0 j'aime
Mon nouveau cheval probleme , nouvelles.
Posté le 12/08/2013 à 15h22
blue
Posté le 12/08/2013 à 15h22
texte conservé dans mes archives depuis un petit moment...date de 1866,t'interressera surement.........
Le Cheval Arabe Pur Sang
1. Origine des chevaux arabes
Louange à Dieu l’Unique
Son règne seul est éternel
À notre ami M. le Général Daumas, que Dieu le couvre de sa protection. Ainsi soit-il (amine).
Ensuite, voici ma réponse aux questions que vous m’avez encore posées au sujet des chevaux arabes. Suivant moi, elle est l’expression de l’exacte vérité.
Sachez donc que Dieu a créé les premiers chevaux dans les pays des Arabes, compris entre la Méditerranée, la mer d’Aden, la mer Persique, la mer Rouge et l’Euphrate. C’est pourquoi ces animaux s’appellent irab, pur sang. Ils étaient alors sauvages et inabordables, tous ils fuyaient l’homme ; mais Ismaël, fils d’Abraham – Brahim – fut le premier qui, environ deux mille ans après Adam, eut le courage de les monter et le talent des les dompter. Il ressort de ce qui précède, que tous les chevaux qui sont en ce moment répandus sur la terre entière tirent leur origine de l’Arabie.
Les chevaux connus chez nous sous le nom de beradine, animaux au corps lourd et aux allures lentes, et de kedchane, bêtes de somme ou de trait, n’existaient pas autrefois. Ils ont été produits par des combinaisons artificielles inventées par les hommes. C’est à la négligence et aux mauvais procédés d’élevage d’un roi persan que l’on doit la première dégénération de la race pure. Elle amena des beradine et des hadjine, espèces caractérisées par une vilaine tête, des extrémités communes et empâtées, ainsi que par des formes peu gracieuses dans leur ensemble. La postérité de ces premiers abâtardis produisit les kedchane, qui ont les naseaux étroits, les reins longs et les crins grossiers. On ne doit pas s’en étonner ; l’or pour rester or pur, repousse tout alliage.
Alexandre le Grand fut le premier qui accoupla des ânes et des juments. Il en naquit des mulets. Plus tard, du croisement des chevaux avec des ânesses, il obtint un mulet d’une espèce plus petite, au nez aplati, à la tête courte. Et cela se comprend, l’ânesse ayant le ventre et le bassin plus étroits que la jument.
Si certains chevaux, quoique descendant de race pure, ont cependant dégénéré comme qualité et comme physionomie, il faut l’attribuer à des causes ou à des accidents fortuits, remontant à la souche paternelle ou maternelle. Puis, ces mêmes influences venant à se reproduire, la constitution des animaux s’en est ressentie, et, avec les siècles, d’autres espèces plus ou moins avilies se sont constituées.
Il existe donc, on le voit clairement, deux catégories de chevaux bien distinctes :
1.
Une catégorie de Chevaux Arabes Pur Sang qui ont conservé intacte toute leur valeur, parce que la nature n’a été modifiée en eux par aucune cause nuisible .
2.
Une catégorie qui n’est plus de race pure, pour avoir subi des altérations profondes au moral comme au physique.
Si, pour mieux se faire comprendre, on voulait recourir à une comparaison, on pourrait dire que les chevaux de race entièrement noble sont aux beradine et aux kedchane ce que la gazelle est à la chèvre. Les muscles et les os des beradine et des kedchane sont en apparence plus gros que ceux des irab pur sang ; mais, en réalité, ils sont moins pesants, moins forts, et surtout beaucoup moins résistants. Il est admis chez nous que le cheval noble surpasse tous les animaux, même ceux qui servent de bête de somme, en patience et en vigueur. Il est à la fois le plus souple, le plus léger et le plus fort de la création. On peut le considérer, en outre, comme le plus facile à nourrir et à désaltérer aux jours de poudre ou pendant ces courses de longue haleine que nous faisons dans le désert.
Les principales causes qui amènent des altérations dans les races sont les quatre suivantes : le climat, la nourriture, la boisson, le travail. Nous allons en parler.
2. Le climat
Dans les pays excessivement chauds, comme la Nigritie et les contrées environnantes, les chevaux sont de faible constitution ; leurs membres ne sont pas proportionnés, et l’on dirait que leur poil a été brûlé par le feu. Ils manquent d’intelligence et ont l’humeur rétive.
Dans les contrées froides ou très humides, les chevaux sont en général de haute taille, lourds et apathiques ; leurs proportions sont loin d’être agréables et régulières ; ils ont, en général, les formes massives, le poil long et les os gros, sans résistance ; tandis que les chevaux des pays tempérés sont de taille moyenne, ni trop grands, ni trop petits, d’un caractère également équilibré, d’un bel extérieur, très agiles, avec le poil luisant et court.
(…)
Ce qui donnera toujours une grande supériorité aux chevaux de ces pays-là, c’est l’air, la lumière et le soleil, ces grands vivificateurs. On ne les élève certes pas dans des écuries.
3. La nourriture
Nos ancêtres ont remarqué que, dans les pays arides où la paille, l’herbe et les grains sont rares, le cheval est bien supérieur à celui qui vit dans les pays bien cultivés, où l’on trouve à satiété des fourrages. Le premier est mieux conformé ; il a les membres plus secs, les tissus plus fermes, la peau plus fine, la couleur plus vive, le poil plus soyeux et la santé meilleure, ave un fond inépuisable. Pourquoi ? Parce qu’une nourriture trop abondante, engendrant toujours dans le cheval des humeurs nuisibles et développant certaines parties du corps seulement, au détriment de toutes les autres, fait naître ces disproportions dans l’ensemble et ce teint terne qui rend l’extérieur de l’animal si laid. Elle produit, en outre, la graisse, la pesanteur, la déformation, et surtout ces vices de respiration qui sont les signes certains de la non-aptitude au travail et à la fatigue.
Les chevaux arabes du Sahara me fournissent encore la preuve de ce que je viens d’avancer. Ils sont plus intelligents, plus légers, plus accessibles à l’éducation, et ils supportent les fatigues, les misères, les longues courses, la faim et la soif beaucoup mieux que leurs frères également arabes, mais qui ont été élevés moins sobrement ailleurs. Pour maintenir leur supériorité, il leur suffit de boire, quand on peut leur en donner, du lait de chamelle, de dépouiller quelques arbustes parfumés, incapables de corrompre le sang, ou de brouter quelques végétaux qui contiennent, il est vrai, des principes toniques et très nutritifs, mais sous un petit volume. Les grains leur sont à peu près inconnus, bien qu’ils soient soumis à un entraînement perpétuel.
Au surplus, le cheval du désert ne forme pas une exception à la règle générale. Voyez la gazelle, le bœuf et le mouton sauvages, la girafe, l’onagre, etc., etc. Ils vivent sur des pays secs et stériles, et, cependant, ils sont très supérieurs à leurs congénères domestiques, nourris copieusement sur des terres fertiles.
L’homme ignorant croit que l’espèce modifiée est d’une autre famille que celle qui a conservé sa nature primitive. C’est une erreur, la chèvre est sœur de la gazelle, le bœuf et le mouton sauvage sont frères du bœuf et du mouton domestiques, le chameau est frère de la girafe, et l’onagre est aussi frère de l’âne que nous connaissons. Seulement, les uns sont restés conformes au type primordial, tandis que les autres ont changé de physionomie, soit par défaut d’exercice, soit, ce qui est encore plus certain, par suite d’intempérance dans le boire et le manger. Ils se sont épaissis, ont contracté des humeurs viciées, le corps s’est habitué à des sécrétions malsaines, et ces conséquences de la servitude ont à la longue réagi sur le physique et le moral.
Manger peu, de manière à n’être jamais complètement rassasié, et toujours consommer des aliments qui ne soient pas de nature à altérer le sang, telles sont les conditions qui ont une si heureuse influence sur les chevaux du désert. Ils leur doivent leur pureté, la force, la vitesse, la beauté et leur admirable caractère.
Si le cheval fait un abus constant de nourriture, la moindre privation lui pèse, il dépérit rapidement. Cela se conçoit, on a élargi outre mesure ses intestins ; la diminution des aliments amène leur rétrécissement ; l’humidité leur manque ; ils se dessèchent, l’inflammation arrive, et l’animal est perdu.
Le contraire se produit chez les chevaux qui, pour apaiser leur faim, se contentent des arbrisseaux dont j’ai déjà parlé, du ketoff (atriplex halimus), de ces graminées que nous appelons el alfa (lygeum spartium), du diss (arundo festucoides de Desfontaines), du doumm, palmier nain ; en un mot, de tout ce qui leur tombe sous la dent. Ceux-là ne mangent jamais avec excès, conservent l’estomac libre et les intestins dans un état normal. Ces organes délicats ne s’élargissent pas, s’accommodent de tout aliment naturel et ne sont pas sujets à s’altérer, non plus qu’à se dessécher ou à s’enflammer.
Tous les grains ne sont pas salutaires aux chevaux : l’orge seule exerce sur leur hygiène une action salutaire.
Elle a surtout une propriété spéciale, celle de nourrir l’animal sans l’échauffer. Est-il bien conformé il en tire une vitesse extrême. Dans le pays arabe, l’orge est donc un excellent aliment.
Donner aux chevaux des fèves, comme on le fait en Egypte et ailleurs, cela ne vaut absolument rien. En agissant ainsi, on les gâte entièrement.
On nourrit les chevaux du Hedjaz avec de l’orge, du mil (derra), des dattes et des noyaux de dattes. Le lait est leur boisson habituelle.
Dans le Nedjed il n’est pas rare de voir donner aux chevaux de la viande salée et séchée au soleil (kadid) – et, à l’occasion, des sauterelles cuites à l’étuvée. On les abreuve aussi avec du lait, on leur fait brouter les feuilles de certains arbustes, entre autre celles du tamarin, du chihhé (artemisia judaica), du gandoul (spartium spinosum), et ils paissent le mouron et le drine, dont les graines, nommées el loule, sont très nourrissantes (stipa barbata de Desfontaines).
Pour en finir avec la nourriture, je dirai encore que, partout chez les Arabes, lorsqu’on veut exiger lorsqu’on a exigé des efforts considérables d’un cheval, on ne le fait jamais manger immédiatement avant le départ, ni aussitôt après le retour. Des accidents sérieux pourraient être la conséquence de la non-observation de ce principe.
4. La boisson
La boisson exerce également une notable influence sur la nature du cheval : si l’on n’y porte une grande attention, elle peut déterminer des accidents fâcheux qui, à la longue, deviendraient chroniques et pourraient transformer sa constitution.
Les chevaux de Sahara ne boivent qu’une fois par jour quand ils trouvent de l’eau ; autrement, ils se passent facilement de boire deux jours et même trois. Le meilleur moment pour les abreuver est le milieu de la journée.
Dans les tribus qui possèdent beaucoup de brebis et de chameaux, on donne de préférence du lait aux chevaux. C’est la boisson la plus réconfortante et la plus saine. Là où il n’y a que des brebis, on a soin de leur donner du lait au mois de printemps. Dans tous les cas, on ne sèvre les poulains qu’au moment où on peut remplacer le lait de la mère par celui des chamelles et des brebis.
Le lait a la propriété de fortifier les muscles en les dépouillant d’une graisse inutile, de faciliter la respiration et de rendre ainsi le cheval infatigable. Celui de la chamelle possède surtout l’avantage d’affermir la moelle et d’entretenir la santé, ce qu’on reconnaît toujours à la gaieté, au brillant du poil et à la souplesse des crins.
Le Cheval Arabe n’aime à boire que de l’eau trouble. Est-elle claire et crue, il la trouble lui-même avec ses pieds. Ne peut-il le faire, il boit avec une visible appréhension.
Les habitants des villes et des pays fertiles ont grandement tort de faire boire leurs chevaux jusqu’à trois fois par jour. L’absorption d’une trop grande quantité de liquide donne de la mollesse aux muscles, grossit le corps et gonfle les chairs. Elle détermine souvent des tremblements, et rend le cheval impropre à la course. On abîme encore sa constitution en le faisant boire immédiatement ou peu de temps après qu’il a marché.
L’eau venant de loin et qui a parcouru des tuyaux de plomb ou des conduits de plâtre est également très nuisible. L’expérience l’a démontré. On prétend qu’à la longue elle est capable d’altérer la constitution primitive au point d’étioler la descendance.
Dans certaines tribus, quand un cheval a été fatigué par de longues journées de chasse ou de courses, on lui fait boire du bouillon de mouton étendu d’eau fraîche. Ce régime le remet promptement.
Plus un cheval a travaillé, plus on doit lui distribuer l’eau avec précaution ; c’est le moyen d’éviter les refroidissements du corps et les arrêts de transpiration. Souvent, le jour d’une course excessive, on ne le fait pas boire du tout.
En résumé, les Arabes empêchent leurs chevaux de boire beaucoup. Ils disent que l’excès de la boisson pousse au ventre, ramollit les tissus et diminue l’ardeur au travail.
5. Le travail
Le cheval étant, par sa nature et par son tempérament, plus impressionnable et plus sujet à se modifier que tout autre animal, il est hors de doute que le travail exerce aussi une grande influence sur sa constitution. Si on l’accoutume, par exemple, à porter de lourds fardeaux comme le chameau, il deviendra infailliblement une bête de somme. Si l’on s’en sert pour traîner la charrue, pour dépiquer les grains, il deviendra semblable au bœuf et au mulet. Dieu a créé le bœuf pour cultiver la terre, le chameau pour enlever les fardeaux, et le cheval pour les courses rapides ; par conséquent, l’employer à un travail pour lequel il n’est pas né, c’est vouloir l’humilier, détruire ses qualités et le soumettre à une contrainte peu compatible avec sa nature. Toute violence faite aux lois posées par Dieu lui-même devient indigne de ceux qui la pratiquent, en même temps que funeste à ceux qui la subissent. Regardez la gazelle, la vache des pays déserts, l’hémione, que deviennent-ils quand ils se soumettent à la dictature de l’homme et qu’ils abdiquent entre ses mains la puissance de leur état sauvage ? Ils perdent leur force, leur énergie, leurs allures, ainsi que leur noble et belle apparence.
Les chevaux des pays déserts du Sahara sont les plus beaux et les meilleurs chevaux du monde. À quoi doivent-ils leurs brillantes qualités ? À une cause très simple, la voici on ne s’en sert que pour les monter, pour accomplir des courses longues et rapides ; puis, sans leur imposer aucun autre travail, on les rend à leurs habitudes naturelles, en les laissant paître à leur guise et en liberté, de telle sorte que, tout en étant apprivoisés, ils conservent cependant les avantages de l’état sauvage.
Il y aura donc toujours une grande différence entre les chevaux des pays riches, où ils mangent beaucoup et sont astreints à des travaux avilissants, et ceux des pays déserts, où ils sont d’une extrême sobriété, et ne font pas autre chose, dès leur plus jeune âge, que de chasser, que d’attaquer, de poursuivre ou de fuir l’ennemi. La même chose n’a-t-elle pas lieu pour les hommes ? Prenez des Arabes, des Bédouins moitié sauvages, habitant des pays arides; ils sont braves, forts, insensibles à la misère, à la soif et à la faim, rompus à toutes les fatigues; transplantez-les dans les contrées fertiles, condamnez-les au repos et à une nourriture abondante, leurs forces diminueront, leur courage s’affaiblira, leur résignation ne sera plus la même, bientôt vous ne les reconnaîtrez plus.
Je conclus: le cheval n’est pas dans l’inaction et la graisse ; mais il est tout entier dans le travail et la tempérance.
Et, quand vous exigerez de lui un travail excessif, augmentez un peu sa nourriture habituelle, vous en obtiendrez alors des efforts inouïs. Quel serait, au contraire, l’avantage de cette augmentation, avec un cheval habitué de tout temps à une abondance exagérée ? Il serait nul ; on n’y trouverait que le danger de le tuer, et, si son estomac y résistait, la preuve qu’ayant toujours eu de trop, c’est pour cette raison qu’il ne peut rien donner de plus en fait de vitesse et de résistance.
(…)
Que le salut soit sur vous,
à la fin comme au commencement de cette lettre.
Écrit par le pauvre en Dieu,
Sid-el-Hadj Abd el-Kader Ben-Mahhi-ed-Dine,
Damas, le 10 mai 1866.