C'est interessant ce post.
Je pense d'abord que si tous les éleveurs faisaient une selection minimum sur quelques critères absolument essentiels, on serait déjà sur la bonne voie.
Combien de poulinières naviculaires, encore aujourd'hui, peut on voir à la repro? Sachant le caractère héréditaire de certaines maladies, on devrait commencer par là, et je ne vous l'apprend pas, pour certains il n'est pas question de laisser une jument avec un supposé potentiel ne rien faire juste parce qu'elle est boiteuse. Donc repro, youpi.
Maintenant, pour la selection sur le modèle, je pense que ça va de soi, comme pour le mental. MAIS, un bon modèle est il garant de performances? On a plein d'exemples de modèles pas très harmonieux voire carrément hors normes qui sautent des montagnes, alors que certains chevaux au modèle impeccable ne sautent pas un crayon. Il faut donc trouver un compromis acceptable entre des reproducteurs ayant un modèle pas handicapant (donc on exclut les gros défauts d'aplomb qui rendent manifestement inexploitables) et des performances correctes...
Ensuite le mental, là ça me semble un point capital. Une mère méchante vis à vis de l'homme, même si c'est parce qu'elle a été mal manipulée, transmet quand même une belle part de caractère au poulain, puisqu'il copie largement le caractère de la mère. Chez moi, une méchante ne reste pas. Qu'elle domine et soit malaimable c'est un fait, par contre elle doit être irréprochable avec l'homme. Et à quel stade de tempérament doit on dire qu'une jument est une mère "à risque"? Là encore, c'est une question de compromis. Quand je vois le nombre de poulains au mères à moitié barzingues l'être tout autant, ça mène à réfléchir. Un bon cheval n'a pas nécéssairement mauvais caractère, il n'est pas obligatoirement inmontable par un amateur. Sachant quand même qu'une large proportion des chevaux produits dans l'optique sport de haut niveau se retrouvent sous la selle d'amateurs parce qu'ils n'ont finalement pas tant de capacités que ça, ça mérite de s'y pencher. Seulement un fou furieux ça se case moins bien chez un amateur... A nous d'élever judicieusement pour avoir des chevaux au bon tempérament quel que soit le niveau.
Enfin la selection sur performances...Quand on sait qu'un poulain hérite de seulement 30% des prédispositions génétiques à l'obstacle de ses parents, ça laisse quand même pensif. Quand on sait que de nombreuses jument sont des performeuses inexploitées au fond d'un pré, c'est pareil. Car toutes les bonnes juments ne tournent pas, et c'est bien là le souci. Si on ne selectionne que les performances, on se prive à coup sur d'un cheptel de juments interessantes pour la repro. D'autant qu'une jument performeuse doit consacrer quelques années au sport pour avoir un indice satisfaisant...mais pendant ce temps, pas de repro. Donc au final, on aura peu de produits de la dite jument. Dommage quand même. On réduit nos chances en procédant de cette manière. Pour la diversité génétique, pour la diffusion des bons étalons... Car oui, moins de juments, c'est aussi moins de descendance des étalons, donc moins de recul sur leur production, et donc plus d'incertitudes quant aux reproducteurs à choisir.
Entre un étalon qui a 10 produits avec uniquement de très bonnes juments, et un étalon qui a 100 produits avec de tout, j'ai une meilleure vision de la production pour le second. Si, malgré une mère moyenne il sort beaucoup de bons, ça me conforte sur sa qualité. Alors que si je ne regarde que sur 10 bonnes mères, ça ne m'interesse pas forcément.
Bref, selectionner oui, mais pas de façon drastique. Tenter au moins de produire des chevaux sympas et sans maladies, ça me semble un bon départ