, et pas nous.
Alors, comment éduquer un cheval pour qu'il soit léger à la jambe ? Le fondamental de l'éducation d'un cheval qui s'applique dans ce cas est la RIGUEUR la plus absolue, la plus intransigeante, la plus juste qui soit. "Demander souvent, exiger peu, récompenser beaucoup", mais aussi être SYSTEMATIQUE !!!!!
Cette rigueur va s'appliquer dans le cadre d'une des première leçon qu'un cheval doit recevoir, et qu'on lui rappellera dès que besoin s'en fera ressentir : la LECON DE JAMBES.
En quoi celà consiste ? Très simple. Arrêtez votre cheval. Demandez lui n'importe quelle allure, que ce soit pas, trot ou galop. Si la réponse du cheval n'est pas immédiate, un fort et vif éclat de voix associée à une action de la cravache JUSTE DERRIERE LA JAMBE. Arrêtez à nouveau. Recommencez : action de jambe, si le cheval ne se porte pas en avant, sanction. Par contre, au moindre signe de bonne volonté du cheval, récompenser avec abondance et tendresse.
Ainsi, peu à peu, si la leçon de jambe est appliquée avec RIGUEUR, systématiquement dès que le cheval fait mine de refroidir à la jambe, il va comprendre au fil des séances (cet enseignement est extrêmement rapide s'il est fait avec rigueur) que la mauvaise volonté, l'absence de réponse à la jambe va lui apporter INEVITABLEMENT une sanction pour le moins désagréable (il faut savoir qu'une grande majorité de chevaux ne veut que nous faire plaisir, et détestera nos colères, simulées bien évidemment), alors qu'au contraire de la bonne volonté et une réponse légère à la jambe lui apportera récompense et absence de punition.
Le cheval êtant un animal intelligent, il deviendra léger à la jambe.
Bien évidemment, il y aura toujours des moments où vous le verrez recommencer à mollir légèrement. Même plus tard, après des années de travail, il faudra continuer à être intransigeant.
Ainsi, si celà est fait, un beau jour, vous mettrez vos jambes, et le cheval se portera en avant... sans même y avoir pensé ! Car un réflexe nouveau sera né : l'information ne remontera plus jusqu'au cerveau du cheval, mais se contentera de passer par la moelle épinière. C'est le mythe du centaure qui commencera à naître : "Le cerveau du cavalier pense, le corps du cheval agit"
L'apparition de ce réflexe, dispensant l'information de passer par le cerveau du cheval, nécéssite, et je ne le répéterais jamais assez, de la rigueur, encore de la rigueur, toujours de la rigueur.
Je tiens à souligner un élément important : une action de la cravache, ça ne doit en aucun cas être violent. Observez des chevaux en liberté, qui se tapent à coup de... postérieurs, parfois avec force et vigueur. Vous pensez vraiment qu'une petit tape de la cravache va leur faire mal ? Quand on parle d'action de la cravache, on parle de quelque chose de léger, de vif, qui claque, mais en aucun cas quelque chose de violent. Et si cette action de cravache est TOUJOURS associée à un éclat de voix, peu à peu, cet éclat de voix se suffira à lui-même, et la cravache se fera de plus en plus rare.
De ce raisonnement simple, on peut conclure : comment rendre un cheval léger à la jambe en bannissant l'usage de la cravache ? C'est impossible, tout bonnement, par la même logique qu'il fait qu'on ne peut faire comprendre à un enfant qu'une chose est interdite sans jamais le punir.
La cravache se rapporte à la punition, l'éperon mal utilisé, ou utilisé à tout va à la torture.
A votre bon coeur ! |
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