Seul l'étalon vient de Syrie, il en a été importé en 2009. Les juments sont un croisement de lignées égyptiennes et de lignées syriennes importées dans les années 1940 dans les protectorats d'Afrique du Nord pour l'armée. L'étalon a grandi dans les tribus nomades de Syrie, donc on peut pas mieux faire en terme de retrempe.
La sélection du cheval de pur-sang arabe a été faite sur la guerre et la razia, donc sécheresse du tissu, rapidité, frugalité, résistance à l'effort, notamment au niveau des articulations, et à la déshydratation, courage, intelligence, rapport à l'homme puisque les poulains vivaient sous la tente avec les femmes et les enfants pendant que les hommes étaient à la guerre avec les juments.
Les étalons n'étaient utilisés que durant les combats mais pas pendant les razzias, les hennissements des mâles étant à éviter pour prendre la tribu adverse par surprise.
On est donc loin du mode de sélection actuel.
En ce qui concerne les lignées, en fait c'est un nom de famille, transmis par la mère. Maintenant ça ne signifie pas forcément des caractéristiques communes. Ca c'est de la vulgarisation.
On va prendre en exemple la pouliche de l'année, Sihame (la flèche). Son père est Murad Redjem, vieilles souches maghrébines traçant vers la Syrie sur les importations de 1948, avec l'apport de sang syrien au début des années 2000, via un étalon noir appelé Mokhtar. Il est de lignée Shueyman Saba, qui est donc celle de sa mère, sans considération de celle du père. La mère de Sihame est koheilan Djelfet Dawi, sa fille l'est donc aussi, sans considération de celle de son père. Ces croisements entre lignée se sont faites de temps immémoriaux. C'est une lubie occidentale de faire des croisements à l'intérieur de la lignée, pour soit disant fixer une caractéristique spécifique à cette lignée (mais aussi les défauts), et surtout augmenter la consanguinité. Dans la réalité, c'est comme une famille, vous avez certainement des caractéristiques physiques propres à votre famille, mais vous n'êtes pas faite dans le même moule que votre cousine puisqu'elle ressemble aussi à son autre parent, qui lui vient d'une autre famille.
Chaque tribu élevait des juments, le nom de la lignée étant transmis par la mère, la lignée était caractéristique d'une tribu, qui sélectionnait dans un sens. Ceux qui ont expliqué les histoires de Koheilan, de Managhi, and co, ne sont allées que dans quelques tribus, d'où une vision partielle des choses. En fait c'est juste et bêtement un nom de famille.
Maintenant si on repart sur l'histoire du psar en Occident.
On a différentes phases d'importation depuis le berceau de race sur les derniers siècles, et ce vers différents pays, qui ont chacun une histoire et une vision du cheval arabe différente.
En Pologne et en Russie, les importations se sont faites majoritairement au 19eme siècle. Ont suivi les grandes guerres qui ont dispersés et mélangés les troupeaux. Or, les polonais et les russes avaient également des troupeaux de croisés arabe avec des juments anglaises, ou de juments locales. Donc d'une part, on ne savait pas qui était le fils de qui, s'il était issu de 2 psar non plus. Lors des regroupements post-guerre, il fallait que la race arabe ait un effectif suffisant, le pays étant exangue après celle-ci. L'identification des parents se faisant au petit bonheur la chance, et les chevaux ayant un morphotype arabe étaient déclarés arabes. Voilà pour l'Europe de l'Est. On retrouve donc des chevaux croisés arabes dans ces pays, avec un fort % de sang arabe. la sélection s'est faite dans le sens du cheval beau avec une prédisposition à la course sur hippodrome.
En Espagne, l'élevage était pur et sélectionné sur le travail, et depuis plusieurs décennies maintenant sur les disciplines olympiques. En terme d'esthétique, les têtes fines, encolures longues, croupe longue étaient recherchées. Malheureusement en début de 20 ème siècle, les espagnols ont importé plusieurs étalons d'Europe de l'Est qu'ils ont mariés avec leurs juments. On retrouve donc un apport de sang autre qu'arabe dans les chevaux espagnols.
Maintenant la France, elle a longtemps sélectionné sur la guerre, puisqu'elle avait besoin de chevaux résistants d'une part pour l'armée de ses colonies d'Afrique du Nord, d'autre part de pur-sang arabe pour affiner les chevaux locaux plutôt lourds. Historiquement, on est des spécialistes des chevaux carrossiers, et des chevaux de travail agricole. Pour l'utilisation qui devait en être faite suite à l'abandon du cheval dans le transport et l'agriculture, il fallait alléger les modèles et ramener du sang. La sélection se faisait donc sur le sang, et l'aptitude à la guerre. Jusque là tout va bien.
Au cours du 20 eme siècle, la course sur hippodrome est devenue à la mode. PS, anglo et psar courraient sur les mêmes courses, l'un face à l'autre, départagés par un handicap plus lourd pr le PS, que pour l'anglo, l'arabe étant lui-même allégé par rapport aux 2 autres. On retrouve donc alors une période plus obscure, où sont intervenues ce qui est maintenant appelé les saillies de minuit. En gros et pour faire simple, une jument arabe, un étalon PS ou anglo. La saillie est attribué à un étalon arabe alors que c'est un PS ou un anglo qui sera réellement le père du produit. Les HN, non seulement connaissait cette pratique, mais l'encourageait. Le produit était signalé arabe, même si son père était anglo ou PS, puisque dans le papier administratif, il était arabe x arabe.
Dans l'élevage anglais et américain, on retrouve un apport de sang polonais sur une grande majorité des lignées de Crabbet Park (nom du principal haras anglais d'élevage de chevaux arabes).
En Egypte, les importations depuis le berceau de race sont plus anciennes, 17eme 18eme siecle, avec un apport plus récent sur certaines lignées de chevaux occidentaux croisés. La sélection se fait là-bas sur la beauté puisque le cheval ne sert pas à la guerre mais à la parade.
Au Maghreb, jusque dans les années 80, on retrouve à la fois des lignées dites pures, issues des importations du berceau de race (principalement syriennes) et des lignées croisées arabe x barbe. Au final, on dit des chevaux arabes maghrébins que ce sont en réalité des arabes barbes. Au final il est maintenant avéré que la très grande majorité des chevaux du Maghreb dits psar l'étaient bien, ... jusque dans les années 80. C'est la période où les Haras d'Etat d'Algérie, du Maroc, et de Tunisie, ont soit importé des étalons occidentaux, ou ont également procédé aux saillies de minuit, espérant se créer un débouché commercial vers l'Europe et principalement la France. Ces étalons ont été croisées avec les juments psar locales, d'où un import de sang extérieur à la race sur un pool génétique jusque là préservé.
Au Moyen-orient, la Jordanie a importé des étalons espagnols, donc là-bas ne restent que certains chevaux privés à être dit asils. La Syrie, l'Irak, la Turquie, le Liban, l'Arabie Saoudite, le Yemen, Les EAU ont des élevages soit en grande partie "asils" donc avérés purs, soit des élevages occidentaux en majorité croisés qu'ils exposent au vu du monde, notamment en show, course, et endurance, et des élevages (y compris royaux) bien cachés non seulement des occidentaux, mais aussi de leurs compatriotes. Puisque là-bas, dans les pays dirigés par des tribus, la puissance ne se comptabilise pas en billets verts, mais sur le nombre de chevaux de pur-sang arabe asil, et sur le nombre de mehari (chameaux de course)
Donc au final dans la race arabe, on a des lignées qui ne correspondent pas à un morphotype spécifique, mais à famille, qui peut être proche physiquement ou pas, à une appelation de psar qui a aujourd'hui disparu (d'ailleurs le stub book et l'association de race porte le nom cheval arabe), puisqu'elle ne correspond qu'à 3 4 % du cheptel occidental. Si à ça on rajoute que la sélection se fait dans le sens d'un cheval plus grand (au détriment des qualités développées par les bédouins de résistance, sécheresse, frugalité), et sur un mental plus servile (donc moins intelligent), on a une idée plutôt réelle du cheval arabe actuel et du sens dans lequel il va.
Et si je compte en France, je peux compter au grand max 10 élevages basés sur des lignées asils, 20 qui sélectionnent sur le morphotype initial de la race, et 5 qui travaillent au moins en partie sur un pool génétique asil, en conservant le standard de la race. Ce sont les derniers irréductibles, ma mère en fait partie ^^
Face à ça, au final la génétique paraît limite assez simple, ou du moins plus logique