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Reconstruire son rêve, différemment!
Posté le 11/11/2013 à 01h55
mimisia
Posté le 11/11/2013 à 01h55
Les jours qui suivent me font du bien. Je ne suis plus seule, le gérant m'aide tous les soirs pour les soins : il la tient et moi je fais mes bandages. V. est remarquablement sereine lorsqu'on s'occupe d'elle. Elle lèche les mains, s'amuse de ce qu'il y a autour et ne montre plus d'agressivité. Par contre, elle ronge les parties en bois de son box. J'essaie la pierre à sel, le ballon, mais ça n'y change rien bien sûr. Elle a du foin à volonté car c'est la seule chose qui l'occupe. V. prends du volume de jour en jour mais je n'y peux pas grand chose.Tanpis, on verra plus tard pour le régime.
Les jours passent et mon vétérinaire ne m'a pas encore dit qui allait opérer ma ponette, ni quand. Consciente qu'il ne s'agit pas d'une urgence vitale, je ronge mon frein et patiente. Jusqu'au jour où je m'énerve et lui envoie un mail salé. Ca m'insupporte de garder V. en box « pour rien », plus vite la chirurgie sera programmée plus vite elle en sortira !
Le Dr R. me recontacte enfin : il propose de faire venir un collègue à lui de Belgique pour opérer ma ponette. Selon lui c'est quelqu'un de très compétent, il lui confierait son propre cheval les yeux fermés. Je fais quelques recherches et en effet ce véto belge me semble qualifié : il a une clinique de référés et opère dans différents pays étrangers. A priori il est familier de ce type de chirurgie, c'est un bon point. Le métatarsien de V. lui serait en grande partie retiré car cela paraît être la meilleure option. J'écris tout cela au conditionnel car dans le fond en tant que proprio lambda qu'est ce que j'en sais de ce qui bien ou non ? Les avis divergent sur la technique la plus appropriée. Je suis paumée. Je choisis donc de faire confiance à mon vétérinaire et valide son idée.
L'opération est fixée au 11 juin, elle se fera au sein d'une clinique équine dans le Morbihan à laquelle nous louons un bloc opératoire et tout le reste. Le 11 juin, ça m'en fait des jours à attendre... Je prends mon mal en patience, V. ne me semble pas trop malheureuse, c'est surtout moi qui trépigne. Je continue à me dire, le plus vite ça sera fait, le plus vite elle guérira.
En fait le temps passe très rapidement : il me faut trouver un transporteur pour le voyage à la clinique, je dois gérer mon compte en banque pour payer la chirurgie (l'assurance n'avance pas les frais et j'ai commencé à toucher de l'argent de leur part que bien plus tard), mais aussi échanger des jours de boulot avec mes collègues etc etc..
Le 10 juin j'ai rendez-vous à 16h30 avec le transporteur. Je dois laisser V. à la clinique en soirée et la récupérer 48 heures plus tard. Je suis dans un état de stress monstrueux, j'ai très peur que quelque chose se passe mal. Je n'identifie pas clairement ce qui m'effraie mais ça me tétanise. Quand on a eu son cheval accidenté une fois, par la suite on flippe de tout ce qui pourrait lui arriver en permanence. Alors un transport de presque 2 heures suffit à me mettre dans tous mes états. Ca me fait même davantage peur que la chirurgie mais ça c'est sûrement ma vie professionnelle qui prend le dessus.
V. n'a jamais portée de protections de transport. Ne voulant pas prendre le risque qu'elle me fasse des bonds j'ai opté pour une solution de secours et lui ai acheté des guêtres fermées. Je me dis que c'est mieux que rien et je ne veux pas la laisser partir les jambes nues. Je bande aussi le postérieur sain, ça ne coûte rien. Bien entendu V. est de nouveau shootée aux tranquillisants, j'ai minutieusement calculé l'heure à laquelle lui donner pour qu'elle soit « bien » au moment du transport.
L'heure passe, il est 16h45 pas de transporteur en vu ! Pour moi l'heure c'est l'heure, et ¼ d'heure de retard c'est déjà trop, je téléphone direct. La dame a eu une urgence et aura une demi heure de retard. Gloups, je m'y attendais pas du tout à celle là. J'ai plus que du mal à digérer l'annonce. Mon gérant présent essaie de me détendre, il a du mérite car c'est peine perdue. Le temps passe, la demi heure passe et je me décompose littéralement derrière mon café. Je retiens avec difficulté mes larmes car des gens que je ne connais pas m'entourent. Je ne peux même pas parler, blême de fureur contre ce transporteur et inquiète au possible d'arriver avant la fermeture de la clinique.
Le camion se pointe enfin. J'ai envie de frapper sa conductrice, de lui balancer en pleine face ce que je pense de son retard mais ce n'est pas le moment, j'ai d'autres priorités. En 2 minutes V. est attachée dans le camion et on se met en route. Très vite elle gratte avec son antérieur. Ca ne m'étonne pas, je ne l'ai pas mentionné mais elle fait très souvent, dès qu'elle s'impatiente en fait. C'est parti pour 2 heures, elle maltraite le passage de roue du camion et je me félicite pour les guêtres.
Peu à peu je me détends vis à vis de la conductrice qui est très précautionneuse. Son professionnalisme me rassure, elle fait vraiment bien attention aux détails pour ne pas avoir à freiner et risquer de déstabiliser V. Nous évitons les grands axes car c'est l'heure des embouteillages autour de Rennes, ce qui rallonge le temps de trajet. J'appelle la clinique pour les informer que je vais arriver avec du retard.
Pour finir, on débarque à 19h15. La clinique a fermé bien entendu, mais des vétos m'attendent à l'arrière. Je suis ennuyée de passer pour la relou en retard. J'ai envie de leur dire que je n'y suis pour rien mais c'est inutile.
On débarque V. en douceur, merci le camion... Elle est très excitée, j'ai un peu du mal à la tenir. Elle est très belle à cet instant et oui je prends le temps de le remarquer. D'autres chevaux sont hospitalisés, des poulains aussi, ça hennit dans tous les sens. Je ressens leur appels au secours, ils sont tous aussi apeurés que V. et moi. La clinique c'est mon univers, mais là pour le coup je ne me sens pas du tout à l'aise. Je rentre V. dans un petit box avec des copeaux. Elle a peur et me bouscule presque. Sous pression, je lui enlève vite bandes, guêtres, licol et sors du box. Je ne peux pas m'attarder davantage car la clinique est fermée, tout le monde attend que je décolle.
J'ai quittée la clinique sans une caresse pour ma ponette. Pourquoi je ne lui ai pas dit au revoir ? D'une part je n'ai pas osé m'attarder après être arrivée en retard, mais surtout d'autre part j'ai eu le sentiment que V. s'en fichait éperdument de moi. J'ai bien vu que ma présence ne la rassurait pas. A ce stade, elle ne me considère pas encore comme digne de confiance et vu ce que je lui fais subir depuis plusieurs semaines je peux la comprendre.
A suivre...