vero13 a écrit le 26/03/2009 à 12h43: |
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Risco tu es une source incroyable de renseignements. Alors le mien qui est un hongre hispano-arabe pourrait être considéré comme un Jaca ? Et pour quelle raison leur coupent-ils la queue ? Pour simplifier le boulot et l'entretien ou par souci esthétique ? |
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Je réponds avec un peu de retard. J'ai quelques soucis en ce moment avec le parage catastrophique des pieds de mon cheval et je n'avais pas la tête à venir sur le forum.
Les "jacas" (pour info c'est féminin en espagnol), presque toujours croisées, sont "toilettées" de la sorte pour les distinguer des entiers, généralement de pure race.
Il y a un très beau poème de Federico Garcia Lorca au sujet d'un galop nocturne sur "una jaca" dans le "Romanciero Gitano" mais je vous en ferai grâce pour aujourd'hui...
Je pense qu'à l'origine la coupe de la crinière et de la queue devait avoir aussi une utilité pratique dans le travail avec le taureau qui est bien sur à la base de toutes les équitations de travail d'origine ibérique. Les entiers au campo ont, quant à eux, la queue simplement attachée.
En France aussi d'ailleurs, les chevaux de trait avait autrefois la queue totalement coupée et pas seulement les crins pour ne pas se prendre dans la charrue.
Les raisons d'utiliser des "jacas" dans le campo en Espagne ont en fait plusieurs raisons historiques:
- les hongres sont considérés comme plus dociles et plus faciles à dresser à un travail de base en un minimum de temps.
- ils sont plus légers et avec plus de sang (ils prennent les qualités de leur croisement) et ils ont une meilleure mobilité que les purs andalous pour ce travail. Du moins, c'était avant que Domecq ne crée l'Ecole Andalouse et ne fasse évoluer l'élevage du PRE vers plus de fonctionalité.
Jusque là il n'était plus utilisé que pour la parade et même sélectionné sur le billardage jugé alors très esthétique.
- la troisième raison est d'ordre sociale, l'Espagne rurale, tout comme le Portugal, est aujourd'hui encore régie par des coutumes féodales. Les grands propriétaires terriens et éleveurs sont tous (les exceptions sont très rares) issus des plus vieilles noblesses. Depuis des siècles seule cette catégorie monte à cheval. Même chose pour 80 % des rejoneadores actuels, même si la situation semble évoluer un peu. C'est d'ailleurs pendant l'interdiction pour la noblesse de toréer à cheval aux 18ème siècle à la suite d'un changement de monarchie (en passant des Habsbourg aux Bourbons, de Philippe IV à Philippe V) que les "peones" (qu'on peut traduire par serfs), frustrés par la disparition de ces jeux, inventèrent et codifièrent la corrida à pied.
La nécessité de se faire aider par des "vaqueros" dans les grands élevages de taureau a toutefois permis aux "roturiers" de travailler à cheval mais pas, bien entendu, sur les étalons du maître.
Le concours de Doma Vaquera, transposition de ce travail sur une carrière de dressage, n'existe que depuis les années 70.
Dès l'origine et jusqu'à sa mort, il est resté sous l'influence très conservatrice (au sens propre puisqu'il voulait conserver la trace de ce travail) du grand théoricien Luis Ramos Paul.
Sur les trois premières décennies, on n'y voyait donc que des "jacas" puisque cela devait être le reflet parfait du travail au campo. Depuis, là aussi, la situation a un peu évolué avec l'amélioration des sélections équines et surtout des habitudes.