looloutte Je sais que tu as vécu des moments de crotte et tu es venue les raconter, mais au début c'était tellement beau et idyllique de te lire que... ben voilà quoi, "pourquoi c'est facile pour elle alors que moi je voudrais juste partir en courant"
loraline16 Oui bien sûr je vais essayer de ne rien oublier sans faire un roman (pas gagné). Je le mets ici (en public) car cela peut toujours aider d'autres mamans en difficulté. Je précise qu'il s'agit d'"une" solution, ma solution, pas de "la" solution.
J'ai accepté que ça n'allait pas et que mon bébé (je ne savais même pas si je l'aimais, j'y étais attachée, j'en étais responsable, mais de l'amour ?) ne méritait pas ça. J'ai accepté qu'il allait me falloir de l'aide et qu'il allait falloir que je range ma fierté ; que moi qui n'aime pas déranger et qui n'aime pas que les autres se soucient de moi, il allait falloir que je m?assois dessus et que j'accepte l'aide que j'allais demander.
J'en ai parlé à qui je pensais être capable d'écouter.
J'ai parlé à mon chéri, encore et encore. Qui a toujours été là, qui a écouté les horreurs que j'ai dites, sans jamais juger. Sans lui je ne sais pas comment j'aurais fait.
J'ai essayé d'aborder le sujet avec mon entourage (nounou, sage-femme, ostéo, amis...). Toujours en "effleurant" le sujet ; je n'ai parfois pas insisté si en face les personnes n'étaient pas réceptives, ou commençaient leur réponse par "il faut arrêter de vouloir être la maman parfaite".
J'aurai tellement aimé parler à ma maman. Enfin c'est une partie du problème, justement. Si elle avait été encore là, je n'aurais probablement pas souffert comme ça. Mon papa, je sais qu'il n'est pas réceptif parce qu'il n'est lui-même pas guéri. J'ai essayé de lui en parler plus tard, je ne suis pas sûre qu'il ait compris (à part pour me dire que je suis trop exigeante avec moi-même...). Ma soeur, j'avais un doute, je pense qu'elle souffre toujours, nos rapports sont bons mais rarement intimes. Mes beaux-parents... délicat de se confier à ce point. Ma belle-mère avait elle-même du mal à se positionner vis-à-vis de moi et d'Amandine... Mon beau-père aurait sans doute écouté mais là encore c'était vraiment dur de se confier à ceux qui vont s'inquiéter pour moi.
J'ai été voir mon généraliste un certain nombre de fois pour expliquer que ça n'allait pas, j'ai pleuré dans son cabinet. Bon, je n'avais pas le médecin le plus empathique du monde, j'ai d'ailleurs changé ensuite (il m'a sorti des phrases comme "vous êtes une jeune maman c'est normal" ... non ce que je vivais n'était pas normal et je le savais). Mais, à force de persévérance : j'ai été arrêtée 1 semaine, j'ai eu ma prise de sang pour la thyroïde, il m'a recommandé une psychologue. J'ai commencé le levothyrox, ça a été le premier coup de pouce. J'ai pris rdv avec cette psychologue ; j'ai vidé mon sac deux fois là-bas avant qu'on entame un vrai travail pour essayer de soulever doucement le gros couvercle que j'avais mis sur mon passé, sans y aller d'un coup, sans me faire revivre toutes ces émotions ; le strict nécessaire pour que je fasse la paix, que j'intègre que cela fait partie de moi mais que cela est du passé et que j'ai le droit d'avancer, le droit d'expérimenter de nouvelles choses sans retomber dans ma zone de confort, le droit de ressentir, d'"être".
De manière "pratique" :
- Je suis passée de 80 à 90% au travail. Je n'arrivais plus à m'occuper seule de ma fille le mercredi, c'était "maltraitant" pour elle (je mets des guillemets car je ne l'ai jamais brutalisée ni jamais abandonnée, mais j'ai vécu quelques épisodes de dissociation en sa présence, et j'avais peur d'en revivre et de disjoncter). Tant que je n'allais pas mieux, c'est ma belle-mère qui l'a gardée le mercredi. On ne lui a pas dit explicitement que j'allais aussi mal... juste que j'avais besoin de souffler un peu.
- J'ai passé plusieurs semaines voire mois à m'occuper d'elle juste ce que j'étais capable de faire, sans jamais me mettre dans le rouge. Si je donnais à manger, mon chéri restait à l'écoute dans la pièce d'à côté, et je savais que je pouvais lui dire au bout de 2 cuillères "je peux plus". Mes émotions sortaient n'importe comment à n'importe quel moment. Ca pouvait être de la colère, de la tristesse, des souvenirs violents... ça sortait, le couvercle de la cocotte n'était plus étanche, et ça se mettait à déborder sans prévenir. Je voyais ma maman en Amandine... un regard, une expression... c'était hyper violent pour moi.
Plus tard, quand j'ai rechuté (je l'ai vu venir et je n'ai pas su l'éviter, mais au moins j'ai su faire en sorte que ça ne dure pas trop longtemps), je suis allée voir une hypnothérapeute, pour m'aider à passer un cap supplémentaire.
J'ai envisagé de partir 2, 3 semaines dans ma famille, loin de mon bébé ; si j'avais eu ma maman, je l'aurais fait. J'ai envisagé de demander à être hospitalisée, avec ou sans bébé, et ça aurait été l'étape suivante si les actions mises en place n'avaient pas suffi.
Mon chéri m'a énormément soutenu, il a toujours été là, il a été exceptionnel. Il avait toujours le petit mot, la petite attention, la prévenance... et l'inquiétude aussi "tu rentres ce soir hein ? tu es prudente en voiture ?" ...
Il y a quelques mois il s'est effondré, d'un coup, on a couché Amandine et je l'ai retrouvé en pleurs dans le salon... ça n'a pas duré mais je mesure la force dont il a eu besoin, l'énergie qu'il a déployé pour s'occuper d'Amandine et s'occuper de moi.
On parle parfois d'avoir un deuxième enfant, et pour l'instant il ne l'envisage pas, ça a été vraiment trop dur pour lui, et il encore a très peur pour moi. Il me dit qu'il a besoin de temps encore pour digérer, oublier un peu, avant de pouvoir l'envisager.
Aujourd'hui, je suis totalement différente, Amandine est plus grande aussi, alors c'est peut-être plus facile. Je vois bien que je suis plus disponible émotionnellement parlant. Que même si je suis fatiguée, je suis capable de "mettre pause" et passer un moment à 100% avec elle lorsqu'elle a besoin de recharger sa jauge "maman". Je préfère d'ailleurs "mettre pause" pendant un petit moment plutôt que subir et la trouver pénible pendant un moment plus long ! A chaque fois que je commence à me dire "raaaah, mais elle est péniiiiible là", ça fait tilt, je me dis "voyons les choses autrement, quel message est-elle en train de me passer ?" - ça rend les choses plus faciles à vivre.
Bon évidemment, j'ai écrit un roman... oups.