Mon vétérinaire (le Dr R.) a envoyé les clichés radios à plusieurs de ses collègues afin d'avoir leurs avis sur la meilleure technique de chirurgie. Les infos me parviennent au compte goutte car ils communiquent beaucoup entre eux, pas tellement avec moi.
Je fais part au Dr R. de mes difficultés à soigner V., je ne pense pas pouvoir la maintenir durablement comme ça. De plus, je reprends le boulot dans quelques jours ! Je ne sais pas comment je vais gérer le box et tout le reste car parfois je finis tard le soir. D'après le Dr R., V. va s'adapter à son enfermement, ce n'est pas la première qu'il voit dans cette situation. Ce qui pêche c'est qu'elle est seule presque en permanence et isolée. En dehors des moments où des cavaliers viennent s'occuper de leurs chevaux, V. n'a ni contact visuel, ni tactile avec des congénères.
D'autre part, cette pension n'est adaptée ni pour un cheval blessé, ni pour un cheval en soins post op' (je ne détaille pas pourquoi afin de ne pas mettre en cause l'endroit en question, mais bref ce n'est pas optimal). La conclusion est facile : il faut déménager V. et au plus vite.
Je visite deux pensions susceptibles d'accueillir ma ponette dans de bonnes conditions. Une pension classique assez « haut de gamme » et une pension convalescence plus simple. Que ce soit l'une ou l'autre, leur prix dépasse largement mon budget prévisionnel, mais ai-je vraiment le choix ?
Le surlendemain, avec V. nous sommes sur le départ. J'ai choisi la pension convalescence pour sa situation géographique entre mon boulot et chez moi. Je sais déjà que je vais devoir y aller tous les jours et que ça va durer longtemps.
Le van arrive, je suis stressée. V. n'est pas sortie de son box depuis plusieurs jours. Je l'ai shootée au Vetranquil plus fort que d'habitude, j'espère que ça va aider un peu. Tout de suite mon nouveau gérant (J) me demande si j'ai déjà monté un cheval dans un van. Pas de bol, la réponse est non. Il souhaite que ce soit moi qui l'embarque, de façon à pouvoir refermer la porte derrière. (Je ressortirai ensuite par l'avant, enfin vous connaissez le principe mais moi je découvrais plus ou moins.)
Il me demande si elle monte bien en van : je n'en sais rien. Avec sa fracture, la dernière des choses à faire serait de se chamailler pour qu'elle monte, je stresse encore plus.
V. sort du box dynamique mais calme. On se met bien face du van, j'avance sans me retourner et... elle me suis comme un petit chien ! Sur ce coup là je suis épatée, elle n'a pas que des mauvais points la bougresse. Elle panique un peu quand la porte se ferme mais en gros on peut dire que ça c'est super bien déroulé.
Sa nouvelle pension se situe à 10 mn de l'ancienne, j'ai à peine le temps de m'angoisser pendant le trajet. A l'arrivée, V. gigote dans le van et s'impatiente, on ne traîne pas pour lui ouvrir. Elle sort comme une flèche en marche arrière : on aurait dit un bouchon de champagne. J'apprécie peu la « blague », si seulement elle pouvait être plus pondérée dans ces moments là !
V. est installée dans un grand boxe, propre et très bien paillée, ça me plaît.
Comme convenu elle a une voisine de galère. C'est une petite pouliche elle aussi accidentée, condamnée à l'enfermement H24 comme la mienne. Elles peuvent se sentir et se toucher du bout du nez, ça me ravie. V. lui fait la grimace et se montre menaçante. Peu m'importe : je préfère ça que de la voir seule.
Nous sommes alors le 22 mai, je suis propriétaire depuis 20 jours seulement.