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Temps de pansage d'un cheval
Posté le 24/06/2010 à 15h32
Je pense que les cavaliers passent du temps auprès du cheval pendant le pansage pour plusieurs facteurs uniquement "humains" :
1. Pour se donner le temps de re/découvrir le cheval qu'on va monter :
- quand on ne le voit qu'une fois par semaine et qu'on sait qu'il voit 30 autres cavaliers pendant ce temps, on veut le réhabituer à nous.
- ce rituel nous permet de nous rassurer (monter à cheval n'est pas naturel, nous avons toujours un fond d'angoisse, même si nous n'en avons pas conscience)
- on espère qu'à passer plus de temps avec lui, il nous sera reconnaissant
- on espère également à qu'à le "chouchouter", il nous "préférera" à ses autres cavaliers et nous accueillera d'un hennissement en ignorant les autres
2. Pour se dédouaner :
- parce qu'on se dit qu'il est bien gentil de nous accepter sur son dos et qu'il mérite ça
- parce qu'on pense qu'il comprendra qu'on fait ça pour lui et qu'il sera plus proche de nous
- parce qu'on a honte d'exploiter le cheval
- parce qu'on pense que le cheval interprètera ça comme un échange de service
Mais une fois qu'on sait qu'en réalité, le cheval n'aime pas être "propre" et qu'il a juste besoin que d'un coup de brosse sur les poils collés (sur les membres quand il a marché dans la boue, sur le dos quand il a transpiré ou sur les flancs quand il s'est couché pour dormir), on reconsidère tout ce temps passé avec lui.
Un cheval (de club, donc qui voit des dizaines de cavalier par semaine) se fiche totalement qu'on passe 10 minutes ou une heure avec lui. Tant qu'il est brossé juste assez pour décoller les poils et laisser sa peau respirer, il s'en contrefiche qu'on passe d'abord l'étrille, puis le bouchon, puis la brosse douce et enfin l'époussette... C'est la dernière de ses préoccupations.
On peut même pousser jusqu'au cas du cheval de club lambda qui s'endort d'ennui parce que 3 fois dans l'après-midi du mercredi, chacune de ses cavalières voudra passer 30 minutes à le "pouponner", donc 30 minutes pour lui à poireauter près d'un anneau, immobile, ou dans un box déjà bien assez étroit pour lui, mais encore plus étroit quand ces étranges bipèdes s'introduisent dedans en amenant leur sac de sport où tous les accessoires de beauté équine sont réunis.
Bref, ne croyez pas que je n'aime pas m'occuper des chevaux. Moi-même, je passais parfois une heure à préparer Fiji, ma petite ponette adorée dans mon ancien club.
Mais j'ai compris qu'un cheval a besoin d'espace, et que ce qui nous semble agréable n'est qu'une contrainte supplémentaire pour lui (car non, un cheval bien dans ses sabots n'aime pas être "chouchouté"). Une contrainte qu'on leur inflige en pensant bien faire, et qu'il supporte en plus de la séance à nous avoir sur le dos.
Edit : passer du temps que je qualifierais de "n'importe comment" avec un cheval, cela n'apporte aucune complicité. C'est l'observation que vous avez de lui quand il vous ignore et qu'il mène sa vie de cheval qui vous enrichit bien plus.